Origine et histoire de l'Église Saint-Beheau
L'église Saint-Beheau est une église catholique située au chef-lieu de la commune de Priziac, dans le Morbihan. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 20 juin 1925.
Placée sous le vocable de saint Beheau, dont la vie est inconnue, elle fit l'objet au début du XVIIe siècle d'une tentative de substitution par saint Avit, refusée par les paroissiens. Le territoire paroissial dépendait à la fois de l'abbaye Sainte-Croix de Quimperlé et des Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem.
L'édifice primitif remonte au XIIe siècle mais a été profondément remanié aux siècles suivants. Des éléments de la construction initiale subsistent, notamment les piles de la croisée, les supports sud, les bras du transept, le mur gouttereau sud et les murs du chœur. Les arcades sud et certaines arcades nord (1 et 3) datent du XIIIe ou XIVe siècle. Le chœur a été repris au XVe siècle et, aux XVIe siècles, on a édifié la chapelle latérale sud et remanié la chapelle nord et les arcades de la croisée.
Au XIXe siècle, le collatéral nord a été reconstruit et une fausse voûte en plâtre et brique a été posée sur la nef et le transept. Un projet de reconstruction totale envisagé en 1899 n'ayant pu être mené à terme pour raisons financières aboutit seulement à l'édification du grand clocher-porche occidental et au départ des collatéraux, éléments sans rapport stylistique avec le reste de l'édifice; le clocher actuel date de 1899. À l'origine, un clocher s'élevait sur le carré du transept, aujourd'hui disparu. Des travaux des XVIIe au XIXe siècles ont par ailleurs concerné le porche sud, la sacristie sud-est, des reprises d'arcades et des murs gouttereaux, et au premier quart du XXe siècle la tour-porche occidentale a été réalisée par Abgrall.
La charpente de la croisée porte l'inscription "1699 FAIT PAR ESTIENNE BOESET". L'église présente un plan en croix latine comprenant un porche ouvrant sur la première travée de la nef, un clocher-porche occidental, une nef de quatre travées à trois vaisseaux, un transept peu saillant et un chœur formé par le prolongement du vaisseau central, terminé par un mur plat. Deux grandes chapelles, aménagées de part et d'autre du chœur, s'ouvrent sur les bras du transept et sur la croisée par des arcs en plein cintre, selon un plan proche de celui observé à Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Fouesnant. L'alternance des supports et l'ouverture des bas-côtés dans le transept caractérisent la circulation intérieure entre nef, transept et chœur.
L'église conserve vingt-six chapiteaux cubiques taillés dans des blocs de granite — dont dix sont lisses — ainsi que sept bases de colonnes, alors que toutes les colonnes comportaient à l'origine une base. Leur ornementation linéaire est remarquable par des entrelacs, spirales, damiers, motifs animaliers et visages stylisés, et comprend une représentation de swastika ou croix gammée. Une des bases porte une double empreinte de pieds humains, motif évoquant la décoration mégalithique. Ce répertoire décoratif, privilégiant la géométrie et l'abstraction des figures, présente de fortes similitudes avec d'autres églises romanes du pays Pourlet, comme la Trinité de Calan, Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Langonnet et Saint-Pierre de Ploërdut.