Origine et histoire de l'Église Saint-Crépin-et-Saint-Crépinien
L'église Saint-Crépin-et-Saint-Crépinien, église paroissiale située à Saint-Crépin-Ibouvillers (Oise), présente un plan cruciforme et se distingue par une flèche de pierre octogonale, de facture lourde et ornée d'éléments empruntés à la Renaissance avec des réminiscences du gothique flamboyant. La construction s'est étalée vraisemblablement de la fin du XIIe siècle au milieu du XIIIe siècle, période au cours de laquelle le chevet, le transept et le chœur ont été élevés ; le portail occidental, la fenêtre nord du transept et la baie occidentale de la nef furent remaniés ensuite dans le style rayonnant. La nef a été profondément transformée : ses voûtes datent du XVIe siècle, des bas‑côtés y ont été ajoutés, l'un d'eux ayant été détruit puis reconstitué au milieu du XIXe siècle. Les parties orientales conservent des voûtes d'ogives sexpartites et un agencement de supports inhabituel, qui conservent encore des traces de polychromie ancienne. La tour et sa flèche en pierre, appareillées en pierre de taille contrairement aux murs en moellons du reste de l'édifice, forment le parti extérieur le plus remarquable de l'église.
Classée au titre des monuments historiques par arrêté du 30 décembre 1932, l'église a bénéficié de plusieurs campagnes de restauration depuis la fin des années 1980 ; une importante campagne menée entre 2004 et 2006 a porté sur la couverture, l'intérieur, la sacristie, la menuiserie, les vitraux, l'électricité et le chauffage par le sol pour un montant de 803 000 € hors taxes, puis des travaux plus récents ont concerné le clocher et la flèche. Depuis le 1er janvier 2020, Saint-Crépin-Ibouvillers est rattachée à la paroisse Saint‑Martin de Méru‑lès‑Sablons.
Implantée sur la place de l'Église, l'édifice est bien dégagé du côté nord et à l'ouest ; la façade occidentale et la tour sont particulièrement visibles tandis que le croisillon sud et le chœur sont partiellement enclavés dans l'ancien prieuré transformé en centre culturel. L'église comprend une nef de trois travées accompagnée de bas‑côtés, un transept saillant et un chœur d'une travée terminé par un chevet plat ; la croisée sert d'assise au clocher et la sacristie occupe l'angle entre le croisillon sud et le chœur.
La nef, relativement aveugle, est surtout éclairée par la baie occidentale qui présente un remplage rayonnant à trois lancettes et un oculus quadrilobé ; ses proportions sont trapues, la hauteur sous voûte étant environ une fois et demie la largeur. Les trois voûtes de la nef, réalisées au XVIe siècle, diffèrent entre elles et contribuent à une certaine irrégularité de la couverture ; les ogives et doubleaux présentent un profil prismatique rare, et les formerets, présents, témoignent d'un soin de mise en œuvre malgré des retombées parfois simples. Les bas‑côtés sont voûtés d'arêtes et revêtent des fausses ogives en bois encastrées dans les voûtains, particularité peu courante dans la région.
La croisée du transept repose sur quatre piles cylindriques massives avec bases moulurées et socles octogonaux ; ces supports, sobres et fonctionnels, portent de larges doubleaux non moulurés qui donnent au carré du transept une impression de lourdeur contrastant avec l'élégance du chœur. Le chœur, calqué sur celui de l'église voisine de Méru, offre une architecture plus raffinée : voûte sexpartite, fenêtres en triplet au chevet, nervures fines et chapiteaux sculptés dont certains conservent une polychromie à dominante ocre, rouge et bleu. Les chapiteaux présentent des feuilles polylobées et, dans certains cas, des feuilles terminées en crochet ; la clé de voûte du chœur, décorée et polychrome, montre des motifs végétaux disposés en rotation.
Les croisillons reproduisent en grande partie le modèle du chœur et conservent aussi des voûtes sexpartites, particularité rare dans le département ; leurs fenêtres d'extrémité présentent un remplage à deux lancettes surmontées d'un oculus pentalobé, et plusieurs chapiteaux et clés de voûte sont polychromes. Un aménagement extérieur en saillie accueille une tourelle d'escalier octogonale à l'angle nord‑ouest du croisillon nord.
À l'extérieur, le clocher présente un premier étage carré puis un étage de beffroi octogonal percé sur les pans cardinaux de baies géminées en plein cintre ; l'étage se termine par une corniche sobre, des emblèmes et têtes sculptées et la flèche octogonale, aux pans lisses agrémentés de crochets aux arêtes, se termine par un lanternon octogonal coiffé d'une calotte. Le portail occidental, avancé et amorti par un gâble, s'ouvre sous une quadruple archivolte reposant sur colonnettes aux chapiteaux identiques ; le tympan a disparu et les traces de l'ancienne grande rosace de la façade subsistent.
Le mobilier comporte plusieurs éléments protégés : les fonts baptismaux en pierre du XVIe siècle et l'aigle‑lutrin en bois du XVIIIe siècle sont classés depuis novembre 1912, de même qu'une dalle commémorative de la construction du clocher inscrite sur une pile intérieure ; le Christ en croix et la statue du Christ Sauveur, tous deux du XVIe siècle, sont classés depuis juillet 2006. Parmi les autres œuvres remarquables se trouvent un groupe sculpté de saint Roch, une statue de saint Sébastien, des statuettes bois représentant saint Crépin et saint Crépinien, un tableau de retable du maître‑autel daté de 1845 représentant le martyre des deux saints, et une dalle funéraire gravée attribuée à Jean de L'Isle, datée de 1572 au plus tôt.
Une inscription incisée sur une pile du clocher, à l'intérieur du premier étage, mentionne la pose de la première pierre par frère Philippe de Lisle et porte la date 1541 telle qu'elle a été relevée lors de la restauration de 2015. L'ensemble présente aujourd'hui un bon état de conservation grâce aux restaurations successives.
