Origine et histoire
L'église Saint‑Crépin (ou Saint‑Crépinien) de Rannée, située au centre du bourg entre la rue Saint‑Crépin et l'avenue de l'Ardenne, est une paroisse attestée dès le Xe siècle. L'édifice se compose d'une nef et de deux bas‑côtés sur cinq travées, couverts par une charpente, sans transept marqué, la dernière travée du bas‑côté sud étant occupée par une tour romane au sud‑est. Après un incendie, l'église fut reconstruite entre 1168 et 1178, probablement sous l'épiscopat d'Étienne de Fougères ; de cette phase romane subsistent notamment la porte occidentale, l'abside et sans doute la base de la tour. La façade ouest conserve son parti roman central avec un portail soigné en arc brisé, claveaux protégés par une archivolte à billettes, une fenêtre haute et quatre contreforts qui structurent le pignon. Le chœur roman, terminé par une abside éclairée de baies en plein cintre, est séparé de la nef par un arc diaphragme en plein cintre retombant sur des colonnes engagées aux chapiteaux sculptés ; ces chapiteaux, l'un orné d'un Agneau crucifère et d'un animal, l'autre d'une tête monstrueuse, présentent une inspiration corinthienne et semblent être des réemplois tardifs du XIe siècle, comme en témoignent aussi les bases ornées de chevrons. La nef communique avec la tour par une arcade de plein cintre reposant sur des impostes décorées d'une tresse. Le reste de l'édifice a été reconstruit aux XVIe et XVIIe siècles, vraisemblablement grâce aux largesses des ducs de Brissac, seigneurs de la Guerche de 1562 à 1673, dont les armoiries étaient encore signalées à divers endroits au XVIIe siècle. La façade nord, très intéressante, offre une succession de pignons de tailles variées et un décor de fin de gothique — gargouilles, chimères et pinacles — ainsi qu'une porte de la Renaissance en pierre de taille, pourvue de pilastres et de chapiteaux composites, encadrée par des contreforts ornés de bas‑reliefs représentant un donateur agenouillé et saint Crépin ou saint Crépinien ; l'un des contreforts porte la date 1807. La façade ouest et les bas‑côtés affichent des réemplois de pierres taillées et de modillons romans sculptés. Une porte extérieure sud, aujourd'hui murée, présente la date 1658 sur sa clé. Le clocher, de massif caractère roman et épaulé par de fortes contreforts, est sommé d'une flèche en charpente. À l'intérieur, le chœur primitif est en partie masqué par un grand retable du XVIIe siècle et, au XVIIIe siècle, le jubé fut détruit en 1746 puis remplacé par une grille qui a elle‑même été supprimée. Le mobilier compte cinq retables du XVIIe siècle et une chaire du XVIe siècle, tous classés, ainsi que des vitraux du XIXe siècle de l'atelier rennais Lecomte et Collin représentant plusieurs scènes religieuses (Assomption, Présentation au Temple, Adoration des Mages, Annonciation, entre autres). L'église est inscrite au titre des monuments historiques depuis le 1er juillet 1974.
