Origine et histoire de l'Église Saint-Christophe du Puch
L'église Saint-Christophe du Puch est une église catholique située sur la commune de Sauveterre-de-Guyenne, au lieu-dit Le Puch, le long de la route départementale D670, au nord de la ville. Petit sanctuaire rural, elle illustre le type d'édifice construit entre les XIe et XIIe siècles; l'édifice primitif du XIe siècle est encore lisible dans le petit appareil qui affleure sur les murs gouttereaux nord et sud. La nef unique, charpentée, est bâtie en moellons cubiques et se termine à l'est par une abside en hémicycle élevée en grand appareil régulier et voûtée en cul-de-four. La façade occidentale est également en grand appareil régulier, signe d'une reprise de l'édifice au cours de la première moitié du XIIe siècle. La paroisse est attestée à partir de 1289 comme commanderie hospitalière dépendant de celle de Sallebruneau; l'église est passée aux Templiers, auxquels on attribue l'élaboration du portail occidental. Le portail s'ouvre dans un avant-corps surmonté d'une corniche à modillons et comporte deux voussures romanes avec une voussure interne légèrement asymétrique, datée du XIVe siècle. Le décor des archivoltes et les sujets figurés s'inscrivent dans la lignée des sculptures de l'abbaye de La Sauve-Majeure, et la façade ouest est percée d'un clocher-mur à deux grandes baies ogivales. La seule ornementation sculptée se concentre sur cette façade occidentale, avec une corniche supportée par sept modillons figurés et un portail à trois voussures. Parmi les quatre chapiteaux qui supportent les voussures, seuls ceux du côté nord conservent un caractère roman; ceux du sud ont été remplacés par des compositions plus banales. La première corbeille au nord portait une double collerette de feuillages aujourd'hui très érodée; la seconde, historiée, est très dégradée mais présente un tailloir orné d'arabesques et des reliefs où l'on distingue un être ailé et un homme en marche, dont l'interprétation reste limitée par l'altération de la pierre. La série de modillons qui soutient la corniche compte quatre sujets animaliers et trois sujets humains, bien conservés pour la plupart, à l'exception d'un exemplaire fortement martelé au XIXe siècle. Le thème général de cette frise est une dénonciation de la luxure: on y voit, de droite à gauche, des musiciens juchés sur des acrobates, un chien colleté, un monstre avalant deux oies, une sirène bicaudale, un autre monstre ricaneur, un couple humain mutilé dont la lecture suggère une scène de copulation, et enfin un chien féroce. Le clergé roman considérait particulièrement suspects les musiciens et les saltimbanques, car les fêtes profanes favorisaient selon lui les péchés charnels, explication qui éclaire le choix des sujets sculptés. L'édifice comprend également, à l'intérieur, une nef, un sanctuaire, un autel contre le mur sud, un baptistère, une chaire à prêcher et un confessionnal; à l'extérieur se trouvent une croix de cimetière et des monuments aux morts. Le portail a été classé au titre des monuments historiques par arrêté du 14 avril 1909, et l'église a été inscrite dans son ensemble le 16 avril 2002.
