Origine et histoire de l'Église Saint-Charles-Borromée
L'église Saint-Charles-Borromée de Sedan, dans les Ardennes, est une église catholique classée au titre des monuments historiques depuis le 25 mars 1980. Construite entre 1593 et 1601 comme grand temple protestant, elle fut fondée par Henri de La Tour d'Auvergne et Charlotte de La Marck, tous deux protestants. La construction, achevée en 1601, a donné un édifice ouvert au culte calviniste dont la nef était couverte d'un lambris en berceau et qui comportait une tribune le long du bas-côté droit destinée à la famille princière. En 1608 on ajouta une tribune sur le bas-côté gauche, réservée à la noblesse, à la haute bourgeoisie et aux officiers. L'architecte du temple n'est pas connu, mais on a émis l'hypothèse d'une sollicitation de Salomon de Brosse en raison de son rôle sur d'autres bâtiments du prince. À la suite d'événements politiques le prince Frédéric Maurice de La Tour d'Auvergne-Bouillon abandonna la principauté au roi en 1642. Après la révocation de l'édit de Nantes, l'archevêque de Reims demanda en 1688 à Robert de Cotte de transformer le temple en église catholique. Robert de Cotte dressa un plan en croix latine, fit détruire les anciennes absides et fit du reste du temple la nef de la nouvelle église ; il ajouta aussi un massif antérieur à deux tours, un transept, un chœur et, selon les sources, une abside en 1688. Le maître-autel fut réalisé par les sculpteurs du roi Bourlier, Dufour et Ergé. Les tribunes furent supprimées en 1690 et la nouvelle église paroissiale fut solennellement bénie en 1692 sous le vocable de saint Charles Borromée. La tour gauche de la façade fut ajoutée en 1726, l'orgue installé en 1768, puis la tour droite érigée en 1822-1823 ; une tourelle d'horloge fut finalement placée entre les deux tours en 1837. L'édifice fut brièvement cathédrale de l'évêché constitutionnel des Ardennes en 1791, dont le premier évêque fut Nicolas Philbert, alors curé de la paroisse. Pendant la Terreur le culte fut interdit en 1793 ; l'église, pillée, fut transformée en temple de la Raison puis en temple de l'Être suprême avant d'être rendue au culte en 1795. Le concordat de 1802 et ses articles organiques supprimèrent l'évêché des Ardennes. L'édifice conserve notamment la nef de l'ancien temple, l'élévation externe de celui-ci et l'abside liée aux travaux de Robert de Cotte. Parmi le mobilier, une partie est classée : l'orgue de tribune, un tableau représentant saint Charles Borromée, le maître-autel, les fonts baptismaux, la chaire et l'ensemble des quatre confessionnaux.