Origine et histoire de l'Église Saint-Corneille-et-Saint-Cyprien
L'église Saint-Corneille-et-Saint-Cyprien d'Hary est une église fortifiée à plan cruciforme dont le chœur, le transept et la nef remontent à la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle, bien que de nombreuses reprises aient été effectuées. La nef et le chœur sont en pierre blanche d'appareil moyen ; l'abside est la seule partie ayant conservé son aspect d'origine. Le chœur, remarquable par ses chapiteaux à crochets, constitue un des rares témoins des débuts de l'art gothique en Thiérache. Cette partie est divisée en cinq travées soutenues par de petites colonnes d'où partent des arcs convergents qui forment une voûte en sept sections dont le remplissage est en brique ; les fenêtres du sanctuaire sont encadrées de colonnettes et d'arcs en boudin légèrement ogivaux. Les chapiteaux présentent un décor végétal de type plantain et des crochets caractéristiques de la fin du XIIe siècle.
La nef, non voûtée et masquée par un lambris, a été profondément remaniée, vraisemblablement au XVIIe siècle : un bas-côté nord a été supprimé et les baies du mur méridional reprises. Les murs de la nef sont en moellons avec, au sud, des chaînes de tuiles et, au nord, trois grandes arcades ogivales en briques reposant sur des piliers carrés, vestiges probables d'un bas-côté primitif ou projeté. Le transept présente une voûte en plein cintre avec arceaux diagonaux et des chapelles latérales à voûte écrasée doublée de nervures diagonales.
La partie fortifiée occupe le flanc occidental : un massif de briques forme un clocher carré, éclairé par deux ouvertures cintrées sur chaque face, flanqué à l'un de ses angles d'une tourelle ronde contenant un escalier et soutenu par des contreforts. Le porche intérieur, voûté en plein cintre, porte la date de 1619 sur sa clé et le portail occidental en pierre moulurée est surmonté d'armoiries gravées associées à René du Bec et Isabeau de Coucy. Le donjon, entièrement en briques à l'exception des encadrements du portail et des fenêtres, peut être daté des années 1619-1620 et est présenté comme le prototype des donjons de Prisces, Rogny et Burelles.
Une sacristie a été ajoutée contre le mur sud de la nef au XIXe siècle. Après l'effondrement de la voûte de la croisée du transept en 1989, l'ensemble de l'édifice a fait l'objet d'une restauration en 1993. La partie fortifiée a été inscrite à l'Inventaire supplémentaire des Monuments historiques et l'église est classée au titre des Monuments historiques depuis 1994.
L'intérieur conserve des éléments liturgiques et décoratifs notables, notamment une statue de bois polychrome représentant saint Berthaud, très vénéré localement, et deux crédences géminées creusées dans la muraille, dont l'une, servant de piscine, présente une voussure en trois secteurs coniques s'ouvrant en arc trilobé. Enfin, le contraste entre la maçonnerie en pierre calcaire de la nef et la brique du donjon, ainsi que la juxtaposition d'éléments romans et d'éléments en voie d'évolution vers l'ogive, font de l'église d'Hary un édifice de transition intéressant pour l'étude de l'architecture religieuse rurale.