Origine et histoire de l'Église Saint-Éloi
L'église Saint-Éloi, située à Bordeaux (Gironde) près de la porte de la Grosse Cloche, est un édifice de la fin de l'époque gothique. Elle comprend une nef principale et un unique bas-côté, et porte les traces de nombreuses reprises et transformations. L'élancement des voûtes est contrebuté par des contreforts dont la saillie forme une succession de chapelles latérales. Les voûtes présentent des liernes et des nervures disposées en étoiles, et l'abside est percée de fenêtres à meneaux et de broderies. À droite de l'abside se dresse un clocher ; la façade occidentale s'ouvre sur trois portails dont un seul est contemporain de l'édifice, les deux autres ayant été refaits en 1828, de même que la partie supérieure. Classée monument historique depuis le 30 juillet 1921, Saint-Éloi a été pendant longtemps l'église de la Jurade de Bordeaux. Une première chapelle romane dédiée à saint Éloi, construite au XIIe siècle hors des murs au sud de la ville, a précédé l'édifice gothique élevé en 1245 lorsque le faubourg s'est développé. L'église devint alors celle de la Maison de la Ville, institution dirigée par un maire assisté de jurats, et le lieu de certaines cérémonies publiques liées à l'élection et à l'investiture des jurats. Ces cérémonies comprenaient une procession le 24 juillet et la messe du Saint-Esprit le 1er août, au cours de laquelle les jurats prêtaient serment de gouverner la ville et de protéger les pauvres. Remaniée à la fin du XVe siècle, l'église a été consacrée le 30 avril 1497 par le cardinal André d'Espinay et est devenue alors l'église paroissiale du faubourg Saint-Éloi. À partir de 1790, elle fut convertie par les autorités révolutionnaires en magasin à fourrage, ce qui la mit à l'abri d'une destruction totale. Restaurée au milieu du XIXe siècle, sa façade fut remaniée en 1828 par l'architecte Poitevin. Fermée au culte dans les années 1980, elle servit d'archives avant d'être squattée et vandalisée, puis occupée par une association catholique de rite traditionnel fondée en 1983. Cette association entreprit la réouverture en septembre 2002 et mena des travaux de restauration, notamment la réfection des vitraux et le relevage du grand orgue, tandis que l'abbé Philippe Laguérie supervisa la restauration générale de l'édifice et du culte grégorien. La mise à disposition de l'église par le maire, décision juridiquement contestée, donna lieu à plusieurs jugements administratifs entre 2002 et 2005 ; malgré ces décisions, l'église resta occupée jusqu'à ce que, en 2007, le cardinal Ricard confie la paroisse à l'Institut du Bon-Pasteur. L'Institut, nouvellement érigé par le Saint-Siège, y célèbre exclusivement selon la forme extraordinaire du rite romain. En 2010, un reportage de France 2 a mis en lumière des liens allégués entre un groupe extrémiste et des personnes fréquentant la paroisse ; un procès en diffamation engagé par l'abbé Philippe Laguérie contre les journalistes s'est soldé par l'acquittement de ces derniers en 2014. Saint-Éloi est l'une des deux églises de l'agglomération bordelaise où la messe est célébrée selon la forme extraordinaire du rite romain. L'autel principal est un autel en marbre antérieur à la Révolution provenant de l'abbaye de La Sauve-Majeure, et le maître-autel est daté du XVIIIe siècle. L'édifice mesure 35 mètres de longueur, la nef dépasse 12 mètres de hauteur et l'unique bas-côté atteint 5 mètres ; le chœur est légèrement dévié pour suivre l'alignement des remparts. Près de la porte se trouve une inscription funéraire classée de 1633 relative à Théophile de Lauvergnac et à sa famille ; les autels intérieurs sont de style néogothique. Les orgues ont été restaurées au début des années 2010. Parmi les curés connus de la paroisse figurent l'abbé Bernard Théotime Couteau (1905-1923), l'abbé Dupeyron (vers 1953), l'abbé Philippe Laguérie (2007-2009), l'abbé Yannick Vella (2009-2017) et l'abbé Grégory Lutz-Wiest (depuis 2017). Les saints et bienheureux liés à l'église comprennent saint Éloi, patron de l'édifice, Sainte Jeanne de Lestonnac et le bienheureux Jean-Joseph Rateau.