Origine et histoire de l'Église Saint-Caradeuc
L'église Saint-Caradeuc, élevée au pied des remparts d'un château disparu, domine un tissu de maisons anciennes. Le chœur du XVe siècle conserve son élévation, ses baies élancées, une voûte sexpartite et une charpente également datée du XVe siècle. La nef s'est détériorée aux XVIe et XVIIe siècles au point que l'édifice fut désaffecté au début du XIXe siècle pour des raisons de sécurité. La reconstruction menée par l'architecte Paillard entre 1839 et 1842, parfaitement documentée aux Archives départementales de la Nièvre, prolonge le chœur gothique et illustre le renouveau d'intérêt pour l'architecture médiévale au XIXe siècle. Construite sur un terrain en pente et flanquée de maisons, l'église présente un grand emmarchement sur la façade nord‑ouest et un plan relativement irrégulier : une nef centrale flanquée de deux collatéraux, des chapelles au nord‑ouest et au sud‑est, et un chœur étroit également épaulé par des chapelles. La façade sud‑ouest, opposée au chœur, est dominée par un haut clocher carré à étages ; au registre inférieur, un grand portail en tiers‑point ouvre sur le porche situé sous le clocher. Le clocher est pourvu de contreforts et de corniches moulurées qui délimitent les niveaux ; sur trois de ses faces, des baies en tiers‑point à remplage néo‑rayonnant et des abat‑sons éclairent l'intérieur. La flèche projetée par Paillard sur ses dessins de 1839‑1842 n'a pas été réalisée et une balustrade couronne l'ensemble. La façade nord‑ouest, très irrégulière, associe l'élévation du chœur gothique et ses chapelles, une petite maison de style Directoire adossée à l'église, puis, en haut du grand escalier, un portail gothique orné de piédroits, pinacles, voussures et tympan aveugle ; à droite se trouve une chapelle près du clocher qui porte en lettres peintes la devise républicaine. Côté sud‑est, la façade présente également des irrégularités sans recul ; contreforts et culées sont englobés dans la toiture des chapelles qui ouvrent sur le collatéral, tandis que le bas‑côté se montre beaucoup plus bas que la nef et le chœur. L'intérieur reflète ces dispositions extérieures : clocher‑porche en saillie, trois nefs formant cinq travées et chœur arrondi. Chœur et nef sont voûtés d'arêtes avec ogive faitière ; au premier étage du clocher, une tribune s'ouvre sur la nef centrale. Dans une chapelle de plan carré côté nord‑ouest, des ogives retombent sur de beaux culots sculptés symbolisant les quatre évangélistes. Le chœur, très élancé, est éclairé par trois hautes lancettes ; la nef présente la même élévation. De grands arcs en tiers‑point ouvrent sur les bas‑côtés et sont séparés par de massifs pilastres posés sur de hauts soubassements reposant sur des bases prismatiques, conférant à l'ensemble une grande homogénéité. Seule la différence de taille de pierre permet de distinguer la partie de l'époque 1500 et l'extension réalisée par Paillard entre 1839 et 1842. L'élévation de la nef centrale comporte un niveau de grandes arcades, un niveau aveugle et un niveau de fenêtres hautes sous les arcs formerets. La belle charpente du chœur à chevrons portant ferme est probablement d'origine. L'étude de l'édifice, de ses élévations et des plans de Paillard permet de localiser aisément les parties du XVe siècle et l'extension du XIXe siècle.