Origine et histoire de l'Église Saint-Denis de Jouy-le-Comte
L'église Saint-Denis de Jouy-le-Comte, située sur la commune de Parmain (Val-d'Oise), est une église catholique paroissiale implantée dans le noyau historique de Jouy-le-Comte. Les parties les plus anciennes datent de la première moitié du XIIe siècle, bien que seul le mur nord de la nef puisse provenir de l'édifice primitif. Peu avant le milieu du XIIe siècle a commencé une reconstruction des parties orientales menée sur une cinquantaine d'années, qui débute par le croisillon sud et une chapelle orientée romane voûtée en berceau, puis se poursuit par des travées relevant du premier art gothique. L'abside, la travée droite du chœur, la croisée du transept, le croisillon nord et la chapelle orientée nord s'achèvent ensuite et présentent des voûtes d'ogives d'intérêt archéologique. Le clocher, base de la croisée, n'a été achevé qu'à une période avancée du XIIIe siècle ou au tout début du XIVe siècle, comme l'indiquent les profils des colonnettes et les décors de chapiteaux. À la Renaissance, la construction d'un bas-côté sud et d'une façade de goût Renaissance, évoquant les réalisations de Nicolas Le Mercier, a transformé l'aspect extérieur, mais l'ensemble des travaux est resté inachevé et le voûtement de la nef n'a jamais été réalisé. Les grandes arcades reliant le bas-côté à la nef ont été mises en œuvre au milieu du XVIIe siècle, sans que la sculpture des supports ni le voûtement projeté aient été menés à terme. Le chœur du XIIe siècle et le clocher ont été classés au titre des monuments historiques, le reste de l'édifice ayant fait l'objet d'une inscription complémentaire. L'église demeure un lieu de culte actif et accueille généralement deux messes dominicales anticipées par mois.
Implantée dans la vallée de l'Oise et dans le Parc naturel régional du Vexin français, l'église est alignée sur la place du village ; sa façade méridionale est la plus visible depuis le bourg, la façade occidentale donnant sur une rue étroite, la façade septentrionale s'ouvrant sur un petit parking paroissial et le chevet restant lisible depuis la rue du Moulin. Les origines paroissiales sont mal connues, mais la présence d'un prêtre est attestée par une charte de 1159, et la paroisse est placée sous le patronage de saint Denis. Sous l'Ancien Régime elle dépendait du doyenné de Beaumont et du diocèse de Beauvais, le curé étant nommé par l'évêque, et les dîmes relevant successivement de prieurés et d'abbayes ; après la Révolution la paroisse a été intégrée dans le diocèse de Versailles, puis elle dépend aujourd'hui de la paroisse de L'Isle-Adam rattachée depuis 1966 au diocèse de Pontoise. Une association locale, l'Association pour la rénovation de l'église de Jouy-le-Comte (A.R.E.J.), œuvre au rayonnement cultuel et culturel et finance des travaux de restauration.
Le plan de l'édifice, globalement cruciforme mais irrégulier, comprend une nef de deux travées accompagnée d'un unique bas-côté au sud, un transept aux deux croisillons dissemblables, un clocher au droit de la croisée, deux chapelles orientées et un chœur formé d'une travée droite et d'une abside en hémicycle à pans coupés ; la sacristie et une cage d'escalier sont des adjonctions postérieures. L'intérieur présente un plafond lambrissé dans la nef, un plafond plat dans le bas-côté, une voûte en berceau brisé dans le croisillon sud, des berceaux plein cintre dans la chapelle orientée sud et des voûtes d'ogives dans les autres travées, l'abside étant voûtée par cinq ogives. La nef, d'allure sobre, est peu ornée ; elle reçoit deux tableaux, deux vitraux posés en mai 2014 et une niche abritant une Vierge à l'Enfant ; les grandes arcades en pierre de taille sont non moulurées et leurs chapiteaux restent essentiellement cubiques et non sculptés. La croisée du transept et la travée droite du chœur, datées des années 1150-1190, constituent les éléments les plus intéressants sur le plan archéologique, avec leurs arcades en tiers-point, leurs faisceaux de colonnettes et des clés de voûte et chapiteaux sobres. L'abside conserve des caractères proches de l'architecture romane, avec formerets toriques, fenêtres en cintre surbaissé et une corniche appuyée sur corbeaux, bien que l'exécution du voûtement présente quelques maladresses.
Les deux croisillons et leurs chapelles montrent des variations décoratives : le croisillon sud est d'une austérité marquée, tandis que le croisillon nord et la chapelle orientée nord comportent des chapiteaux à feuilles d'acanthe et quelques figures animales, souvent resculptés à l'époque moderne. La présence d'une arcade bouchée à l'ouest de la chapelle orientée nord suggère un aménagement ancien qui n'a pas donné lieu à un bas-côté nord. À l'extérieur, l'élévation méridionale traduit la superposition de campagnes : l'abside du XIIe siècle reste lisible, le bas-côté et la façade Renaissance datent du XVIe siècle et la façade occidentale a été remaniée au XIXe siècle. Le clocher en bâtière, en pierre de taille, présente des baies de beffroi à deux lancettes surmontées d'un quatre-feuilles, des colonnettes à chapiteaux, des profils de remplage et un décor de têtes humaines qui rappelle certains clocher du Vexin.
Parmi les éléments de mobilier, les fonts baptismaux, de plan circulaire et remontant au XIIIe siècle, sont classés ; deux grands tableaux à l'huile — une ébauche attribuée à Théodore Chassériau représentant le Christ et la femme adultère et une scène du Christ porté au sépulcre attribuée à Yan' Dargent — sont également protégés, d'autres peintures et statues complétant le mobilier. Des vitraux anciens et modernes ornent l'édifice : deux vitraux de la fin du XIXe siècle représentent saint Denis et la Vierge, un vitrail consacré à sainte Jeanne d'Arc est signé Maurice Rocher et des verrières contemporaines offertes par l'A.R.E.J., dont une œuvre de Me Weiss-Grüber et plusieurs créations de Michel Guevel, ont été installées au début du XXIe siècle. Une cloche portant une inscription de 1767 a survécu à la Révolution ; une seconde cloche a été installée en 2000, dont le moule est exposé dans l'église, et un carillon de huit cloches a été monté en 2003.