Origine et histoire de l'Église Saint-Envel
L'église Saint-Envel, située à Loc-Envel dans les Côtes-d'Armor, occupe un tertre dominant le bourg et la vallée du Guic, à l'orée ouest du bois de Coat-an-Noz, dans le pays de tradition du Bas-Trégor. Propriété de la commune, elle est affectée au culte de la paroisse de Bégard-Belle-Isle-en-Terre. Les sources évoquent des datations au XVe et au XVIe siècle pour l'édifice actuel, qui fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 19 janvier 1911. L'église tire son nom d'un ermite, Envel, connu par la tradition et par les vitraux ; sa fête est célébrée le 11 décembre. La légende rapporte qu'Envel, son frère et leur sœur Jûna, exilés de l'île de Bretagne, fondèrent trois ermitages à l'orée du bois de Coat-an-Noz et que, lors d'une crue, Envel commanda au torrent de se taire par l'expression populaire « Tao, tao, dour mik, ma kevi kloc’h ma c’hoarik », rendant depuis le Guic silencieux. Dès 1163, une église du lieu appartient aux bénédictins de l'abbaye de Saint-Jacut, siège ensuite d'un prieuré-cure rattaché à la paroisse de Plougonver; le bourg est mentionné sous le nom de Locquenvel en 1477 et la propriété de l'abbaye perdure jusqu'à la Révolution. Restaurée dans son statut communal au XIXe siècle, la commune prend le nom de Loc-Envel en 1902. L'édifice, en forme de croix latine orientée est-ouest, comprend un clocher-mur à l'ouest, une nef centrale de trois travées flanquée de deux bas-côtés, un transept et un chœur doté d'une abside à trois pans égaux percée de trois fenêtres à meneaux fleurdelisés. Le style général est gothique flamboyant ; le clocher-mur et le chevet, ornés de chimères et de gargouilles, présentent également une tourelle d'escalier et un clocheton à trois baies. Trois petites baies percées dans le pignon, côté chapelle des fonts, permettaient aux lépreux d'assister aux offices, et la façade a été modifiée au XIXe siècle pour créer une porte donnant accès à la tribune par un escalier extérieur. À l'intérieur, la décoration en bois sculpté, attribuée au XVIe siècle, est restée intacte et d'une grande richesse, le mobilier d'époque s'y accordant pleinement. La voûte lambrissée repose sur une sablière entièrement sculptée et polychrome; elle présente mascarons, animaux réels ou fantastiques, personnages, engoulants sur les entraits et couvre-joints sculptés figurant notamment l'Agneau immolé puis des angelots tenant les instruments de la Passion. À la croisée du transept, la partie la plus riche d'ornementation voit aux quatre angles des statues grandeur nature des quatre Évangélistes soutenir les arêtiers ornés d'angelots ; ces arêtiers aboutissent à une grande clef de voûte pendante où une frise représente la Trinité, et un second pendentif figure le Christ en gloire. Une sirène sculptée sur une sablière, au buste très marqué, semble rappeler la condamnation des tentations charnelles. La tribune réservée aux châtelains de Coatannos est formée d'un ancien jubé flamboyant en bois reposant sur quatre colonnes sculptées et remplie de panneaux; la clôture des fonts baptismaux est également en bois sculpté. L'église conserve une relique de saint Envel, un os du bras, portée autrefois en procession lors du pardon, et présente près de l'autel plusieurs statues anciennes, dont celles de saint Envel, de la Vierge, de saint Yves et de saint Sébastien, ainsi que deux statues anonymes et un crucifix. L'autel en granite du XVIe siècle, à grande table monolithique, est surmonté d'un retable en bois du XVIIe siècle composé de cinq panneaux illustrant la Passion. À gauche du maître-autel, la porte du sacraire du XVIe siècle représente la messe où saint Grégoire voit le Christ sortir du tombeau. Les vitraux de l'abside, dont les meneaux fleurdelisés ont été refaits à l'époque moderne, associent éléments du XVIe siècle et réemplois : le vitrail central, réorganisé à partir de différents panneaux, montre le miracle de la Sainte Hostie au cœur d'un lys, tandis que les lancettes relatent la légende de saint Envel, où les loups occupent une place importante et où le nom d'Envel apparaît quelquefois sous la forme d'Armel dans les phylactères. D'autres verrières, modernes, évoquent la vie de saint Sébastien ou complètent la série de scènes légendaires d'Envel, dont des épisodes où le saint attelle des animaux pour labourer, intervient pour sauver des innocents ou guérir des malades.