Origine et histoire
L'église Saint-Beauzire, située à Trizac dans le Cantal (Auvergne-Rhône-Alpes), est un édifice majoritairement du XIIe siècle, classé au titre des monuments historiques en 1969. Son plan comprend une abside semi-circulaire éclairée par trois baies encadrées d'arcades sur colonnettes et voûtée en cul-de-four, un chœur de plan carré voûté en nervures (recréées au XIVe siècle) et une nef de quatre travées voûtées en berceau légèrement brisé flanquée de bas-côtés et de quatre chapelles latérales ajoutées au XIVe siècle. Le chœur est rythmé par quatre doubleaux retombant sur des colonnes engagées aux bases et chapiteaux sculptés du XIIe siècle. La porte principale, datée du XIIIe siècle, est munie de huit colonnettes et de quatre voussures à boudin torique ; elle est protégée par un grand porche de la même époque surmonté d'un petit clocher rectangulaire percé de baies et muni d'une horloge. L'abside et le chœur conservent leur corniche ancienne formée de corbeaux auvergnats à copeaux, et plusieurs modillons sculptés ornent le chevet et le transept.
À l'intérieur, la nef centrale en tuf de Broc présente un contraste marqué entre la pierre brune des maçonneries et la blancheur des chapiteaux. Les chapiteaux romans de la nef sont sobres, décorés de feuilles, de têtes ou de motifs géométriques, tandis que ceux du transept, en trachyte de Menet, sont plus travaillés : on y remarque un chapiteau historié représentant deux donateurs agenouillés encadrant une colonne sous la main divine, des palmettes et feuilles d'eau, des griffons buvant dans un calice, des têtes humaines et des sirènes à double queue. Ces sculptures, comparées à des modèles de Basse-Auvergne, valorisent l'ensemble du transept et du chœur.
Les retables baroques du maître-autel et des autels du transept, datés de 1742 et classés monuments historiques, comportent une polychromie dominée par le bleu et l'or ; le maître-autel présente colonnes cannelées, chapiteaux d'inspiration corinthienne, une toile centrale représentant saint Beauzire encadrée de statues et, sur le devant, l'agneau pascal. Le retable du bras droit du transept, à colonnes torses ornées de rames de vigne, porte la statue de saint Jean-Baptiste et une Pietà ; celui du bras gauche présente une Vierge à l'Enfant en bois du XVIIIe siècle polychrome au XIXe siècle ; ces retables ont fait l'objet de restaurations récentes. Le nouvel autel installé en 1973, en bronze et marbre, respecte la prescription liturgique contemporaine et rappelle la silhouette de l'ancien autel.
Les vitraux du transept et du chœur sont composés de panneaux et fragments datés de la fin du XVe–début du XVIe siècle, réemployés et remis en place au début des années 1990 par le maître verrier Alain Makaraviez ; ces panneaux, découverts au dépôt des Monuments historiques, ont été classés en 1984. Ils illustrent notamment deux légendes de saint Nicolas — la cane de Montfort et la Charité de saint Nicolas — et le vitrail du chœur combine scènes nicolaises, une Adoration des Mages fragmentaire et la représentation de l'agneau pascal. Les vitraux des chapelles et des bas-côtés datent de 1926 et portent le nom des donateurs en bordure. Les panneaux du transept et du chœur, aujourd'hui conservés à la mairie de Trizac, se distinguent par la fraîcheur des couleurs et la finesse du dessin.
Le trésor de l'église comprend une Pietà polychrome du XVIe siècle aujourd'hui présentée dans la vitrine de la chapelle Sainte-Jeanne-d'Arc, une Vierge à l'Enfant de la fin du XIVe siècle originaire d'Île-de-France classée monument historique, des calices et ostensoirs issus de dons, ainsi qu'un bas-relief en bois représentant l'Annonciation du XVIIe siècle, classé et restauré en 1994. Le clocher, inaccessible au public, abrite trois cloches ; la plus ancienne est datée de 1773 et porte les noms de ses parrains, les deux autres datent de 1880.
Le site a subi de nombreuses transformations documentées : déplacement du cimetière en 1854, agrandissement et création de chapelles et construction de la sacristie en 1865 avec reconstruction du clocher sur le porche, remplacement des toitures en lauze par de l'ardoise pour la nef et le transept en 1903–1904, diverses suppressions et réfections au XXe siècle, réfection des toitures et de l'horloge, sondages archéologiques en 2004 révélant dix inhumations dont six médiévales, et éclairage extérieur de l'édifice et du clocher en 2014 et 2019. Par ailleurs, la paroisse de Trizac, l'une des paroisses primitives de l'Auvergne d'origine mérovingienne, fait partie depuis 2012 de la paroisse Saint-Luc du Nord-Cantal, et trois retables de 1742 rappellent les anciennes dédicaces à Notre-Dame, saint Jean-Baptiste et saint Beauzire. La commune a connu, comme beaucoup de communes rurales du Cantal, une nette érosion démographique depuis la fin du XIXe siècle.