Origine et histoire de l'Église Saint-Christophe
L'église Saint-Christophe, située dans le quartier du village de Cergy (Val-d'Oise), se signale par un portail Renaissance tourné vers le village et par un clocher roman à deux étages, l'un des plus anciens du département. Le portail monumental, commencé par Nicolas Le Mercier, ouvre sur un vestibule à ciel ouvert qui laisse voir des vestiges de la nef inachevée et donne à l'édifice l'allure partiellement ruinée que suggèrent ses arrachements de maçonnerie. La nef romane, jugée vétuste, a été démolie en 1904 pour permettre la consolidation du clocher l'année suivante ; la façade occidentale actuelle et les murs fermant le bas-côté sud datent de ces travaux. L'intérieur présente un plan presque carré de trois travées sur trois, homogène à l'exception de la base du clocher qui conserve des caractères romans. L'édifice abrite l'une des plus anciennes voûtes d'ogives conservées dans la région, six chapiteaux historiés datés des années 1130–1140 et une arcade orientale attribuée à la seconde moitié du XIe siècle. Des fouilles menées en 2002–2003 ont mis au jour l'état antérieur du site : une petite chapelle cimetièriale à chevet plat puis une chapelle carolingienne agrandie par une abside en hémicycle, ainsi que les différentes campagnes de construction qui ont abouti à la seconde église romane. La majeure partie de l'édifice est de style gothique, résultat d'une transformation importante au début du XIIIe siècle qui a donné au chœur et à ses collatéraux un ensemble voûté et homogène. Malgré des hauteurs sous voûtes modestes, l'absence de remplage et une sculpture parfois maladroite, l'intérieur séduit par son grand volume voûté, comparable aux chœurs-halle de la vallée de l'Oise. Classée au titre des monuments historiques depuis 1913, l'église conserve de nombreux éléments de mobilier protégés, dont des plaques funéraires et des plaques de fondation. Bien qu'elle ne soit plus au centre de la vie paroissiale depuis l'ouverture de nouvelles églises dans la ville nouvelle, au moins deux messes y sont toujours célébrées chaque semaine.
L'édifice s'élève rue de Neuville ; le chevet donne sur la voie publique et le vaste parvis au nord correspond à l'ancien cimetière, tandis qu'un parking occupe l'extrémité orientale de la parcelle. La façade nord Renaissance est visible depuis une impasse à l'ouest du parvis, la façade sud se découvre en franchissant la porte fortifiée de l'ancienne prévôté, et l'accès intérieur principal se fait depuis la cour formée par le double bas-côté nord inachevé. À gauche du bâtiment, une petite porte ouvre sur un oratoire ; l'entrée courante se situe au fond de la cour, par le porche aménagé à droite.
L'histoire se lit dans ses phases successives : une chapelle cimetièriale, une chapelle carolingienne, des agrandissements romans aux XIe–XIIe siècles, puis une transformation gothique et des projets d'extension Renaissance partiellement réalisés. En 1120 la petite église et les dîmes de Cergy furent données à l'abbaye de Saint-Denis, la paroisse fut alors constituée et l'abbaye exerça durablement la seigneurie sur le lieu. La seconde église romane, construite au second quart du XIIe siècle, a conservé essentiellement la base du clocher ; ses arcades et ses chapiteaux de 1130–1140 ont fourni la base des reconstitutions modernes et des datations. Au XIIe siècle tardif ou vers 1150, le chœur roman primitif fut remplacé par un chœur de type roman tardif ou gothique primitif, voûté d'ogives, dont subsistent des chapiteaux à feuilles superposées. Dès le début du XIIIe siècle, le chœur fut reconstruit en six travées carrées, donnant au vaisseau central et aux collatéraux une unité de hauteur et un plan en trois par trois travées, configuration rare dans le Vexin français. Les combles élevés au-dessus de cet ensemble et l'ordonnancement des poutres témoignent d'une utilisation probable des combles comme grenier pour l'abbaye de Saint-Denis. Au XVIe siècle, le clocher reçut un troisième étage et une flèche en pierre ; le vaste projet d'agrandissement de la nef et des bas-côtés, illustré par le portail Renaissance, demeura inachevé en raison des guerres de religion.
À la fin du XVIIIe et au XIXe siècle plusieurs tentatives de reprise ou de consolidation furent menées, puis la démolition de la nef au début du XXe siècle permit d'étayer et de relever les fondations du clocher sous la direction de l'architecte Albert Guilbert. Les interventions du curé Bourcier, bien qu'elles aient amélioré l'état de certains décors, ont altéré l'authenticité de parties du porche et valu à certaines créations d'être exclues de la protection monumentale. L'extérieur présente un clocher roman comprenant deux étages romans, un entablement et un troisième étage de la Renaissance, surmontés d'une flèche octogonale et de clochetons décoratifs ; la façade orientale se distingue par un grand pignon ordonnancé et une grande baie centrale entourée d'ouvertures secondaires. À l'intérieur, la croisée du transept révèle la stratigraphie du monument : l'arcade orientale et deux chapiteaux du XIe siècle, des voûtes d'ogives anciennes et six chapiteaux historiés de 1130–1140 au nord de l'arcade méridionale, dont les scènes ont été interprétées comme des représentations du péché et des vices. Le chœur et ses collatéraux sont couverts par six voûtes dont les doubleaux retombent sur deux colonnes centrales et sur des faisceaux de colonnettes le long des murs ; les chapiteaux y présentent une ornementation végétale jugée lourde par certains commentateurs.
La chapelle du XIVe siècle, de plan carré et voûtée d'ogives, subsiste en une travée et communique seulement avec le collatéral nord ; l'oratoire-porche adjacent, aujourd'hui séparé par une grille, conserve une pierre tombale à effigie gravée et un tympan moderne illustrant la légende de saint Christophe. Le bas-côté sud de la Renaissance, simplement aménagé et couvert par un plafond en bois, sert actuellement de porche et présente des pilastres ioniques et des colonnes corinthiennes partiellement traitées à mi-hauteur. L'église renferme de nombreux objets inscrits ou classés : huit éléments de mobilier protégés, plusieurs pierres tombales et plaques commémoratives, parmi lesquels figurent des statues, des tabernacles, un coffre du XVIe siècle, un tableau offert par Napoléon III, des chapiteaux réemployés et diverses dalles funéraires. L'ensemble du bâtiment, ses éléments architecturaux et son mobilier témoignent des multiples transformations qui ont rythmé l'histoire de Cergy, depuis la présence carolingienne jusqu'aux restaurations du XXe siècle.