Origine et histoire de l'Église Saint-Blaise
L'église Saint-Blaise est située à La Celle (Cher) et constitue l'édifice du prieuré dépendant de l'abbaye de Déols, dont l'origine peut remonter au XIe siècle mais est attestée au début du XIIe siècle.
Elle fut endommagée lors du pillage du bourg en 1156 par Raoul de Charenton; des vestiges sculptés du Haut Moyen Âge sont réemployés dans le mur ouest.
Reprise au cours de la seconde moitié du XIIe siècle, la reconstruction conserva une partie des murs latéraux de la nef primitive.
Le chœur, de style bénédictin, et la nef forment une croix latine avec transept et cinq travées inégales dans la nef.
Des irrégularités, comme des fenêtres décalées par rapport aux travées et la présence d'oculi, suggèrent qu'à l'origine la nef pouvait être couverte par une charpente ou un plafond.
L'édifice conserve un ensemble notable de chapiteaux sculptés représentant végétaux et animaux affrontés.
Des arcs-boutants furent ajoutés au sud au XVe siècle et au nord en 1735.
La voûte en berceau de la nef et les arcs-boutants sud furent démolis et reconstruits en 1898 d'après les plans de l'architecte Georges Honoré Darcy.
Lors de ces travaux, la voûte ancienne, faite de maçonnerie massive, fut remplacée par une voûte en briques creuses pour alléger les poussées qui fissuraient la façade.
Le clocher a été restauré en 1911; des stèles et fragments gallo-romains, ainsi que des morceaux de sarcophages et une invocation aux empereurs, ont été réemployés dans les maçonneries.
Le prieuré comprenait un logis du XVe siècle auquel une aile nord fut ajoutée au XVIIIe siècle; un colombier attesté au XIXe siècle a disparu.
L'église est dédiée à saint Blaise, évêque arménien honoré au Moyen Âge et patron des carriers et des tailleurs de pierre; les carrières de La Celle, exploitées depuis l'époque romaine, ont fourni des pierres pour des édifices comme la cathédrale de Bourges et l'abbaye de Noirlac.
Le clocher, de plan carré et pourvu de baies géminées, abrite quatre cloches: la Sylvaine (début du XIVe siècle), la Gasparde (fondue en 1666), la Marie-Françoise (fondue en 1714) et la Joséphine-Marie (1844).
La façade est sobre, ornée seulement de modillons et de deux couples de lutteurs en bas-relief dont l'interprétation reste discutée; une inscription latine "Froto ardus" figure sur chaque bas-relief.
À l'intérieur, la nef à trois vaisseaux est couverte en berceaux à doubleaux et la croisée du transept est coiffée d'une coupole octogonale sur trompes.
Trois larges fenêtres éclairent l'abside, créant un contraste marqué entre la pénombre de la nef et la lumière du sanctuaire.
Des fresques médiévales subsistent: une peinture de la fin du XIIe siècle présentée comme un ex-voto lié aux actions du seigneur de Charenton, une représentation de saint Christophe dans la cinquième travée et une Notre-Dame de pitié sur un pilier du clocher.
Le tombeau de saint Sylvain, façonné en calcaire fin et composé d'un gisant et d'une cuve monolithe décorée sur ses quatre faces, provient de la chapelle Saint-Sylvain et fut transféré dans le transept nord en 1897; les reliques y furent déposées le 9 juillet 1899 et le tombeau a été classé au titre des objets historiques le 1er décembre 1913.
Une quarantaine de pierres tombales sont visibles dans l'édifice, dont une portant l'épitaphe du curé Gabriel Morlet (1753-1830), et, dans la chapelle absidiale nord, un fragment de stèle gallo-romaine portant le nom Antonila.
Le mobilier comprend des statues anciennes: un gisant, une statue décapitée identifiée par la tradition à saint Sylvestre, une sainte Claire tenant un ostensoir, une Vierge à l'Enfant dans la chapelle nord et une statue en bois d'un diacre identifiée à saint Clair.
Plusieurs tableaux ornent l'église, notamment une représentation de saint Blaise donnée en 1769 par l'abbé Jean Charpentier, deux panneaux provenant de l'abbaye de Noirlac (saint Benoît et saint Bernard) et une Cène sur le mur droit; un fragment de bannière brodée du XIXe siècle représente saint Blaise et saint Étienne.
En 1892 le sculpteur Morillon réalisa l'autel moderne d'après les plans de Georges Darcy.
L'édifice est inscrit sur la liste des monuments historiques depuis 1840.
L'Association des Amis de l'église, créée en 1988, participe au financement des restaurations, notamment de la toiture en 1997 et des vitraux en 2011.