Origine et histoire de l'Église Saint-Denis
L’église Saint-Denis est une église catholique paroissiale située à Rieux (Oise), rue Joseph-Havy, près de la limite orientale du village ; elle est rattachée à la paroisse Tous les Saints du Creillois-Nord. Inscrite au titre des monuments historiques par un arrêté de 1926, elle a perdu au cours du XIXe siècle plusieurs de ses parties par manque d’entretien, notamment les bas-côtés de la nef et la pyramide de pierre qui coiffait autrefois le clocher. Originellement romane, l’édifice conserve un transept partiellement roman et un chœur-halle gothique du XIIIe siècle, la nef ayant été désaffectée puis transformée en mairie-école à la fin du XIXe siècle ; elle sert aujourd’hui de logements. La paroisse, dépendant du diocèse de Beauvais et anciennement du doyenné de Pont-Sainte-Maxence, appartenait au XIIe siècle à l’abbaye Saint-Germer-de-Fly ; l’abbé Lambert confia la protection de la seigneurie au comte Raoul I de Clermont en 1190, moyennant un cens annuel. Le statut de Rieux comme siège d’une mairie royale expliqua vraisemblablement l’édification d’un chœur plus représentatif au XIIIe siècle, malgré une population réduite.
Les vestiges permettent de suivre l’évolution : la croisée du transept conserve trois piliers du premier tiers du XIIe siècle avec des chapiteaux romans, tandis que la voûte d’ogives actuelle date du XVe siècle et repose partiellement sur des culs-de-lampe modernes. L’arcade qui met en relation la croisée et le chœur est d’origine et atteste qu’un chœur roman précéda la construction gothique, mais la transformation du XIIIe siècle entraîna la démolition des absidioles et du chœur romans. À la fin du XIIIe siècle, le croisillon sud fut prolongé par une chapelle tardive, aujourd’hui transformée en sacristie, et au moins trois chapellenies sont attestées dans les sources anciennes.
Au XIXe siècle l’état des parties occidentales conduisit à des réductions successives : en 1815 les bas-côtés furent démolis, la nef fut progressivement abandonnée puis convertie en école et mairie entre 1867 et 1870, et la flèche de pierre du clocher fut abattue en 1872 pour être remplacée par un toit d’ardoise. Plusieurs interventions et remaniements expliquent les irrégularités visibles aujourd’hui, comme le désaxement du chœur par rapport à la nef et la disposition inégale des baies.
L’édifice se réduit désormais à un chœur-halle de trois travées de même largeur et hauteur et à un transept dont la croisée porte un clocher octogonal tronqué ; le chœur communique uniquement avec la croisée et le croisillon sud, le croisillon nord ayant été aménagé en chapelle. Les trois travées du chœur et la chapelle sont voûtées d’ogives, tandis que les croisillons conservent des voûtes en berceau romanes établies en continuité avec les murs latéraux, particularité rare et remarquable. La chapelle méridionale présente sur ses murs basses des arcatures plaquées et des fresques polychromes représentant la vie de sainte Catherine et de saint Jean-Baptiste, aujourd’hui partiellement masquées par la sacristie.
La croisée du transept rassemble des chapiteaux romans à décor d’entrelacs, de losanges et de motifs figurés — un cheval et un oiseau tenant un poisson sont notamment sculptés — que des commentateurs anciens jugeaient « sauvages » et originaux. Les ogives du XVe siècle, à formerets, retombent sur des culs-de-lampe à décor végétal et atteignent une hauteur notable sous clé. La nef, qui n’a jamais été voûtée, conserve des traces de trois petites fenêtres romans et d’une corniche à modillons non sculptés ; les grandes arcades ont été reprises au XIIIe siècle en arc brisé et portent des moulures toriques.
Le chevet se distingue par une fenêtre centrale de grande dimension, subdivisée en lancettes et surmontée d’un oculus à rosace hexalobée, encadrée de chapiteaux ; des piscines liturgiques et des niches attestent des usages liturgiques anciens. Les chapiteaux du chœur sont à tailloirs polygonaux et sculptés de feuillages polychromes, et quelques culots présentent des figures originales — caricatures, insecte ailé, outils agricoles — que l’on a rapprochées des activités viticoles locales évoquées dans les archives médiévales.
À l’extérieur, la façade occidentale romane, épaulée par des contreforts, conserve une triple archivolte torique et une rosace constituée d’oculi circulaires, tandis que les élévations portent des traces des ouvertures médiévales malgré des reprises postérieures et des ajouts modernes. Le clocher octogonal, dont la superstructure a été remaniée, présente encore des tailloirs et des chapiteaux décorés et historiés autour des baies autrefois subdivisées, tandis que la flèche primitive a presque totalement disparu.
Parmi le mobilier, trois pièces sont classées au titre des objets : les fonts baptismaux en pierre du XIIe siècle, la dalle funéraire à effigie de Villers et Alice de Rieux (vers 1390) et une cloche en bronze datée de 1550. L’ensemble fait de l’église Saint-Denis un témoin notable des continuités et des remaniements du bâti religieux entre les XIe–XVe siècles et des usages qui ont modifié durablement le plan primitif.
