Origine et histoire de l'Église Saint-Caprais
L'église Saint-Caprais est une église catholique paroissiale située à Grisy-les-Plâtres, dans le Parc naturel régional du Vexin français (Val-d'Oise). Construite au début du XIIIe siècle lors d'une unique campagne, elle relève du gothique primitif et conserve presque intégralement son plan d'origine. Certains éléments, comme des oculi entourés de cordons en pointe-de-diamant, évoquent la fin du XIIe siècle, tandis que des chapiteaux du chœur suggèrent une influence du XIVe siècle. L'édifice a traversé les conflits sans subir de destructions majeures, y compris pendant la guerre de Cent Ans. Des reconstructions partielles ont eu lieu au XVIe siècle — bas-côté sud et croisillon sud rebâtis, fenêtres nord repercées — et des réparations moins visibles au XVIIIe siècle, les voûtes ayant toutefois été conservées. Classée monument historique par arrêté du 9 mai 1914, l'église a été presque entièrement restaurée depuis cette date. Administrativement, Grisy-les-Plâtres dépendait de l'archidiaconé du Vexin à Pontoise et de l'archidiocèse de Rouen sous l'Ancien Régime; après la Révolution la paroisse fut rattachée au diocèse de Versailles puis intégrée dans le diocèse de Pontoise en 1966. Il n'y a plus de prêtre résident et l'église accueille des célébrations eucharistiques de façon irrégulière; elle fait aujourd'hui partie de la paroisse de Marines qui regroupe trente-trois villages.
L'église occupe la place de l'Église à Grisy-les-Plâtres, une esplanade engazonnée bordée d'arbres et délimitée par la rue de la Sablonnière à l'ouest et la rue Robert Machy au sud, où se situe la mairie. L'ancien presbytère jouxte l'élévation sud, ce qui empêche le tour complet du bâtiment, mais toutes les façades restent visibles depuis divers points : le nord depuis un terrain arboré donnant sur la rue du Vexin (RD 64) et le chevet depuis la rue Saint-Caprais, bien qu'une propriété privée en masque partiellement la vue. Orientée légèrement au sud-est, l'église présente un plan cruciforme très régulier composé d'une nef de quatre travées avec bas-côtés, d'un transept saillant, d'un clocher central en bâtière sur la croisée et d'un chœur d'une seule travée au chevet à pans coupés. L'ensemble est voûté sur croisées d'ogives simples; les bas-côtés possèdent des travées carrées et des toits en appentis, la nef et le transept ont des toits à deux rampants et le chœur un toit à croupes.
La façade occidentale, scandée par trois contreforts verticaux, s'ouvre par un portail en tiers-point à triple archivolte torique ornée d'une frise de feuillages et d'une tête sculptée sur la clé de voûte supérieure; le tympan ajouré en quatre-feuilles, le linteau et les piédroits sont modernes, les vantaux bois datent de la période classique. Au‑dessus du portail une fenêtre gothique flamboyant à deux lancettes éclaire la nef; la façade du bas-côté nord est percée d'un oculus à cordon en pointe-de-diamant, disposition d'origine retrouvée dans les fenêtres hautes attendues de la nef. La nef a perdu ses baies hautes lors du rehaussement des toits des bas-côtés, oculi et petites fenêtres aujourd'hui obturées restant visibles en intérieur et dans les combles; ce type de transformation est fréquent au XVIe siècle dans la région. Le bas-côté sud, rebâti au XVIe siècle avec des baies en plein cintre et des contreforts munis de chaperons, montre une restitution sobre sans décors renaissants marquants, tandis que le bas-côté nord conserve ses contreforts d'origine et une corniche de modillons cubiques.
Le clocher est l'élément le plus remarquable : son étage élevé offre sur chaque face deux baies gémelées en arc brisé encadrées et divisées par de fines colonnettes au nombre total de vingt-huit, des archivoltes à double colonnettes, un cordon en dents de scie et une corniche de corbeaux; il est considéré comme l'apogée de l'art gothique dans le Vexin local. Ce clocher a cependant posé des problèmes de stabilité, d'où la pose d'un contrefort biais au sud-est et la construction d'un arc de décharge dans le mur occidental du croisillon sud.
L'intérieur, sombre faute de fenêtres hautes, se caractérise par la régularité des proportions et la sobriété du gothique primitif ; les moellons et pierres de taille restent apparents, probablement précédemment enduits et peints. La nef présente de grandes arcades en tiers-point reposant sur de robustes piles et des groupes de trois colonnettes identiques qui reçoivent la retombée des ogives et doubleaux, profilés dans des arêtes arrondies basées sur le tore; certaines moulures ont été retouchées au ciment. Les bas-côtés, de même longueur que la nef, conservent les voûtes et les grandes arcades d'origine, mais leurs supports latéraux ont été refaits et les fenêtres nord repercées; les formerets ont été en grande partie remplacés lors des reprises en sous-œuvre. La croisée du transept s'ouvre par de hautes arcades en tiers-point dont la mouluration rejoint celle des grandes arcades; les piles comportent un noyau cruciforme entouré de demi-colonnes et de colonnettes qui reçoivent la plupart des nervures, et la clé de voûte ajourée est décorée de têtes humaines et animales avec traces de polychromie. Les croisillons reprennent le profil des ogives de la nef mais présentent aux extrémités une simplification des supports et des niches peu profondes, tandis que les murs nord et sud conservent des décors distincts dont un badigeon bleu étoilé, aujourd'hui très dégradé.
Le chœur, de petite taille, est homogène avec le chevet à pans coupés; ses lancettes simples s'arrêtent nettement sous les formerets, une moulure de deux boudins court au niveau des seuils et la clé de voûte centrale, à six branches d'ogives, représente la Trinité avec une main bénissante pointant vers l'ouest. L'église abrite cinq objets classés au titre des monuments historiques : une Vierge de l'Annonciation en pierre (XVIe siècle, 125 cm) mutilée, une Vierge de Pitié polychrome en bois (XVIe siècle), une Vierge à l'Enfant en bois (XVIe siècle, 110 cm) ayant perdu sa couronne, un calvaire en bois haut de 200 cm avec le Christ et deux personnages, et six stalles en deux groupes de trois datant du XVIIe siècle; les dossiers de classement mentionnent par ailleurs des différences dans la description des matériaux. L'ensemble, sobre et homogène, illustre la singularité d'une église paroissiale du Vexin qui a conservé sa physionomie primitive malgré des remaniements et des interventions de stabilisation.
