Origine et histoire de l'Église Saint-Étienne
L'église Saint-Étienne de Déols est située dans la commune de Déols (Indre), en région Centre-Val de Loire ; elle dépend de l'archidiocèse de Bourges, du doyenné de Châteauroux et de la paroisse de Sainte-Marie, et se trouve dans la Champagne berrichonne. Le site paraît s'être développé sur une nécropole antique : la présence d'un fragment d'inscription funéraire du Ier siècle, de deux sarcophages de la fin du IIIe siècle et de découvertes faites au chevet en 1968 indiquent la limite septentrionale de l'agglomération gallo-romaine de Déols. Le sarcophage dit de « saint Ludre », en marbre blanc, est orné de scènes de chasse sur un grand côté ; son couvercle montre, autour d'un cartouche, deux amours ailés, un repas funéraire et une scène de chasse au cerf, tandis que la cuve enchaîne chasses au sanglier, au loup ou à l'ours, au lion avec cavalier et la capture du cerf. Vers la fin du VIe siècle ou au début du VIIe siècle, une basilique funéraire à abside polygonale a été observée en prolongement du chevet, dont les arases de briques sont encore visibles au niveau du chevet au‑dessus de la crypte contenant le sarcophage de marbre attribué à saint Ludre. L'église est mentionnée pour la première fois dans les sources écrites à la fin du VIe siècle par Grégoire de Tours, qui signale la présence du bienheureux Ludre dans une crypte. L'édifice est attesté sous le nom d'Église Saint-Ludre au Xe siècle lors de sa vente par deux particuliers aux moines de l'abbaye de Déols, et le vocable de saint Étienne apparaît dans une bulle du pape Innocent II de 1139, qui confirme la dépendance de l'église à l'abbaye Notre-Dame de Déols. La construction actuelle résulte d'interventions étalées entre les Xe et XVIe siècles, avec des transformations notables au chevet, à la nef et à l'ouest du bas-côté nord où fut élevé un clocher. L'édifice est inscrit au titre des monuments historiques par arrêté du 21 octobre 1947.
La façade romane du XIIe siècle s'ouvre par trois fenêtres en plein cintre, surmontées d'un cordon de billettes, et les rampants du pignon sont décorés de choux attribués aux XVe–XVIe siècles ; l'un des contreforts a été intégré lors de l'ajout du clocher en tour carrée. La nef romane, qui possédait des fenêtres hautes et des peintures murales visibles dans l'une d'elles, a été percée aux XVe–XVIe siècles pour recevoir des bas-côtés voûtés d'ogives dont les retombées reposent sur des consoles ornées d'angelots ou d'animaux fantastiques portant des écussons. La nef est couverte d'un berceau en bois maintenu par des entraits en encorbellement appuyés sur des culots sculptés en têtes humaines et créatures fantastiques, attribuables à la fin du XVe siècle. Au nord, la chapelle de la Vierge, ajout du XIXe siècle, fut édifiée au-dessus du sarcophage calcaire attribué à Léocade, retrouvé en 1862 puis restauré en 1872 ; cette chapelle abrite une statue de la Vierge et quatre tableaux du XVIIIe siècle relatant le miracle de 1187. L'église possède deux cryptes contenant les sarcophages de saint Léocade et de saint Ludre ; la crypte sud a été agrandie et refaite vers 1850.
Les vitraux ont une histoire documentée depuis la fin du XVIIIe siècle et ont subi des dégradations durant la Révolution puis lors du bombardement lié à l'usine d'aviation de Déols en mars 1944 ; plusieurs baies furent réparées ou remplacées aux XIXe et XXe siècles. Parmi les verrières actuelles figurent des réalisations signées Mauméjean datées de 1929 à 1932 (Nativité, Noces de Cana, Couronnement de la Vierge, Crucifiement, Résurrection), une Annonciation posée en 1930 signée S.A. Mauméjean Frères Paris–Hendaye, un vitrail du Miracle de 1187 installé après 1944 et mentionnant partiellement le nom du curé Maurice Berchon (1943–1946), ainsi que plusieurs vitraux à résille de plomb et des remplages posés entre 1928 et 1936, dont une résille de la sacristie intégrant des éléments historiés (les armoiries de la maison de Déols, un petit rondel du XVIe siècle représentant une crucifixion et un écu avec la Vierge en Majesté).
Parmi les autres éléments mobiliers se trouvent une inscription du XIe siècle, retrouvée et traduite, qui était autrefois un linteau et porte un texte de dévotion, et plusieurs cloches dont l'une, provenant de l'ancienne abbaye Notre-Dame de Déols, comporte une longue inscription remontant à octobre 1576 évoquant la voix du Seigneur et la reconstruction de la sonnerie après un incendie.