Origine et histoire de l'Église Saint-Étienne
L'église Saint-Étienne, ancienne collégiale Saint-Pierre, se situe à Bar-le-Duc, dans la Ville Haute, au nord de la place Saint-Pierre. La collégiale Saint-Pierre a été fondée en 1315 par le comte de Bar Édouard Ier, sur le site d'une chapelle du XIIIe siècle, et placée en 1318 sous le patronage de la Vierge, des apôtres Pierre et Paul et de saint Étienne ; son chapitre devait comprendre un princier, un doyen, un prévôt et seize chanoines. Les travaux, amorcés au XIVe siècle, furent ralentis puis interrompus par les troubles de la guerre de Cent Ans et l'édifice fut presque ruiné en 1438 ; des indulgences pontificales et le concours des chanoines, du duc René Ier d'Anjou et des autorités locales permirent ensuite la reprise des travaux. Vers 1470 l'orient était presque achevé, puis la construction connut un nouvel arrêt entre 1480 et 1484 ; sous René II la voûte fut élevée, comme l'attestent des clés de voûte sculptées aux armes du souverain. La façade et les deux travées occidentales furent réalisées au début du XVIe siècle jusqu'en 1537 sous la direction de Louis Guyot, et le clocher fut érigé entre 1589 et 1630. En 1782, la collégiale Saint-Maxe du château des ducs de Bar devint église paroissiale ; après la destruction de cette dernière à la fin du siècle, les deux chapitres fusionnèrent et transférèrent trésor, reliques et dépouilles ducales à Saint-Pierre. Lors de la Révolution l'édifice subit d'importants dégâts : statues et vitraux brisés, armoiries effacées et mobilier détruit ; la collégiale fut fermée en 1790, rouverte en 1791 sous le nom d'église Saint-Étienne, inutilisée entre 1793 et 1795 et, en 1794, employée comme abri pour un convoi de prisonniers. Des restaurations au XIXe siècle modifièrent partiellement l'aspect de l'édifice : le trumeau du portail occidental fut supprimé en 1809 et des éléments jugés discordants furent démolis en 1854, notamment une chapelle adossée au bras sud du transept. L'église est classée au titre des monuments historiques depuis 1889 et a fait l'objet de publications et d'un web-documentaire.
L'édifice mesure 43 mètres de longueur, 20 mètres de largeur et 12 mètres de hauteur. La façade, de style gothique flamboyant, comporte aussi des éléments de la Renaissance, comme une galerie qui rompt la verticalité et un arc en anse de panier du portail orné de médaillons représentant les commanditaires et le doyen Louis Guyot ; le tympan, évidé à la mode champenoise, figure le jugement dernier avec l'archange saint Michel et un putto symbolisant le paradis, tandis que des arcatures médiévales et des grotesques subsistent dans la voussure. L'intérieur présente un plan basilical avec un transept peu prononcé et un chœur peu profond ; la nef et les collatéraux ont la même hauteur, faisant de l'édifice une église-halle offrant une grande clarté. Le chœur à cinq pans met en valeur le travail de la pierre ; au nord s'ouvre la chapelle Sainte-Marguerite, fondée vers 1503 par le doyen François Brulé. Le bas-côté sud comprend plusieurs chapelles seigneuriales, dont la chapelle de Stainville, datée du XVIe siècle et ornée d'une clôture de pierre mêlant motifs flamboyants et renaissants, et la chapelle des fonts baptismaux, fondée par la famille Baudinais, dotée d'un fronton ajouré de style Renaissance et d'une grille en fer forgé ajoutée au début du XVIIe siècle. La crypte, située sous le parvis d'entrée et étudiée en 2016, conserve les vestiges de l'ancienne chapelle Saint-Nicolas, démontée à la Révolution pour l'installation du Transi ; la crypte et l'édifice ont fait l'objet d'un reportage documentaire.
Plusieurs vitraux sont inscrits à l'inventaire général : un vitrail du XIXe siècle représente le miracle de Notre-Dame du Guet, et la verrière de la chapelle des fonts baptismaux contient des fragments du XVIe siècle montrant un ange portant une couronne d'épines, saint Maxe et saint Christophe. Les trois verrières du chœur, exécutées par le peintre-verrier Höner Victor au XIXe siècle, présentent au centre la lapidation de saint Étienne et, sur les vitraux latéraux dédoublés, des saints tels que saint Antoine, saint Vincent de Paul, saint Pierre et saint Paul. Dans le transept sud se trouve La Procession des reliques de saint Maxe, vitrail de 1880 par Charles-François Champigneulle figurant la translation de 1839 par l'abbé Claude Rollet, réalisé selon une technique de vitrail photographique ; Champigneulle a également réalisé pour l'église des verrières représentant l'Annonciation et la Mort de saint Joseph.
Le mobilier compte 52 objets répertoriés aux monuments historiques. L'église conserve deux œuvres majeures de Ligier Richier : le Transi de René de Chalon, statue funéraire en pierre calcaire réalisée au XVIe siècle et installée en 1545 dans la collégiale Saint-Maxe avant d'être transférée à Saint-Étienne en 1790, représentant un squelette offrant son cœur, classée comme objet en 1898 et restaurée de 1998 à 2003, installée dans le croisillon sud au-dessus d'un caveau duc de Bar ; et un groupe en bois polychrome dit Christ en croix entre les deux larrons, daté vers 1531, dont la qualité plastique et le modelé rapprochent l'attribution de Ligier Richier, classé en 1898. Notre-Dame du Guet est une Vierge à l'Enfant en pierre calcaire du XIVe siècle, conservée après le démantèlement des remparts et reconstituée après sa mutilation en 1794 ; transférée à Saint-Étienne en 1806 et classée en 1913, elle fut couronnée en 1920 après la Première Guerre mondiale et ses couronnes, offertes par les habitants, sont conservées au Musée Barrois depuis leur inscription en 1992 ; sa fête est célébrée chaque année le dimanche suivant la Présentation de Marie au Temple. L'église abrite aussi deux statues en pierre de Jean Crocq, représentant saint Roch et saint Adrien, situées dans la chapelle de Stainville et classées en 1913, ainsi qu'un groupe sculpté du XVIe siècle dans la chapelle des fonts baptismaux représentant saint Étienne, saint Jean et L'Éducation de la Vierge, classé en 1971. L'épitaphe de François Brulé, bas-relief de 1513 figurant François d'Assise entouré de saint Pierre et saint Maxe, est classée depuis 1889, année du classement de l'édifice lui-même. Le marquis Jean-François de Boufflers (1714-1752) y serait inhumé, selon les sources mentionnées.
Parmi les peintures, la Crucifixion du début du XVIIe siècle représente la mise en scène du crucifiement avec, en arrière-plan, le château des ducs de Bar ; ce tableau est classé comme objet depuis 1901. La Mise au tombeau, peinture murale du XVIIe siècle représentant la déposition et les personnages qui entourent le corps du Christ, est classée depuis 1889. La présence d'un orgue de tribune remonte au XVIIe siècle ; un instrument reconstruit par Nicolas Dupont en 1770-1771 fut fortement endommagé pendant la Terreur, puis un nouvel orgue, réutilisant des éléments anciens, fut réalisé entre 1809 et 1828 par Jean-François Vautrin et Antoine François Brice Didelot, la console ayant été séparée en 1892 par Alexandre et Henri Jacquet. Le buffet, en chêne et tilleul, comporte un grand corps à cinq tourelles et un positif à trois tourelles ; la console indépendante, tournée vers le chœur, comprend deux claviers manuels et un pédalier droit ; le buffet est classé comme objet en 1971 et la partie instrumentale en 2000.