Origine et histoire de l'Église Saint-Christophe
L'église Saint-Christophe de Vindelle, située en Charente à environ 12 km au nord d'Angoulême, figure parmi les plus anciennes églises romanes du département et a été peu remaniée. Elle est mentionnée dans le cartulaire de Saint-Amant-de-Boixe entre 988 et 1028 et aurait été donnée à l'abbaye par un comte d'Angoulême nommé Guillaume, en vue de fonder un prieuré qui resta lié à la paroisse ; le prieuré avait pour patrons saint Jacques et saint Christophe et le prieur exerçait la justice et percevait rentes et dîmes. Au XIVe siècle l'église est rattachée à Balzac et, pendant la guerre de Cent Ans, elle est fortifiée : la nef est rehaussée pour permettre sans doute un chemin de ronde et une meurtrière est aménagée dans le clocher. Des campagnes de restauration sont attestées aux XVIIe et XIXe siècles, et des travaux de la seconde moitié du XXe siècle ont mis au jour des sarcophages mérovingiens dans le chœur, entraînant une opération archéologique de sauvetage. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques le 4 décembre 1995 et dépend aujourd'hui de la paroisse de Gond-Pontouvre, Balzac, Vindelle.
L'église présente un plan roman homogène : une nef unique de trois travées, la troisième formant la croisée sous clocher, prolongée par une abside et, au nord, par un bras de transept et une absidiole de même ampleur que l'abside. Les deux premières travées datent du XIe siècle ; la troisième travée, la croisée sous clocher et l'abside sont attribuées au début du XIIe siècle, tandis que le bras nord et son absidiole correspondent à une campagne un peu plus tardive au milieu du XIIe siècle. L'ensemble est construit en petit appareil de moellons et en pierre de taille locale du Kimméridgien, et le chœur repose sur une semelle de plusieurs lits de pierres qui pourrait indiquer une reconstruction sur des fondations anciennes.
La façade occidentale, à fronton triangulaire, est rythmée par deux contreforts plats et une corniche portée par des modillons sculptés représentant têtes d'hommes, barbus ou imberbes. Le portail central, à simple rouleau orné d'un cordon à billettes, porte au-dessus de son extrados un haut-relief très endommagé, peut-être un agneau romain en réemploi ; il est encadré par deux arcades aveugles et surmonté d'un oculus, et sa porte est cloutée de 480 clous. La nef présente trois contreforts au sud et un seul au nord ; la corniche subsiste sur certaines travées et deux assises de pierre au-dessus en signalent le rehaussement effectué ultérieurement.
Le clocher carré roman, rare par son état de conservation, comporte un seul étage et un toit à pans coupés couvert de tuiles ; chaque face était ouverte par des baies géminées dont seules les faces nord et sud conservent des ouvertures avec colonnettes et bases ornées, et la structure a gardé les modillons de l'ancienne corniche. La maison prieurale, accolée au sud de l'église, subsiste partiellement et comprend une fenêtre romane.
À l'intérieur, la nef est couverte en grande partie par une charpente ; les deux premières travées conservent des arcatures appliquées aux murs, destinées à recevoir une voûte qui n'a jamais été réalisée, tandis que la troisième travée est voûtée en berceau plein cintre. La croisée, de plan carré, est coiffée d'une coupole sur trompes et d'impostes ; ses piliers à noyau cruciforme et ses chapiteaux sont sculptés de palmettes, de rinceaux et de créatures fabuleuses. L'abside, voûtée en cul-de-four, s'ouvre sur trois baies et ses chapiteaux présentent palmettes, rinceaux, têtes de lion affrontées et un visage encadré d'oiseaux. Le bras de transept nord est voûté en berceau et soutenu par chapiteaux à corbeilles semi-lisses, l'absidiole étant elle aussi en cul-de-four. Des traces de peintures murales ont été mises au jour lors des fouilles menées dans les années 1970-1980.
Parmi les éléments de mobilier, la chapelle de la Vierge a fait l'objet de restaurations en 1660 et 1897. Trois cloches datées de 1603, 1604 et 1623 figurent parmi les plus anciennes de l'Angoumois ; la cloche de 1604, donnée au prieuré et portant une inscription gravée, est classée au titre d'objet depuis le 30 octobre 1944. Des vitraux ornent les ouvertures du chœur et les fouilles ont permis la découverte de sépultures et de sarcophages mérovingiens lors des travaux de fondation des piliers.