Origine et histoire
L'église Notre‑Dame‑Saint‑Vincent de Paul, dite Saint‑Vincent et parfois appelée Saint‑Louis, est une église catholique située quai Saint‑Vincent, dans le 1er arrondissement de Lyon, rive gauche de la Saône. Elle est l'ancienne église conventuelle des Grands Augustins, implantés dans le quartier depuis 1319. Les galeries du cloître, datées du quatrième quart du XVIIIe siècle, sont inscrites au titre des monuments historiques depuis le 28 décembre 1984, date à laquelle l'église elle‑même a été classée. L'église se trouve au 58 quai Saint‑Vincent, entre la rue des Augustins et la rue Thimonnier ; ce secteur du quai, anciennement appelé « quai des Augustins », faisait partie du faubourg des Cheneviers. Les galeries du cloître sont aujourd'hui intégrées à l'école de la Martinière, située 9 rue des Augustins.
L'édifice actuel, essentiellement du XVIIIe siècle, a remplacé la chapelle du couvent qui menaçait ruine. La première pierre fut posée le 6 octobre 1759 et la consécration eut lieu le 4 juin 1789 ; l'église était alors appelée Saint‑Louis en hommage au dauphin qui contribua financièrement à sa construction. La Révolution entraîna l'expulsion des Augustins et la transformation de l'église en entrepôt, puis en annexe de l'hôpital général durant le siège de Lyon en 1793, tandis que les bâtiments monastiques furent attribués à l'armée avant de devenir l'école de la Martinière en 1831. En 1791, l'église devint paroissiale pour compenser la suppression des paroisses Notre‑Dame de la Platière et Saint‑Vincent, mais sa capacité s'avéra insuffisante. En 1861, le conseil de Fabrique décida d'allonger la nef en déplaçant la façade vers le quai selon un projet de l'architecte Charles Franchet ; la façade actuelle date de ces travaux qui se poursuivirent jusqu'en 1882. En 1863, le vocable fut modifié en Notre‑Dame‑Saint‑Vincent afin d'éviter la confusion avec l'église Notre‑Dame Saint‑Louis de la Guillotière. Dévastée par un incendie le 12 décembre 1987, elle a été rénovée par la ville de Lyon et rouverte au culte le 29 novembre 1992.
L'édifice présente un parti basilical malgré des transepts peu débordants, avec une nef centrale rythmée par huit colonnes de style toscan et deux bas‑côtés. La croisée du transept est surmontée d'une coupole sur tambour qui s'ouvre sur un chœur en hémicycle, flanqué de deux chapelles de plan carré prolongeant les collatéraux. Le clocher et la sacristie, situés à l'arrière du chœur, occupent un emplacement traditionnel des XVIIe et XVIIIe siècles. L'éclairage est principalement haut : dix fenêtres plein‑cintre en vis‑à‑vis prennent naissance au‑dessus de l'entablement et pénètrent dans la voûte en berceau, une demi‑lune orne le mur occidental et quatre fenêtres abaissées éclairent la coupole, tandis que les collatéraux, le chœur et leurs chapelles restent aveugles. Le porche, désaxé pour respecter l'alignement du quai, présente une façade sculptée dont l'abondance décorative contraste avec la sobriété intérieure.
Les sculptures du porche, réalisées par Charles Dufraine, rappellent les vocables successifs de l'église : saint Louis à droite et saint Vincent à gauche ; Dufraine a également sculpté une frise d'anges musiciens encadrant une niche abritant une Vierge à l'Enfant, et le tympan présente une céramique d'inspiration florentine représentant deux anges adorant une croix. À l'intérieur, Dufraine a réalisé le groupe du baptême du Christ et un Sacré‑Cœur. Les transepts et leurs autels accueillent des statues d'allure plus classique, notamment saint Vincent, saint Louis et une Vierge signée Joseph‑Hugues Fabisch. Depuis 1996, le chœur est orné de peintures de J.F. Hamelin : le triptyque Lumière d'Emmaüs, une Annonciation et le tableau Le Créateur au cul‑de‑four de l'abside.
L'orgue Merklin, détruit lors de l'incendie de 1987, a été remplacé par un instrument d'esprit classique adapté au répertoire baroque allemand : un grand seize pieds à deux claviers et pédalier, comportant 31 jeux, réalisé par R. Freytag et B. Aubertin et inauguré le 26 mars 1995. Cet orgue dispose d'accouplements et de tirasses sur tous les claviers ainsi que de tremblants. Aujourd'hui, la paroisse est animée en partie par des prêtres de la Communauté de l'Emmanuel.