Origine et histoire de l'Église Saint-Denis-de-la-Croix-Rousse
L'église Saint-Denis-de-la-Croix-Rousse se situe rue Hénon, dans le quartier de la Croix-Rousse à Lyon, en Auvergne-Rhône-Alpes. Un plan de 1550 montre la croix rousse à l'intersection de la Montée de la Boucle et de la Grande Rue, qui a donné son nom au quartier, situé hors des remparts de Lyon. La Grande Rue était la voie d'accès à la ville pour les voyageurs venus d'Allemagne, d'Alsace et de la Dombes ; elle abritait échoppes et hôtelleries et, en 1694, comptait environ soixante foyers représentant 370 habitants ainsi que 113 maisons de campagne de Lyonnais. En 1623, les Augustins déchaussés décidèrent de fonder une maison à Lyon et obtinrent la permission de s'installer à la Croix-Rousse en 1624. L'archevêque Denys de Marquemont demanda que l'église de la Croix-Rousse soit dédiée à saint Denis, et la première pierre fut posée en 1629 après la collecte de fonds et une nouvelle autorisation. L'édifice fut détruit pendant la Révolution ; les Augustins furent expulsés et leurs biens vendus comme biens nationaux, dont l'actuel 100 rue Hénon. Après la Révolution, l'église fut rendue au culte et retrouva sa dénomination et sa vocation paroissiale lors de l'installation du cardinal Fesch dans la cathédrale Saint-Jean le 2 janvier 1803. Le premier curé, Jean-Matthieu Chazette, entreprit à partir de 1830 des travaux de restauration et d'embellissement dirigés par l'architecte Antoine-Marie Chenavard ; la façade, d'inspiration baroque sobre, et l'architecture intérieure néo-romane furent ensuite enrichies d'éléments byzantins. Les interventions comprirent l'ouverture du bas-chœur, la refonte de la tribune, la restauration des tableaux, l'installation de nouvelles cloches et la remise en activité des confréries. En 1847 le chœur actuel, dessiné par Forest, fut construit et deux ailes furent élevées de part et d'autre, transformant l'ancienne église conventuelle en nef centrale ; la tribune fut achevée en 1848, les orgues ayant été acquises en 1838. Sous le curé Artru (1853-1875) furent commandés les vitraux des nefs latérales et installées deux statues de saint Denis et de saint Joseph sorties des ateliers de Fabisch ; un vitrail à gauche en entrant représenterait le curé sous les traits de saint Vincent de Paul. À sa mort le 27 mai 1875, les paroissiens élevèrent un monument dans la nef latérale gauche où son cœur est conservé. Son successeur Zacharie Paret (1875-1898) fit construire en 1891 la chapelle Notre-Dame-des-Sept-Douleurs et procéder à l'ornementation du chœur et des deux chapelles latérales autour de 1876, avec plaques imitant le marbre veiné et une frise peinte sur fond d'or. La coupole porte une composition d'Auguste Perrodin représentant un Christ en majesté entouré de saints, et près de l'autel est conservée la bannière des maîtres tisseurs de la Croix-Rousse, chef-d'œuvre de broderie, protégée depuis 1885. Le premier orgue, construit vers 1880 par le facteur Guetton-Dangon, était de style romantique, placé dans le chœur et comptait quinze jeux ; il fut déplacé à la tribune en 1936 et électrifié sans modification du timbre. En 1968 la maison Dunand construisit un instrument neuf, inauguré le 15 mai 1968 par Joseph Reveyron ; la traction mécanique et le re-diapasonnement des tuyaux ont rapproché son esthétique de celle d'un orgue du XVIIIe siècle, avec l'ajout de jeux nouveaux et de mixtures. Un relevage eut lieu en 1981 pour traiter l'oxydation des jeux d'anche et ajouter un clairon de pédale ; un second relevage, confié aux établissements Olivier Bernard, a réparé les effets de la poussière, des moteurs défaillants et des affaissements de tuyaux survenus après la canicule de 2003, environ 1 800 tuyaux ayant été raccordés. Le mobilier comporte sept objets classés au titre des objets dans la base Palissy, parmi lesquels une toile représentant saint Fortunat intercédant auprès de la Vierge, œuvre de Germain Panthot longtemps attribuée à Jacques Blanchard, un confessionnal, deux reliquaires, le portrait de l'abbé Nicod (daté entre 1830 et 1853), une statue en bois du Christ souffrant et un chandelier pascal. Dans le chœur, les voûtes semi-sphériques abritent trois peintures murales d'Auguste Perrodin : au centre le Christ bénissant entouré de saints et de martyrs, à gauche l'Apparition du Sacré-Cœur à Marguerite-Marie Alacoque et à droite saint Dominique recevant le rosaire de la Vierge, avec sainte Catherine de Sienne. L'église est inscrite au titre des monuments historiques depuis le 20 mai 1986. Le site est desservi par la station Vélo'v Hénon, la station de métro Hénon et par les lignes de bus C13 et S4/2.