Origine et histoire de l'Église Saint-Éloi
L'église Saint-Éloi, surnommée la « cathédrale des sables », est une église catholique située en plein centre de Dunkerque, dans le département du Nord. Elle est classée au titre des monuments historiques (1916) et son beffroi, ancienne tour de l'église primitive, est classé depuis 1840 et inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des Beffrois de Belgique et de France. Les origines remontent au milieu du XVe siècle, lorsque des maîtres d'œuvre gantois érigèrent l'édifice sur le terrain de l'hospice Saint-Jean. En 1558, la ville fut envahie et l'église brûlée ; seule la tour subsista. La reconstruction commença vers 1560 sous la direction de Jean de Renneville : le sanctuaire fut agrandi vers l'est, la nef principale surhaussée et les bas-côtés rebâtis avec des chapelles, mais les travaux s'interrompirent en 1585 faute de moyens. L'ancienne tour, séparée de la nouvelle église par les ruines, resta isolée et servit de clocher, de beffroi municipal et d'amer, le projet originel demeurant inachevé. Dès 1591 la tour fut transformée en passage public, et l'espace entre l'église et le beffroi fut remplacé par une rue en 1731. En 1782, l'intendant Calonne confia à l'architecte Victor Louis des travaux d'agrandissement destinés à accueillir une population croissante ; Louis proposa de reporter les murs extérieurs au-delà des contreforts et de réunir les chapelles latérales pour former deux nefs supplémentaires. Les travaux se poursuivirent jusqu'en 1787 : le campanile ajouté en 1610 fut démoli et une nouvelle façade, datée de 1785, fut réalisée sous la forme d'un portique classique à fronton et colonnes. De 1793 à 1795 l'église accueillit le culte de la Raison. En 1882 la façade, dont la pierre se dégradait, fut démolie ; le projet néogothique d'Adolphe Van Moë fut retenu, la première pierre posée le 11 avril 1887 et la façade achevée en 1889 par Jules Lecocq. L'édifice subit de lourds dommages pendant la Première Guerre mondiale, en 1915 et 1917, puis des réparations furent financées par les dommages de guerre. Lors de la campagne de France en mai-juin 1940, des bombes incendiaires détruisirent l'intérieur au point qu'il ne resta que les murs ; après une nouvelle restauration l'église fut rendue au culte en 1977, des travaux se poursuivant jusqu'en 1985. Le bâtiment, de plan allongé, est construit en brique, les encadrements de fenêtres, les piliers intérieurs et la façade étant en pierre blanche. L'intérieur comprend cinq vaisseaux — le vaisseau central étant plus large — qui se terminent par un double déambulatoire doté de cinq chapelles rayonnantes, chacune formée d'une absidiole à trois pans. La nef comporte cinq travées, le chœur trois travées droites et cinq travées de déambulatoire, et deux sacristies flanquent le deuxième collatéral du chœur sur une longueur de deux travées. L'église renferme les restes du corsaire Jean Bart (1650–1702). La plupart des mobiliers antérieurs à 1940 ayant été détruits, l'église a reçu principalement des éléments provenant de l'église Saint-Jean-Baptiste datant des XVIIIe et XIXe siècles. Les vitraux du chœur et ceux de la grande rosace sont l'œuvre du maître verrier Pierre Gaudin, tandis que les autres vitraux ont été réalisés par Henry Lhotellier à partir de cartons du peintre Arthur Van Hecke. Le grand orgue est un instrument Gonzalez de 1970, comportant trois claviers de 56 notes et un pédalier de 32 notes, à traction mécanique pour les notes et électrique pour les jeux ; il a été récemment restauré et agrandi par Bernard Dargassies.