Origine et histoire de l'Église Saint-Étienne
L'église Saint-Étienne d'Argelliers est une chapelle romane située à Argelliers, dans l'Hérault (Occitanie). Elle dépendait de l'abbaye d'Aniane ; la "villa" d'Argelliers y fut donnée par Fredol, évêque du Puy, au début du XIe siècle. Saint-Étienne faisait partie des quatorze églises rattachées au prieuré de Gourdaignes, fondé en 815, puis placé sous la domination d'Aniane puis de la Chaise-Dieu. Une bulle de Pascal II de 1114 confirme définitivement son rattachement à l'abbaye, et l'église est mentionnée en 1154 dans une bulle attribuée aux papes Anastase IV et Adrien IV. Classée au titre des monuments historiques par arrêté du 8 février 1984, elle fait l'objet de travaux de restauration.
Le site de l'oppidum d'Argelliers témoigne d'une occupation ancienne ; les ruines de la chapelle du Roc de Pampelune attestent d'une présence religieuse précoce. Les bâtiments locaux, dont l'église, ont été construits en calcaire gréseux jaune clair extrait des carrières voisines, un matériau à grains très fins et facile à travailler.
L'édifice présente un plan particulier : la travée de chœur est légèrement saillante à l'intérieur comme à l'extérieur, et l'absence de contreforts s'explique par l'étroitesse de la nef, large de 4,55 m. Des pilastres qui rythment les deux travées principales et des demi-colonnes engagées, qui devaient soutenir l'arc triomphal de l'abside, indiquent que l'église était probablement voûtée.
Deux campagnes de construction sont visibles par le changement d'appareillage. La première concerne l'abside et le début du chœur ; elle se caractérise par des moellons aux assises de 21 à 25 cm sans alternance marquée, un cordon ornemental en dents d'engrenage courant autour de l'abside et une baie axiale à double ressaut décorée d'un tore retombant sur deux colonnettes à chapiteaux. Cet appareil sommaire et la taille archaïque des pierres autorisent une datation autour de 1120-1140, la chronologie générale devant toutefois tenir compte du fait que le style lombard de l'église paraît postérieur à 1114.
La seconde campagne montre une plus grande maîtrise du travail de la pierre : les blocs y mesurent entre 15 et 27 cm, permettant un montage en appareil alterné, et certaines assises sont dédoublées au niveau de la travée de chœur. Les parements extérieurs, finement travaillés au marteau taillant, présentent des combinaisons décoratives — chevrons, diagonales, stries parallèles — ainsi qu'un feston d'arcatures monolithes soutenues par des modillons de chaque côté de la nef, surmonté d'une frise en dents d'engrenage qui répond à celle de l'abside. Cette frise d'arcature d'inspiration lombarde, fréquente dans la région de Montpellier, permet de situer cette campagne entre 1140 et 1160.
Des aménagements postérieurs ont modifié l'édifice : le porche de style gothique a été ajouté probablement à la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle ; au XIVe siècle les murs ont été surélevés, sans doute pour renforcer la défense du lieu, et l'élévation du clocher jusqu'à la base de l'actuel étage campanaire date de cette campagne ; la superstructure carrée du clocher et la reprise d'une fenêtre latérale de l'abside appartiennent au XVIIe siècle. La nef et le chœur sont globalement datés du XIIe siècle, le porche du XIIIe siècle, et la tribune ouest est une adjonction moderne.