Origine et histoire de l'Église Saint-Denis
L'église Saint-Denis, de culte catholique, se situe au centre du village de Villers-sous-Saint-Leu (Oise), rue de l'Église, près de la rive droite de l'Oise ; sa façade occidentale donne sur une rue trop étroite pour être appréhendée de loin et le petit parvis qui la précède porte le monument aux morts. Les origines de la paroisse sont anciennes et mal connues ; les parties les plus anciennes de l'édifice remontent au second quart du XIIe siècle et à la fin de la période romane : la nef et la base du clocher, couronnée d'une haute flèche de pierre peu visible depuis le sol. L'édifice apparaît comme le résultat d'agrandissements et de remaniements nombreux et successifs, principalement aux périodes gothique rayonnante et de la Renaissance, ce qui en fait un ensemble architectural complexe. La chapelle latérale nord et le portail sont attribués à la fin du XIIe siècle, tandis que les voûtes de la nef et du chœur datent du milieu du XIIIe siècle et sont de qualité rayonnante ; la chapelle latérale sud et son ancien portail occidental relèvent également de la période rayonnante. Au XVIe siècle, des travaux de reprise — notamment le revoûtement de deux travées de la chapelle sud et la reconstruction de piles du clocher — ont laissé des traces de style Renaissance et modifié certaines baies. Deux vitraux datés du XVIe siècle, représentant l'arbre de Jessé et la Déploration du Christ mort, sont classés et la statue de la Vierge à l'Enfant du XVIe siècle est également protégée ; l'église est classée au titre des monuments historiques par arrêté du 11 janvier 1944. L'église dépend aujourd'hui de la paroisse Notre‑Dame des Deux Rivières de Montataire et accueille des messes dominicales à un rythme bimensuel.
Le plan est irrégulier, fruit des campagnes successives : une nef de trois travées dont les deux premières sont bordées au sud par le porche et la sacristie, la base du clocher formant la première travée du chœur, une seconde travée de chœur terminée par un chevet plat, une chapelle latérale nord de deux travées et une chapelle latérale sud de trois travées communicantes avec la dernière travée de la nef et les deux travées du chœur. La première travée de la chapelle sud se présente comme un faux croisillon, avec pignon et toit perpendiculaire, et les élévations orientales offrent une enfilade de pignons de profils différents. L'ensemble intérieur est voûté d'ogives, mais plusieurs voûtes et arcatures sont des reprises postérieures à la construction primitive de certaines travées.
La nef, initialement une salle rectangulaire non voûtée, est plus large que la base du clocher ; elle communique avec la chapelle nord par un passage berrichon et reçoit son éclairage principal par trois fenêtres en plein cintre hautes au nord. Le voûtement d'ogives, mis en place au XIIIe siècle, repose sur des faisceaux de colonnettes et des tailloirs à trois becs, avec chapiteaux sculptés de crochets ou de feuillages ; les ogives au profil de tore aminci présentent des clés arborant des couronnes de feuillages et des têtes humaines, témoignant d'un haut niveau esthétique propre à la période rayonnante. La façade occidentale, percée d'une fenêtre en anse de panier actuellement, conserve le souvenir d'une ancienne rosace désormais murée.
La base du clocher, barlongue dans le sens nord‑sud, communique par d'épaisses arcades en tiers‑point chanfreinées avec les travées voisines ; ces arcades, non moulurées, montrent des reprises en sous‑œuvre au milieu du XIIIe siècle. La seconde travée du chœur est plus profonde que large ; sa grande baie orientale, en tiers‑point, a perdu son remplage rayonnant et la partie inférieure est aujourd'hui murée, mais les vestiges indiquent un ancien remplage à trois lancettes. Des piles cylindriques de facture Renaissance et des cul‑de‑lampes sculptés ponctuent l'espace du chœur.
La chapelle latérale nord, édifiée à la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle, comporte deux travées de profondeur inégale, des lancettes simples et des traces de peintures murales au chevet ; ses voûtes retombent sur faisceaux de colonnettes et cul‑de‑lampes sculptés de crochets. La chapelle latérale sud, organisée en trois travées inégales, présente deux larges fenêtres rayonnantes au réseau élaboré et une fenêtre de la Renaissance en plein cintre ; le premier doubleau, plus massif, et certains éléments de profil témoignent d'une construction en deux temps et d'apports renaissants. Cette chapelle conserve une piscine liturgique sous arcature trilobée, une piscine de style Renaissance et des clés de voûte variées, dont une représentation rare d'un portrait féminin traité en homme‑vert et des décorations de type renaissant dans la dernière travée.
Le porche, initialement subdivisé en trois travées, a été réduit à une travée depuis la création de la sacristie et abrite l'unique portail encore en service, cantonné de groupes de colonnettes et d'archivoltes toriques ; le porche voûté combine une voûte d'ogives médiévale et des sections de berceau, tandis que la sacristie voûtée en berceau présente des doubleaux et des supports sommairement moulurés d'allure tardive. L'ancien portail occidental de la chapelle sud sert aujourd'hui d'accès depuis la sacristie et porte un tympan orné d'une arcature trilobée.
À l'extérieur, les élévations conservent un appareil soigné en pierre de taille et des contreforts romans ; la nef ne possède pas de façade occidentale monumentale et la vieille rosace y a été remployée. Le clocher roman offre, sur chacune de ses faces, des baies gémelées en plein cintre dont les archivoltes reposent sur colonnettes appareillées, et il est surmonté d'une flèche octogonale en pierre, allégée par des ouvertures et ornée d'écailles en bas‑relief. La chapelle nord est marquée par une lancette décorée d'un cordon en pointes‑de‑diamant, tandis que la chapelle sud présente au sud des contreforts dont les couronnements ont un caractère baroque, une tourelle d'escalier octogonale et une corniche de feuilles entablées sur sa première travée ; un petit cadran canonial figure à l'angle sud‑ouest.
Le mobilier comporte plusieurs pièces classées au titre des objets : les fonts baptismaux en pierre monolithique de style renaissant (classés depuis 1925), la statue polychrome de la Vierge à l'Enfant du XVIe siècle (classée depuis 1905) et un tableau peint à l'huile, l'Adoration des bergers signée Simion et datée de 1651 (classé depuis 1912). Deux verrières polychromes du XVIe siècle sont également classées : la verrière de l'arbre de Jessé au chevet de la chapelle sud, restaurée à plusieurs reprises et aujourd'hui en mauvais état, et le vitrail de la Déploration du Christ mort dans la travée médiane de la chapelle sud, très restauré et classé plus récemment. Parmi les autres objets figurent une statuette en albâtre de la Vierge mutilée (XVIIe siècle), une statue de sainte Barbe, une poutre de gloire avec crucifix et divers éléments liturgiques et funéraires dont une plaque de fondation datée du XVIIe siècle.