Origine et histoire
L'église Saint-Vétérin se dresse à Gennes, dans le département de Maine-et-Loire. Au IXe siècle, Gennes comptait deux églises ; Saint-Vétérin faisait partie du domaine royal et, le 21 octobre 845, Charles II le Chauve en fit don à l'abbaye Saint-Maur de Glanfeuil. On y vénérait le corps de saint Vétérin, dont la vie est peu connue ; lors des incursions normandes, les moines transportèrent sa dépouille à Tournus puis à Corbigny, où elle fut détruite pendant les guerres de Religion. La plus ancienne partie conservée se situe à la base de la face sud du clocher ; Célestin Port y voyait un vestige gallo-romain, André Rhein le datait du Xe siècle, et l'abbé Plat l'interprétait comme un croisillon carolingien antérieur aux invasions normandes. Son appareil rappelle celui de l'église Saint-Eusèbe de Gennes, que l'abbé Plat attribuait à l'époque mérovingienne et que Robert de Lasteyrie datait autour de l'an mil. Cette partie sous-clocher a été transformée au XIe siècle : de cette campagne datent l'arcade en plein cintre qui l'ouvre sur la nef et des chapiteaux taillés en biseau ornés de volutes sommairement esquissées. Au XIIe siècle, une reconstruction en bel appareil a été entreprise : la nef ancienne fut conservée tandis que le chevet fut démoli et remplacé par un transept et un chœur comportant une abside flanquée de deux absidioles. Le chœur est moins large que la nef et son mur sud est aligné sur celui de la nef ; de cette première campagne de travaux, seule subsiste l'absidiole sud. Lorsque la voûte d'ogives se répandit en Anjou, on modifia le transept et le chœur pour améliorer l'éclairage : le mur d'abside fut démoli et l'abside ainsi que le transept recouverts d'une voûte d'ogives. On peut, semble-t-il, suivre la chronologie de ces voûtements par la forme des ogives : la clé du croisillon sud est sans décor, celle du carré du transept porte une fleur, et celles du chœur et du croisillon nord présentent un masque humain. Un maître-autel fut consacré par l'évêque d'Angers Guillaume Le Maire en 1300. La façade occidentale fut remaniée à la fin du XVe siècle par l'ouverture d'une fenêtre en tiers-point, munie d'un réseau formé de deux arcs en accolade et surmontée d'une fleur de lis. Un porche en charpente a été ajouté à une date indéterminée. En 1770, les habitants dénoncèrent l'état de ruine de l'édifice ; l'expertise confiée à Mathurin Bluet et à Michel Prieur du Parray aboutit à un devis de travaux adjugés pour 4 750 livres et exécutés en 1772. En 1850, Charles Joly-Leterme fit établir un revers de blocage d'un mètre au bas des murs, reprit les jambages des baies et le couronnement du clocher. En 1868, les contreforts du croisillon sud et du clocher furent consolidés. L'édifice est classé au titre des monuments historiques en 1862.