Origine et histoire de l'Église Saint-Denis
L'église Saint-Denis est une paroissiale catholique située à Remy (Oise), dans la plaine d'Estrées, dominée par son haut clocher-porche. L'édifice, principalement de style gothique flamboyant avec des apports de la Renaissance, remplace un bâtiment plus ancien dont subsistent notamment les murs d'extrémité du transept attribuables au début du XIIIe siècle. Le clocher-porche, daté du XVIe siècle et haut d'environ 35 m, a été remanié entre 1861 et 1873, période où on lui a ajouté des réseaux de baies au niveau du beffroi, une balustrade et une flèche. Extérieurement, la séparation entre la nef et le chœur est prononcée : les murs gouttereaux bas et rustiques des bas-côtés contrastent avec l'élégance et la hauteur des parties orientales ornées d'un décor Renaissance raffiné. L'intérieur présente une dominante flamboyante ; nef et chœur sont proches en hauteur et en largeur, mais les voûtes actuelles de la nef et du bas-côté sud datent du XIXe siècle et sont dépourvues d'intérêt artistique. Seul le bas-côté nord conserve un remarquable plafond lambrissé du XVIe siècle. Le double transept et l'abside à pans coupés forment un ensemble homogène et assez rare, notamment par l'emploi de piliers ondulés à huit renflements coiffés de frises Renaissance servant de chapiteaux. Ces frises, puisant dans l'architecture antique, n'imitent toutefois aucun des ordres classiques et présentent quelques défauts d'exécution dans la modénature. L'église, qui n'a jamais été qu'une simple paroissiale rurale, possède un mobilier riche, parmi lequel figurent un ensemble de vingt-six stalles du milieu du XVIe siècle ainsi que plusieurs statues, dalles funéraires et fonts baptismaux remarquables. Neuf verrières réalisées par l'abbé Théodore‑Cyrille Deligny entre 1861 et 1873 ornent l'abside et les croisillons du transept ; ce curé de Remy de 1863 à 1883 s'était formé à la pratique du vitrail et a créé des compositions souvent originales, parfois proches de préoccupations annonciatrices de l'Art nouveau. L'abbé Deligny entreprit, à ses frais, une importante restauration intérieure et participa à l'amélioration extérieure du clocher, qui reçut alors une flèche octogonale et des remplages néo-gothiques aux baies du beffroi. La date de fondation de la paroisse n'est pas attestée avant le XIIIe siècle mais son vocable, Saint Denis, renvoie à des origines anciennes et à des liens possibles avec des établissements religieux voisins. Sous l'Ancien Régime la paroisse relevait du doyenné de Coudun, de l'archidiaconé de Breteuil et du diocèse de Beauvais ; quatre chapelles à bénéfices dépendaient de la cure. Les vestiges conservés du bâtiment primitif permettent de penser que l'église du XIIIe siècle possédait une nef basilicale non voûtée, de petites fenêtres hautes et un transept d'une moindre hauteur que l'actuel. La reconstruction engagée à la fin du XVe siècle a concerné le clocher, la nef et ses bas-côtés dans un style flamboyant ; le chœur, plus tardif, associe des formes flamboyantes tardives et des motifs de la Renaissance, chantier dont le millésime 1564 est gravé sur un mur extérieur. Les piliers de la nef, ondulés et à bases indépendantes, ainsi que les profils simples des grandes arcades résultent en partie de reprises et de retaillages effectués lors des différentes campagnes de construction. Le plan est cruciforme presque symétrique et l'édifice, d'une longueur de 39 m pour 17 m de largeur, comprend un narthex sous le clocher, une nef de quatre travées accompagnée de deux bas-côtés, un double transept et une abside à cinq pans. Les bas-côtés ont été remaniés au XIXe siècle : le bas-côté sud reçoit des voûtes d'ogives tardives tandis que le nord conserve son lambris ancien ; l'élévation extérieure montre un appareil et un traitement des contreforts variables. L'enfeu ou petite loge seigneuriale du deuxième croisillon nord présente un décor soigné de voûtes et de culs‑de‑lampe et évoque une fonction non liturgique, sa forme et ses portes rendant l'interprétation incertaine. À l'extérieur, les parties orientales du XVIe siècle affichent une ornementation Renaissance marquée — remplages, niches à statues, frises et corniches sculptées — qui se distingue par son raffinement dans le département. Au XXe siècle, l'église fut touchée par des obus en 1914 et 1918, de nouveau endommagée en juin 1940 puis lourdement affectée par une explosion le 2 août 1944 ; plusieurs verrières furent restaurées dans les années 1950 et, depuis, l'édifice a bénéficié d'une remise en état quasi complète. L'église Saint-Denis a été classée au titre des monuments historiques par arrêté du 5 février 1920. Le mobilier protégé comprend notamment les vingt-six stalles classées, des statues classées ou inscrites, les fonts baptismaux datés du XIIIe siècle et la dalle funéraire gravée du curé Gérard Delan. Aujourd'hui Saint-Denis relève de la paroisse Saint-Joseph de la plaine d'Estrées et accueille des messes dominicales anticipées certains samedis à 18 h 30.
