Origine et histoire de l'Église Saint-Christophe
L'église Saint-Christophe de Tourcoing (Nord) se trouve à l'est de la Grand-Place, près de l'hôtel de ville ; elle est dédiée à saint Christophe et dépend du diocèse de Lille. L'église primitive, édifiée entre les 8e et le 10e siècles dans la basse cour du château, a été agrandie et allongée aux 11e puis au 13e siècle ; la base de la tour occidentale s'appuie sur des restes du porche du 13e siècle, seuls vestiges conservés. Aux XVe siècle on élargit les bas-côtés et on construit un nouveau transept ; la partie orientale est reprise après une interruption des travaux en 1525 et l'édifice adopte alors le parti de l'église-halle. La nef est reconstruite vers 1550 et le clocher est déplacé de la croisée du transept sur le porche. En 1722 l'architecte Thomas Joseph Gombert allonge le chœur. À partir de 1856 Charles Leroy élargit et surhausse le vaisseau central ; une petite porte située derrière le chœur porte la date de 1860. Dans les années 1860 Charles Maillard refait en style néo-gothique les autels secondaires du Rosaire et du Saint-Nom de Jésus, surmontés de retables peints par Bruno Chérier ; le retable du Rosaire (1865-1866) représente la Vierge du rosaire encadrée de la Visitation et de l'Annonciation, celui du Saint-Nom de Jésus (1867-1870) la Glorification du Saint-Nom encadrée de Jésus parmi les docteurs et du vieillard Siméon. Ces deux retables ont été presque entièrement murés, celui du Rosaire en 1967 et celui du Saint-Nom de Jésus en 1969 ; l'iconographie est complétée, sous les peintures, par des groupes sculptés représentant la Bataille de Lepante et la Bataille de Vienne pour l'autel du Rosaire, et la Nativité et l'Adoration des Mages pour l'autel du Saint-Nom. En 1892 l'architecte Croin agrandit l'ancienne sacristie et en 1897 il surélève sensiblement le clocher en réutilisant la flèche de charpente du XVIIIe siècle. L'essor démographique du XIXe siècle rend l'édifice insuffisant et les travaux d'agrandissement se poursuivent, avec les interventions successives de Charles Leroy, Charles Maillard et Louis Croin. De l'église médiévale subsistent le porche du XIIIe siècle, les murs en brique des bas-côtés du chœur et des colonnes du XVIe siècle. Longtemps fermée pour restauration, l'église a été rouverte au culte en 2001 et les travaux se sont achevés en 2011 ; un concert des Crick-Sicks a été donné en 1998 en lien avec sa réouverture.
La façade, entièrement en pierre, s'inspire du gothique rayonnant mêlé d'éléments flamboyants ; elle se divise en trois travées correspondant au plan intérieur, le portail principal s'inscrivant dans une arcade couronnée d'un gable ajouré et étant séparé des façades latérales par des contreforts sommés de pinacles. Le clocher, haut d'environ 80 mètres, présente des arcades aveugles aux remplages flamboyants, des contreforts d'angle coiffés de clochetons et pinacles et une flèche couverte d'ardoises ; sa partie haute est percée de lancettes encadrant une horloge et abrite un carillon de 62 cloches, dont un bourdon de six tonnes, présent depuis le XVIIe siècle. L'édifice mesure 60 mètres de longueur et un escalier hélicoïdal de 255 marches mène au musée du carillon, qui évoque l'art campanaire ; un escalier du XVIe siècle conduit aux cloches et à l'horloge, offrant une vue sur la métropole. Les façades latérales sont percées de baies à trois lancettes se terminant par des gables décorés, reliées au reste de l'édifice par des contreforts couronnés de pinacles.
L'intérieur, lumineux, conserve une polychromie du XIXe siècle : les clés de voûte sont peintes en rouge et vert et ornent l'élévation. Les vitraux des fenêtres hautes et des roses datent de 1878, tandis que ceux des bas-côtés ont été réalisés entre 1891 et 1898. Le mobilier comprend des confessionnaux ouvragés ornés de statuettes en bois sculpté datant de 1730. Le grand orgue, achevé en 1751 par les facteurs Fremat et Carlier pour la partie instrumentale et par Labre père et fils pour l'ébénisterie, a subi de nombreuses interventions (Van Peteghem, Loret, Joseph Merklin, Neuville) puis une restauration complète avant la Première Guerre mondiale par la Maison Delmotte, qui a supprimé le Positif de dos ; la mécanique a été remise en état par Pascal en 1951, puis l'orgue a été restauré en 1969-1970 par Meyer et Daniellot à la suite de travaux de réfection de l'édifice. La galerie d'images conserve notamment des vues de la nef depuis le chœur, du chœur lui-même et des restes du maître-autel avec retable et statues.