Origine et histoire de l'Église Saint-Étienne
L'église Saint-Étienne se trouve sur la place du Martroi à Beaugency, sur la rive droite de la Loire, dans le périmètre du Val de Loire inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO. L'édifice roman, à transepts et terminé par une abside circulaire voûtée en cul-de-four, présente une tour quadrangulaire de clocher percée, sur chacune de ses faces, de trois ouvertures cintrées ; près du clocher une porte desservait autrefois les bâtiments claustraux. Construite sur un cimetière dépendant des chanoines de la collégiale Notre-Dame de Beaugency, sa fondation remonte au XIe siècle ; des textes évoquent un début des travaux probablement entre 1030 et 1050. Plusieurs seigneurs de Beaugency sont associés à sa construction : Lancelin II y aurait contribué et, selon certaines sources, Lancelin III aurait achevé l'édifice en 1079 et l'érigea en prieuré, tandis que d'autres documents attribuent l'achèvement et la voûte à Lancelin II entre 1070 et le début de 1078, avec une dédicace par Régnier, évêque d'Orléans. Le 2 février 1080, Lancelin donna l'église comme prieuré à l'abbaye bénédictine de la Trinité de Vendôme, qui fit construire des bâtiments autour, et un acte de 1081 situe l'édifice hors les murs du bourg, « prope murum castri ». L'église, primitivement placée sous le vocable du Saint-Sépulcre, prit seulement au XVIe siècle le nom de Saint-Étienne. Sa fonction, selon la tradition, était aussi de défendre spirituellement l'enceinte de la ville et son entrée, conformément à une pratique ancienne. Le clocher primitif fut probablement édifié à la croisée du transept au XIIe siècle ; un document de 1628 signale que l'édifice était alors en très mauvais état et qu'il possédait un cloître. Lors de la période classique, le comble fut surhaussé et la charpente refaite. Vendue comme bien national le 12 décembre 1791, l'église servit successivement de grenier à blé dans les combles, de cellier, de magasin à bois et de débarras jusqu'à la fin du XXe siècle. Considérée comme l'une des plus anciennes églises voûtées de France, elle fut inscrite sur la liste des monuments historiques dès 1840. Menacée de démolition en 1847 pour agrandir la place du Martroi, sa sauvegarde fut défendue par Prosper Mérimée, qui fit racheter l'édifice par l'État ; par la suite des débats eurent lieu sur son usage, entre projets de location commerciale et propositions d'affectation publique. Louée à la commune sous l'appellation de « Magasins de Saint-Étienne », elle servit de support publicitaire au début du XXe siècle, ce qui inquiéta le préfet en 1909. Désaffectée le 18 avril 1914 au culte, elle continua d'être employée à des usages de stockage jusqu'à son rachat par la commune pour un franc symbolique en 1992. Restaurée et réaménagée pour accueillir expositions temporaires et conférences, l'église a reçu à cette occasion des vitraux du maître-verrier Jean-Dominique Fleury. L'édifice appartient à la paroisse de Beaugency et relève des structures diocésaines locales.