Origine et histoire de l'Église Saint-Briac
L'église Saint-Briac, implantée à Bourbriac dans les Côtes-d'Armor, rassemble des éléments architecturaux du XIIe au XIXe siècle. La tradition locale attribue la fondation du bourg et d'un monastère à saint Briac au VIe siècle à l'invitation du roi Deroch, mais aucune preuve historique, archéologique ou toponymique ne confirme cette hypothèse. À l'époque romane, les bénédictins de Saint-Mélaine de Rennes édifièrent une église dont le chœur repose sur une crypte. L'édifice fut fortement endommagé pendant la guerre de Succession de Bretagne et a connu de nombreuses campagnes de construction et de restauration : la crypte remonte aux XIe–XIIe siècles, la base murale est du chœur et le carré du transept au XIIe siècle, tandis que le bras nord et la chapelle sud du chœur datent de la fin du XIVe ou du début du XVe siècle. Le bras sud, le porche nord et les parties hautes du chœur ont été réalisés à la fin du XVe siècle. La tour ouest a sa base datée de 1535, attribuée à Guillaume puis à Yves Cozic, et la chambre des cloches existait avant 1595 ; la flèche fut détruite par un ouragan dans la nuit du 7 au 8 janvier 1867 et reconstruite en 1869 par l'architecte Alphonse Guépin. La nef, entièrement incendiée en 1765, a été reconstruite entre 1771 et 1775 par Anfray, et les autels latéraux datent de cette campagne. L'orgue a été installé en 1989 et l'église est classée au titre des monuments historiques depuis le 11 octobre 1907.
L'édifice présente un plan en croix latine, avec une nef de cinq travées flanquée de bas-côtés, un transept peu saillant et un chevet plat. L'extérieur est marqué par le style gothique flamboyant ; seuls le pignon de la partie centrale du chœur et celui du transept nord conservent des traces de l'origine romane et ont été percés de fenêtres à remplage au XVIe siècle. La tour-porche, dite "an tour nevez" en opposition à la tour de croisée disparue, illustre l'influence de la Renaissance bretonne ; elle porte une inscription indiquant le début des travaux le 10 juin 1535 et le nom G. Cozic. Une flèche néo-gothique, élevée en 1869, culmine à 64 mètres ; le porche nord du XVIe siècle est orné de douze statues d'apôtres en terre cuite polychrome. À proximité se trouve la fontaine de Saint-Briac, probablement du XVIe siècle, dont la niche est vide depuis le XIXe siècle.
À l'intérieur subsistent la crypte, la croisée du transept, le chœur — élargi au XVIe siècle — et le croisillon nord. La crypte centrale, la plus ancienne, mesure environ 6 × 6 mètres ; elle est couverte d'une voûte d'arête reposant sur quatre piliers de 2,5 mètres, dont deux supports orientaux cylindriques sans imposte et deux autres plus élaborés, l'un octogonal et l'autre carré, résultant de réfections postérieures. La crypte romane communique avec deux cryptes latérales remaniées au XVIe siècle, voûtées en berceau et surmontées d'une sacristie et d'un trésor. La croisée du transept, datée du XIIe siècle, est marquée par quatre vastes arcs en plein cintre retombant sur des piles complexes dont les impostes portent des frises continues gravées (chevrons, étoiles, motif vannerie). L'escalier desservant la tour qui la surmontait subsiste à l'angle nord-est.
Au fond de l'église se trouve un catafalque du XIXe siècle abritant un gisant en albâtre du XVIe siècle, dit "tombeau de saint Briac", et, derrière, un cercueil monolithique attribué par la tradition locale au Haut Moyen Âge et anciennement conservé dans la crypte. L'église conserve également un buste-reliquaire de saint Briac, porté en procession à l'Ascension et le troisième dimanche de juillet.
