Origine et histoire de l'Église Saint-Denis
L'église Saint-Denis de Serans (Oise) est une église catholique paroissiale inscrite au titre des monuments historiques et située sur le flanc sud d'une butte du Vexin, à l'écart du village. Le clocher en bâtière, la partie la plus ancienne, est de style roman et attribué à la première moitié du XIIe siècle ; sa base est voûtée en berceau. Immédiatement à l'est de cette base, une travée voûtée d'ogives, attribuée à la fin de la période romane, subsiste et fait de Serans l'une des quarante églises de l'Oise conservant des voûtes d'ogives romanes. Le chœur primitif fut prolongé et modifié au début du XIIIe siècle par une seconde travée et des chapelles latérales, tandis que les croisillons et la chapelle nord ont été rebâtis au début du XVIe siècle, probablement après des dommages liés à la guerre de Cent Ans. Au second quart du XVIe siècle l'ancienne nef fut remplacée par la nef actuelle et ses bas‑côtés ; étroite et élevée, éclairée par des fenêtres hautes, elle illustre un gothique flamboyant d'aboutissement avec des emprunts déjà renvoyant à la Renaissance dans certains éléments décoratifs. La façade occidentale, ordonnancée sur trois niveaux séparés par des balustrades et richement ornée, se distingue comme un exemple notable du décor flamboyant local ; elle serait achevée vers 1540. L'église a été classée monument historique par arrêté du 7 mars 1908. Aujourd'hui, l'édifice dépend de la communauté Vexin‑ouest de la paroisse Saint‑François du Vexin, qui a suspendu les messes dominicales régulières en 2018.
Le bâtiment répond à un plan cruciforme presque symétrique comprenant une nef de quatre travées, deux bas‑côtés, un transept avec clocher central et un chœur de deux travées se terminant par un chevet plat ; la sacristie occupe l'angle entre la chapelle sud et la seconde travée du chœur. La base du clocher conserve son berceau mais les arcades qui l'ouvrent ont fait l'objet de reprises ultérieures ; le reste de l'édifice est voûté d'ogives. La nef et les bas‑côtés actuels datent essentiellement du XVIe siècle, mais leurs fondations et certaines orientations conservent des traces d'étapes de construction antérieures.
À l'intérieur, l'élévation de la nef présente des piliers ondulés complexes et douze niches à dais sculptés destinées aux statues, tandis que les chapiteaux de second ordre et certains tailloirs témoignent d'influences renaissantes. Les grandes arcades, au profil d'une double doucine, retombent sur des piliers aux renflements contrastés et sur des culs‑de‑lampe sculptés dans les angles ; l'un d'eux représente un pélican nourrissant ses petits, allégorie eucharistique. Les voûtes de la nef, au dessin inhabituel, privilégient des nervures larges formant une croix centrale reliée aux angles par de nombreuses liernes, et les clés de voûte sont souvent simplement moulurées. Les bas‑côtés, éclairés par quatre baies de chaque côté, offrent des voûtes plus légères avec des clés de voûte décorées de motifs floraux ou de têtes sculptées, et leurs retombées se font principalement sur des culs‑de‑lampe afin de ne pas encombrer ces espaces étroits.
Le chœur associe une première travée romane voûtée d'ogives, dont certains chapiteaux sont bien conservés, et une seconde travée retravaillée au XIXe siècle : les fenêtres de l'abside et le remplage néogothique ont fortement remanié cet ensemble, et les parements intérieurs ont été badigeonnés à cette époque. Le croisillon et la chapelle sud présentent des voûtes et des chapiteaux mutilés, tandis que le croisillon et la chapelle nord, reconstruits au XVIe siècle, conservent un mobilier lapidaire et des culs‑de‑lampe plus lisibles ; quelques emblèmes héraldiques ont été bûchés à la Révolution.
La base du clocher, bien que considérée comme la partie la plus ancienne, a été profondément remaniée et sa voûte en berceau pourrait avoir été refaite aux XVIIe ou XVIIIe siècles ; les arcades latérales attestent de reprises en sous‑œuvre liées aux différentes campagnes de construction. À l'extérieur, les élévations se caractérisent par des contreforts, des arcs‑boutants et des corniches variées, tandis que le chevet et les chapelles présentent des appareillages contrastés témoignant de remaniements successifs et d'anciennes campagnes de construction.
Parmi le mobilier, la cloche datée de 1561, aujourd'hui fêlée, est classée et déposée dans le bas‑côté nord ; le retable de la Vierge de la chapelle sud, de facture néo‑Renaissance daté par une inscription de 1847, est inscrit, et une statue de la Vierge à l'Enfant du XVIe siècle, précédemment classée, a disparu. D'autres éléments d'intérêt comprennent des tabernacles et boiseries des XVIIe‑XVIIIe siècles, des fonts néogothiques, un maître‑autel anciennement orné d'un bas‑relief de la Cène, des dalles funéraires et des vitraux à motifs symboliques dans la baie occidentale. L'ensemble du mobilier est assez complet mais seules quelques pièces bénéficient d'une protection au titre des monuments historiques.