Origine et histoire de l'Église Saint-Denis
L'église Saint-Denys est une église catholique paroissiale située à Arnouville, dans le Val-d'Oise. Œuvre méconnue de l'architecte néo-classique Jean-Baptiste Chaussard, elle a été achevée en 1782 et remplace une église médiévale implantée dans le parc du château. Sa reconstruction s'inscrit dans le vaste projet d'urbanisme mené par le comte Jean-Baptiste de Machault d'Arnouville, qui concernait le château, son domaine et le village. Le nouveau quartier, édifié après 1750 autour de places circulaires et de voies radiales, fut conçu par Pierre Contant d'Ivry et Jean-Michel Chevotet. L'église occupe le centre ancien d'Arnouville, près du château, sur un tertre en retrait du rond-point des Victoires ; sa façade donne sur la place, de sorte que le chevet est irrégulièrement orienté vers le nord-ouest. Implantée perpendiculairement à la déclivité, elle bloque l'axe du rond-point et explique le tracé sinueux de la rue du Ratelier. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques depuis l'arrêté du 12 juin 1986 et dépend aujourd'hui de la paroisse Notre-Dame-de-la-Paix d'Arnouville ; des messes dominicales anticipées y sont célébrées le second samedi du mois à 18 h.
Les origines paroissiales remontent à un rapport ancien avec l'abbaye de Saint-Denis, attesté par un diplôme du roi Eudes, et le patronage de saint Denys explique le nom du village anciennement évoqué comme Ermenouville. La première église semble exister au moins depuis le XIe siècle; au XIIe siècle l'autel est donné au prieuré Saint-Martin-des-Champs et cette situation est confirmée par plusieurs bulles papales et par des actes locaux. Les plans anciens montrent que l'édifice médiéval était situé en amont dans la vallée du Petit Rosne et régulièrement orienté ; il avait été qualifié au XVIIIe siècle d'édifice « fort commun » et parfois réparé. Sous l'impulsion du comte de Machault, une reconstruction est entreprise, retardée par sa disgrâce en 1757 et menée finalement par Jean-Baptiste Chaussard après la mort des architectes initiaux; l'église nouvelle est achevée en 1782.
Construite essentiellement en brique enduite, la façade est la seule élévation richement traitée tandis que le reste de l'édifice présente un « discours architectural pauvre », selon Dominique Foussard. La façade s'organise en deux registres : un corps principal avec portail encadré de pilastres et fronton en arc de cercle, et une attique centrale flanquée de deux demi-pignons sur les bas-côtés, le tout couronné d'un fronton triangulaire. Le portail, à porte rectangulaire à double vantail, est entouré d'un large bandeau et couronné par un entablement mouluré; une fenêtre en demi-lune factice occupe le fronton plaqué.
L'église adopte un plan rectangulaire simple et symétrique, avec une abside rectangulaire saillante qui forme la base du clocher. L'intérieur suit un plan basilical : trois vaisseaux et six travées sont délimités par deux colonnades d'ordre dorique, sans cannelures, composées de cinq colonnes de chaque côté et de deux pilastres. La fausse voûte en berceau du vaisseau central lui confère une hauteur supérieure à celle des collatéraux, qui sont coiffés de plafonds plats; la sacristie, située devant le chevet, occupe un étage et atteint la hauteur des collatéraux. La décoration intérieure est concentrée sur l'entablement et la modénature ; le chœur, mis en valeur par l'abside et son grand retable, est traité par une superposition de plans qui accroît la profondeur visuelle. Les collatéraux, plus sobres, abritent toutefois des retables latéraux ordonnés d'après le portail et rompant avec la nudité des murs ailleurs.
Le retable du maître-autel se résume à un grand tableau cintré de Larriel représentant saint Denys prêchant aux portes de Paris, tandis que deux retables latéraux sont consacrés à saint Joseph et à la Vierge Marie. Le mobilier est peu abondant mais en grande partie contemporain de l'édifice : on note un tambour de porte orné de pilastres cannelés, des bénitiers en forme de coquille, des fonts baptismaux traités en faux-marbre rouge et quelques pierres tombales anciennes intégrées au dallage. Le maître-autel ancien, en forme de tombeau galbé et traité en faux-marbre gris et rouge, provient de la chapelle du château ; son tabernacle porte un monogramme AM et la représentation du pélican mystique. Le confessionnal, dépourvu d'ornements remarquables sauf une grille en fer forgé, et douze vitraux hagiographiques des bas-côtés signés Claudius Lavergne complètent le mobilier. L'ensemble dégage un effet puissant grâce aux diamètres importants des piliers et à la concentration de la décoration sur les multiples strates de la modénature, rapprochement que Dominique Foussard établit avec certaines réalisations néo-classiques de la fin du XVIIIe siècle.