Origine et histoire de l'Église Saint-Étienne
L'église Saint-Étienne, située à Dijon (Côte-d'Or), est une ancienne église catholique désaffectée classée au titre des monuments historiques par la liste de 1862. Fondée au XIe siècle par l'abbé Garnier de Mailly, elle a fait l'objet de plusieurs campagnes de reconstruction et d'embellissement. Une importante opération menée à la fin du XVe siècle, sous l'abbatiat de Richard Chambellan, fit suite à l'effondrement du clocher qui entraîna la ruine partielle de l'édifice ; du chantier engagé à partir de 1488 subsistent aujourd'hui le chœur et la croisée du transept, dotés de voûtes sur croisée d'ogives. En 1671 l'effondrement des voûtes de la nef provoqua une nouvelle restauration conduite par l'abbé Fyot : murs, piliers et voûtes de la nef et des transepts furent abattus et reconstruits, des contreforts furent ajoutés et la sacristie fut édifiée au bout du transept sud, devenue la salle capitulaire. On conserva le chœur, la croisée du transept et le clocher hérités des travaux de Chambellan ; les armes de l'abbé Fyot figurent encore sur les voûtes du chœur et de la sacristie. L'église fut bénie à nouveau à la fin de ces travaux, qui s'étalèrent sur sept ans, et consacrée sous le vocable de Saint Étienne Martyr, le grand autel étant dédié à saint Étienne et l'autel paroissial à saint Médard.
Au début du XVIIIe siècle, l'abbé Claude Fyot lança un programme d'embellissements qui aboutit à la construction d'une façade classique de tradition jésuitique, réalisée d'après le projet de Martin de Noinville entre 1718 et 1723. Un programme sculpté fut confié à Jean-Baptiste Bouchardon et d'autres sculptures furent exécutées par Jean Dubois ; plusieurs éléments décoratifs et sculptures originellement destinés à Saint-Étienne ont depuis été déplacés, notamment au portail et au transept sud de la cathédrale Saint-Bénigne. Des projets de cénotaphe et de boiseries en lien avec l'abbé Fyot sont conservés, sans certitude quant à leur exécution complète.
Lorsque le diocèse de Dijon fut créé en 1731, Saint-Étienne fut choisie comme cathédrale, fonction qu'elle conserva jusqu'à la Révolution ; en 1792 la cathédrale fut transférée à Saint-Bénigne et Saint-Étienne fut désaffectée. Au XIXe siècle l'édifice, vidé de ses ornements, fut réutilisé comme halle aux grains ; la ville l'acheta en 1809 et conserva cet usage jusque dans les années 1850. Le transept nord servit de magasin pour les décors du Grand Théâtre et le fond de la nef fut muré. À la fin du siècle, la nef fut transformée en bourse de commerce, achevée en 1899, tandis que la chambre de commerce s'installa dans l'ancienne sacristie.
Au XXe siècle, l'église conserva cet état morcelé : en 1947 un musée de moulages dédié au sculpteur François Rude s'installa dans le transept nord et la croisée du transept. Des aménagements modernes, notamment des entresols dans les bas-côtés, ont été réalisés dans les années 1970. Le déménagement de la chambre de commerce en 2007 a permis l'ouverture de nouveaux espaces partagés accueillant la documentation du musée des Beaux-Arts, la société des amis du musée et une antenne de la bibliothèque municipale appelée la Nef à partir de 2019, rebaptisée Bibliothèque Colette en 2023. Aujourd'hui l'ancienne église abrite le musée Rude, des services culturels et la Bibliothèque Colette, témoignant de sa réaffectation progressive au service du patrimoine et de la culture dijonnais.