Origine et histoire de l'Église Saint-Étienne
L'église Saint-Étienne de Cambronne-lès-Clermont, dans l'Oise (Hauts-de-France), est un édifice d'architecture romane et gothique commencé au XIIe siècle et achevé au XIIIe siècle ; elle est classée au titre des monuments historiques depuis 1875. L'édifice se compose d'une nef de quatre travées flanquée de deux bas-côtés inégaux, d'un transept, d'un chœur de quatre travées beaucoup plus long que la nef et légèrement dévié vers le sud, ainsi que d'un clocher octogonal à deux étages qui domine la croisée. Son intérêt archéologique et artistique tient à la lisibilité des quatre campagnes de construction successives, à la quasi-absence de transformations depuis sa consécration en décembre 1239 et à des particularités structurelles et décoratives rares dans la région. Parmi celles-ci figurent un bas-côté sud rehaussé et élargi où des piles médiévales ont reçu, par économie, un second ordre de colonnettes et chapiteaux superposés, une nef conçue dès l'origine pour être voûtée d'ogives et l'une des plus anciennes voûtes d'ogives de la région dans le croisillon nord. Le chœur, de style rayonnant, présente une élévation sur trois niveaux avec un faux triforium ouvert sur les combles des collatéraux, et le vaste triplet du chevet livre la première occurrence connue d'un remplage composé de trois lancettes identiques surmontées d'un trèfle. L'intérieur conserve encore un ensemble important de peintures murales, en particulier dans le chœur, dont les parties principales ont été restaurées dans les années 1980 et restent lisibles. L'édifice a suscité l'attention des archéologues dès la première moitié du XIXe siècle et a fait l'objet de nombreuses publications, sans qu'une monographie exhaustive lui ait été consacrée ; il dépend aujourd'hui de la paroisse Saint-Martin du Liancourtois.
L'église se situe au centre du village, le parvis donnant sur la rue de Clermont (RD 110) ; le chevet est proche de la rue de l'Église et la façade nord est peu visible car mitoyenne de propriétés privées. Au sud, un jardin public occupe l'ancien cimetière où subsistent les restes du calvaire du XVe siècle, inscrits au titre des monuments historiques. Le toponyme Camboriacum apparaît dès le XIe siècle, et l'existence d'une église à Cambronne est attestée par une charte mentionnant un autel en 1136 ; la consécration définitive par l'évêque Robert de Cressonsacq en décembre 1239 constitue l'acte le plus significatif pour la chronologie de l'édifice. L'église resta possession des moniales de l'abbaye Saint-Paul pendant quatre siècles avant d'être cédée au chapitre Saint-Nicolas de Beauvais au XVIIe siècle.
Les études archéologiques distinguent quatre phases : la première campagne, antérieure à 1136, a livré le bas-côté nord, le portail occidental, les grandes arcades, le transept et la totalité du clocher octogonal ; la seconde, vers 1145-1150, a achevé la nef et le transept ; la troisième, autour de 1220, a rehaussé et élargi le bas-côté sud et amorcé le nouveau chœur ; la quatrième, vers 1230-1235, a achevé le chœur avec son élévation tripartite et ses grandes baies. Après ces travaux l'église a peu été modifiée, ce qui explique la lecture particulièrement nette de ses phases de construction ; les auteurs divergent toutefois sur le mécénat ayant permis le rehaussement et l'achèvement du chœur.
L'édifice a connu des réparations épisodiques et des campagnes de restauration importantes depuis la fin du XIXe siècle : la première grande restauration fut conduite à partir de 1874 par l'architecte Paul Selmersheim, suivie par Henri Chaine en 1898, André Collin après 1920 et Jean‑Pierre Paquet en 1952, qui ont successivement repavé la nef, débouché fenêtres et galeries, repris maçonneries et contreforts, consolidé la charpente et le clocher, et aménagé des étrésillons pour limiter le déversement des murs.
Sur le plan architectural, tous les vaisseaux sont voûtés par croisées d'ogives quadripartites ; la nef présente une élévation sur deux niveaux alors que le chœur adopte trois niveaux avec un étage de galeries ajourées sur les combles des collatéraux. Le clocher, élément extérieur le plus remarquable selon la plupart des auteurs, s'élève sur la croisée et comprend deux étages octogonaux surmontés d'une flèche en pierre ; son accès se fait par un escalier en colimaçon dans l'angle nord et le passage du plan carré au plan octogonal est assuré par des trompes. Les proportions intérieures sont étroites : la longueur intérieure totale est d'environ 38,25 m, la nef fait 13,00 m, le chœur 20,00 m, la largeur maximale au transept atteint 14,35 m, la hauteur sous voûtes est d'environ 9,15 m dans la nef et 11,50 m dans le chœur, et le clocher mesure environ 32,25 m de haut selon les relevés d'Eugène Woillez.
À l'intérieur, le bas-côté sud attire l'attention par la superposition de deux ordres de piles et par la réutilisation de chapiteaux romanisés au moment de son rehaussement, tandis que le bas-côté nord conserve l'aspect primitif du XIIe siècle avec ses petites baies en plein cintre et sa corniche beauvaisine. La voûte du croisillon nord figure parmi les voûtes d'ogives les plus anciennes de France et illustre les expérimentations de la première architecture gothique ; le croisillon sud conserve des atlantes et quelques chapiteaux sculptés figurant des scènes humaines et fantastiques. Le chœur, plus homogène stylistiquement, privilégie la luminosité et l'effet d'ensemble : ses grandes arcades en arc brisé, son faux triforium et la vaste baie de chevet forment un ensemble rayonnant dont le triplet central, aux meneaux très fins et chapiteaux réduits, marque une étape dans l'évolution du remplage gothique.
Les peintures murales, nombreuses dans le chœur et partiellement conservées ailleurs, comprennent notamment un Jugement dernier sur le mur ouest, un Christ en gloire entouré des symboles des évangélistes sur la voûte de la troisième travée du chœur et une Descente de croix dans le bas-côté nord ; restaurées dans les années 1980 par nettoyage et fixation sans retouche des lignes, elles offrent un rare témoignage de décor mural médiéval. Le mobilier est restreint : dans le bas-côté sud se trouvent deux dalles funéraires gravées du XVIe siècle, dont celle de Jean de Hédouville et de sa sœur, ainsi qu'un ensemble de fonts baptismaux octogonaux ; la majeure partie du mobilier visible aujourd'hui est néogothique ou de facture moderne et la statuaire est souvent en plâtre, à l'exception de quelques pièces en bois et d'un bas-relief de saint Étienne.