Origine et histoire de l'Église Saint-Didier
L’église Saint‑Didier, anciennement dédiée à saint Éterne, se situe à Villiers‑le‑Bel, place Aristide‑Briand, au cœur du centre ancien. La façade principale, orientée au sud, donne sur la place tandis que la façade occidentale ouvre sur la rue Victor‑Gouffé ; les autres côtés bordent l’enceinte de l’école Saint‑Didier. Deux murs et le croisillon sud remontent au premier quart du XIIIe siècle, mais l’essentiel de l’édifice date du dernier quart du XVe siècle et de la seconde moitié du XVIe siècle, mêlant influences gothique flamboyante et Renaissance. Malgré ces apports successifs, le plan cruciforme reste d’une grande homogénéité et l’ensemble, façades et intérieur, conserve une certaine harmonie, particulièrement grâce aux voûtes flamboyantes et aux finitions de style Renaissance. Une présence chrétienne est attestée à Villiers‑le‑Bel dès la fin de l’Antiquité, mais rien ne permet de préciser les édifices antérieurs à l’église actuelle. Au XIIe siècle, Radulphe de Bel offre les reliques d’Éterne d’Évreux ; vers 1140 la famille Le Bel fonde un prieuré qui, après donation à l’évêque de Paris, est rattaché à l’abbaye Saint‑Victor de Paris jusqu’à la Révolution. Les travaux engagés au début du XIIIe siècle concernent une nouvelle façade occidentale et le bas‑côté sud, le transept étant remplacé vers 1220 ; après un hiatus, la reconstruction reprend avec un nouveau chœur et ses collatéraux entre 1486 et 1498. Face à l’instabilité de la nef, une campagne financée par les habitants est lancée en 1546 ; le marché est attribué à Guillaume Godart de Beauvais par contrat du 22 décembre 1546, puis la direction passe à son fils Nicolas Godart en 1579. Entre 1547 et 1572 on refait les voûtes du bas‑côté sud, on reprend les parties hautes de la nef, on rebâtit presque entièrement le bas‑côté nord et on ajoute des arcs‑boutants pour étayer les murs. La famille de Montmorency, devenue seigneur de Villiers‑le‑Bel, contribue au financement et à l’apport d’ouvriers ; en 1561 des reliques attribuées à Didier de Langres sont introduites à la demande d’Anne de Montmorency pour raviver la dévotion. Au XVIIe siècle, dans le cadre de la Contre‑Réforme, l’église reçoit un mobilier baroque : le grand retable est installé en 1635 et un orgue figure parmi les dons du siècle (les sources mentionnent des dates 1664 et 1669 pour l’instrument). Un dernier agrandissement intervient en 1672 avec l’ajout d’une chapelle au nord, tandis que les reliques de saint Éterne se perdent pendant la Révolution. L’édifice est classé au titre des monuments historiques en 1931. La base du clocher souffre de désordres dès le XIXe siècle ; malgré des réparations, la pile sud‑ouest se déverse et les cloches cessent de sonner en 1992, rendant nécessaires des consolidations et la fermeture de l’église au culte en 2002. À la fin du XXe siècle et au début du XXIe, une vaste campagne de restauration est menée : étaiement, déconstruction et reconstruction fidèle du clocher pierre par pierre, opérations engagées à partir de 1998 et poursuivies jusqu’à la réouverture au culte le 2 janvier 2011, pour un coût total d’environ deux millions d’euros. Parmi les mobiliers remarquables, le retable de marbre polychrome exécuté en 1538 par Nicolas Prévost est classé depuis 1908 et comporte quatre statues protégées, et l’orgue primitif du XVIIe siècle, remanié au XVIIIe siècle, a été classé en 1939.