Origine et histoire de l'Église Saint-Dominique
L'église Saint-Dominique, anciennement Notre-Dame, se situe rue Charles-de-Gaulle à Vieux-Thann, dans le Haut-Rhin. Elle est attestée dès le Xe siècle et fut longtemps l'église la plus ancienne de la vallée de la Thur et l'église-mère de Thann jusqu'en 1389. Dédiée à la Vierge, elle a été un lieu de pèlerinage avant d'être supplantée au XIVe siècle par celui de saint Thiébaut, et a accueilli la Confrérie des ménétriers de Haute-Alsace ainsi que celle des tisserands de Thann. Une communauté de béguines s'y établit en 1289 ; elles adoptent la règle de saint Augustin en 1479, intègrent l'ordre des dominicaines en 1534 et restent sur le site jusqu'à la Révolution française. Les étapes de construction sont bien documentées par les Annales des Franciscains de Thann et la Petite chronique de Thann, qui donnent parfois des versions divergentes pour certaines datations. Des vestiges du XIIe ou du début du XIIIe siècle subsistent dans le mur nord de la tour jusqu'au milieu du dernier niveau, ainsi que dans la chapelle Saint-Michel. La nef a été reconstruite à la fin du XIVe siècle ; un autel en l'honneur de la Sainte-Croix, fondé par les ménétriers, est attesté par une lettre d'indulgence de 1399. Le chœur a été édifié au début du XVe siècle, tandis que sa voûte paraît dater du milieu ou de la seconde moitié du XVe siècle ; la voûte du rez-de-chaussée de la tour est datée vers 1511. Les Annales signalent des destructions et reconstructions : l'église est incendiée ou endommagée à plusieurs reprises (attaque par des compagnies d'Anglais en 1376, incendie par les Armagnacs en 1445) et fait l'objet de réparations achevées en 1455. D'autres événements historiques mentionnés sont l'incendie du village par les Suisses en 1468 et la foudre frappant le clocher en 1489. Au XVe et au début du XVIe siècle des travaux importants sont réalisés : Rémy Faesch, en charge de l'église, entreprend des interventions au début du XVIe siècle, le jubé et le saint sépulcre sont datés de 1516 selon la Petite chronique, et une porte est percée en 1511. Le jubé est supprimé au XVIIIe siècle, mais des arcades sont conservées sous la tribune d'orgue. Une restauration importante menée par l'architecte Jean-Baptiste Chassain en 1769 modifie profondément l'édifice, avec de nouvelles baies et un remaniement intérieur de la nef. Des marques de tâcheron sont visibles dans l'édifice. L'église fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis 1904 et d'une inscription depuis 1988.