Origine et histoire de l'Église Saint-Cyr-et-Sainte-Juliette
L'église Saint-Cyr-et-Sainte-Julitte, ancienne chapelle du château de la Pannonie, est une église catholique paroissiale dédiée à saint Cyr de Tarse et à sa mère sainte Julitte, située sur la place centrale du hameau de La Pannonie, commune de Couzou (Lot). Le site du château et de sa chapelle a d'abord été une grange monastique, puis un prieuré servant au défrichement et à la mise en valeur du causse de Gramat au Moyen Âge. Les bâtiments primitifs furent détruits au cours de la guerre de Cent Ans ; par la suite, les nouveaux censitaires élevèrent un repaire qui ne conserve apparemment pas de vestiges des constructions cisterciennes du XIIIe siècle. Aux XVIe et XVIIe siècles, les transformations liées aux conflits et aux usages défensifs sont attestées : tours canonnières, murs percés de chambres de tir pour les couleuvrines, puis un château composé du repaire du XVe siècle et de deux ailes perpendiculaires au nord et au sud. Au XVIIIe siècle, une aile ouest fut ajoutée perpendiculairement aux autres et l'aile nord fut détruite ; l'intérieur conserve un salon au décor du XIXe siècle et du mobilier ayant appartenu au maréchal Soult.
L'église paroissiale d'Alzou était jugée trop éloignée des habitants de La Pannonie et, dans le deuxième quart du XVIIe siècle, Jean Magdelon de La Grange finança la construction d'une nouvelle église près du château ; il mourut criblé de dettes en 1655 et son fils vit ses biens saisis en 1656. En 1685 la Pannonie passa à Pierre-Antoine Vidal de Lapize, qui en prit possession en 1687. Au XVIIIe siècle, lors d'un important chantier de reconstruction du château, l'église reçut un nouveau clocher et un retable en bois doré. Au milieu du XIXe siècle, Marie Louis Charles Vidal de Lapize fit agrandir l'église en ajoutant un chœur et des chapelles latérales ; la sacristie porte la date de 1864. Après la séparation des Églises et de l'État en 1905, les propriétaires du château achetèrent l'église, puis la léguèrent en 1981 à l'Association culturelle pour la préservation de l'église de la Pannonie, qui en assure l'entretien et la conservation. L'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques le 27 décembre 2012.
Le bâtiment est caractéristique du patrimoine quercinois, avec des murs en moellons de pierre du causse ; le sol est en dallage de pierre, à l'exception du chœur et d'une des chapelles latérales qui sont revêtus de carreaux de ciment. La couverture de la partie la plus ancienne, nef et clocher, présente un dispositif rare dans cette partie du Quercy : la nef ne comporte pas de charpente et la pierre recouvre la voûte, donnant à l'ensemble un profil en forme de carène de vaisseau. Les lauzes de couverture, fortement endommagées par le temps et ayant compromis l'étanchéité, ont fait l'objet d'un programme de restauration financé en partie par des dons du public ; la première tranche, qui a porté sur la réfection du clocher et de la couverture traditionnelle en lauzes de la nef, s'est déroulée de septembre 2019 à 2020.
La décoration intérieure comprend un chemin de croix, un retable et trois autels, un bénitier en pierre, des fonts baptismaux et plusieurs statues ; une plaque portant la liste des morts de la paroisse pour la Première Guerre mondiale est apposée sur un mur intérieur près de la porte d'entrée. Le clocher abrite une cloche massive baptisée "Félicie", fondue en 1872 ; la marraine fut Marie Thérèse de la Pannonie et le parrain Paul Bergougnoux de Cavagnac, leurs noms figurent sur la robe de la cloche, qui porte également la mention "Je loue Dieu, j'invoque la Vierge Marie", le nom du fondeur aveyronnais et la date.
Le cimetière paroissial attenant compte une trentaine de tombes de familles des hameaux environnants, notamment de Couzou, Gibert, Lauzou, Cavagnac, Roques et Les Aspes. Les registres paroissiaux de La Pannonie, avec quelques lacunes, couvrent la période 1724-1799 et sont conservés aux archives départementales de Cahors. Parmi les curés connus de la paroisse figurent Jean Pelaprat (1724-1772), Jean-François de Vidal de Lapize (1772-1773), Barthélémy Solinhac (1774-1791), Louis Pulverières (avant 1841), Antoine Pulverières (avant 1877), Baptiste Dalbin (après 1886), Marie Jean Laganne (vers 1891 avant 1906), Ludovic Barres (après 1906 avant 1911) et Julien Magal (vers 1911 avant 1926) ; à partir des environs de 1926, il ne semble plus y avoir de curé à demeure à la Pannonie.
La plaque commémorative intérieure porte les noms des soldats de la paroisse tombés pendant la Première Guerre mondiale, notamment Aspirant René Bergougnoux, Jérémie Izorche, Albert Coustou, Joachim Lacombe, Georges Lacombe, Albert Bergougnoux, Firmin Pelaprat, Henri Pelaprat, Jean Gratias, Germain Born, Arsène Vers et Paulin Decros.