Origine et histoire de l'Église Saint-Austremoine
L'abbatiale Saint-Austremoine est un édifice roman auvergnat situé à Issoire, dans le Puy-de-Dôme, en Auvergne-Rhône-Alpes. Elle figure parmi les cinq églises romanes d'Auvergne dites « majeures », aux côtés de la basilique Notre-Dame-du-Port de Clermont-Ferrand, de la basilique Notre-Dame d'Orcival, de l'église de Saint-Nectaire et de l'église Notre-Dame de Saint-Saturnin. Construite au premier tiers du XIIe siècle, vers 1130, elle est une ancienne abbatiale bénédictine dédiée à Austremoine de Clermont, évêque et évangélisateur de l'Auvergne. En 1575, le capitaine Matthieu Merle s'empara d'Issoire ; ayant tenté en vain d'incendier l'abbatiale, il fit écorcher vifs trois religieux. Classée au titre des monuments historiques depuis 1840, elle appartient à la première liste nationale de protection. Les restaurations du XIXe siècle ont restitué sa polychromie intérieure : entre 1857 et 1860 Anatole Dauvergne réalisa ces peintures pour 60 000 francs-or. Un incendie d'origine criminelle s'est déclaré le 3 juillet 2016 ; rapidement maîtrisé, il a causé des dégâts limités à du mobilier et à un tableau. L'édifice, construit en arkose, mesure 69,30 m de longueur extérieure ; la nef intérieure a 16,90 m de largeur, la nef centrale 18,80 m de hauteur et le dôme traversant atteint 23,30 m. Le chevet se distingue par un étagement de volumes croissants comprenant absidioles adossées aux bras du transept, chapelles rayonnantes, chapelle axiale rectangulaire, déambulatoire, chœur, bras du transept, massif barlong et clocher octogonal. Parmi les cinq églises majeures d'Auvergne, Saint-Austremoine possède le chevet le plus imposant du fait de la présence unique d'une chapelle axiale rectangulaire en plus des chapelles rayonnantes. La silhouette verticale tient au massif barlong, parallélépipède allongé qui surmonte la croisée du transept et porte le clocher ; deux toits en appentis renforcent cette élévation. Le chevet est richement décoré et polychrome, notamment par l'emploi de basalte : corniche débordante ornée d'une frise en damier et soutenue par des modillons à copeaux, mosaïques en opus sectile de triangles et de rosaces, et claveaux polychromes. Sous la corniche, les fenêtres du chœur alternent avec des loges rectangulaires abritant trois colonnettes chacune, et les arcs des fenêtres du déambulatoire et des chapelles sont bordés d'un cordon de billettes. Les chapelles rayonnantes et la chapelle axiale présentent des mosaïques géométriques en basalte et des signes du zodiaque ; chaque chapelle est adossée à un pignon surmonté d'un fronton triangulaire et d'une croix de pierre. Les mêmes ornements — claveaux polychromes, cordons de billettes, frises en damier et décor de baguettes — se retrouvent sur le massif barlong, les bras du transept, le clocher et les façades de la nef. Les façades latérales de la nef, comparables à celles de Notre-Dame-du-Port et de Saint-Nectaire, montrent des fenêtres bordées de billettes logées sous de grands arcs de raidissement et surmontées de triplets de baies aveugles. L'intérieur surprend par une polychromie attribuée au XIIIe siècle, restituée au XIXe siècle par Anatole Dauvergne ; ces peintures vives, dominées par un rouge-brun, ont été exécutées à fresque, une technique rare en France et qui a été interprétée comme suggérant des origines méridionales ou italiennes des artisans ; parmi les scènes peintes figure Ève fuyant le jardin d'Éden. Le chœur est entouré de huit colonnes aux chapiteaux historiés qui portent des arcs surhaussés et une seconde rangée de baies. Quatre de ces chapiteaux offrent des scènes narratives consacrées au temps pascal, du Jeudi saint à la Résurrection, tandis que les quatre autres sont sculptés de feuillages. Le chapiteau le plus célèbre représente la Dernière Cène, reconnaissable à la nappe qui enveloppe la corbeille, et se distingue par sa composition et sa qualité artistique. Le cycle iconographique inclut la Flagellation, le Portement de la Croix, la visite des Saintes femmes au tombeau et l'apparition du Christ ressuscité, un programme cohérent autour de l'autel. Les sculptures ne sont pas intactes et ont reçu une peinture vive ; l'historien Swiechowski les attribue à un atelier provençal itinérant. Les vitraux illustrent la vie de sainte Anne, de saint Joseph et de saint Austremoine.