Origine et histoire de l'Église Saint-Étienne
L'église Saint-Étienne de Dun-sur-Auron est une ancienne collégiale située hors de l'enceinte de la vieille ville, dans le département du Cher. Fondée en 1019 par le chapitre du château de Bourges, elle conserve des vestiges du premier quart du XIIe siècle : chœur, déambulatoire, chapelles rayonnantes et les trois dernières travées de la nef et des collatéraux. Les trois premières travées de la nef et les portails ouest et sud datent du XIIIe siècle ; au quatrième quart du XIVe siècle, les collatéraux et la charpente furent repris et un clocher-porche fut édifié en 1397 par le maître d’œuvre Pasquault. À la limite des XVe et XVIe siècles la nef fut voûtée, six chapelles latérales ajoutées et la chapelle axiale reconstruite ; après l’incendie de 1601 la charpente et les parties hautes du clocher-porche furent refaites et le clocher de la croisée abattu. Des campagnes de restauration se succèdent à partir de 1844 et l'édifice figure sur la liste des monuments historiques de 1840.
L'église se dresse le long de l'ancienne voie romaine, devenue au Moyen Âge le Grand Chemin Royal de Bourges à Dun puis vers Lyon, voie très fréquentée par voyageurs, pèlerins et marchands ; la proximité de cet itinéraire explique la présence d'un déambulatoire. Le chevet, aux absidioles latérales épaulées par des faisceaux de colonnettes, évoque les constructions poitevines ; il est réalisé en calcaire lacustre ferrugineux à la teinte rougeâtre locale, tandis que les chapiteaux sont taillés en pierre de Charly, mieux adaptée à la sculpture. Les modillons portent têtes d'hommes et d'animaux ; les archivoltes, corniches et pinacles des chapelles latérales présentent un décor sculpté entre le XIIe et la transition XVe–XVIe siècle, avec quelques animaux en haut-relief.
Le clocher-porche gothique, construit en 1397, a subi des réparations après les incendies des XVIe et XIXe siècles ; il a été rénové au XIXe siècle et le porche restauré en 2002 ; la porte trilobée a été volontairement mutilée au XVIIIe siècle pour faciliter le passage des processions et des catafalques. Le plan intérieur est lisible : une nef de cinq travées sans transept, un chœur d'une travée, des collatéraux et un sanctuaire en hémicycle entouré d'un déambulatoire à trois chapelles rayonnantes. Le chœur roman possède un large déambulatoire, rare en Berry, qui ouvre sur trois chapelles séparées du sanctuaire par des arcades étroites reposant sur des piles quadrilobées d'inspiration poitevine.
Les chapiteaux, richement sculptés de monstres et de feuillages, présentent une iconographie voisine de celle de Saint-Pierre de Chauvigny et comportent des motifs plus exotiques, comme un éléphant sculpté sur l'une des dernières piles de la nef. Ils racontent des scènes bibliques et morales — mariage mystique de la Vierge, Daniel dans la fosse aux lions, l'âne à la lyre, l'éléphant et le dromadaire, la parole enseignante et la médisance — et les voûtes du rond-point et des absidioles sont en cul-de-four. Les murs du déambulatoire sont renforcés d'arcatures hautes percées de fenêtres en plein cintre ; seules deux des trois chapelles du XIIe subsistent : la chapelle sud dédiée à saint Pierre et la chapelle nord dite de la Trinité, de l'Ecce Homo ou des Tailleurs d'habit, qui abrite la statue de sainte Solange, patronne du Berry.
La chapelle axiale a été refaite au XVe siècle ; ses peintures, réalisées en 1864 à la cire par l'abbé Monseigneur de Busseroles aidé de son frère vicaire, représentent notamment les cinq vierges sages tenant des lampes d'or et une statue de sainte Lucie. Sur le mur sud du chœur figurent une fresque de saint Pierre crucifié tête en bas et une autre représentant saint François recevant les stigmates ; cette dernière a été grossièrement reprise au XXe siècle. Le jubé qui séparait autrefois le chœur de la nef a été abattu en 1737, de même que les grilles, le tabernacle et les gradins qui l'entouraient ; le carrelage du chœur date de la même période.
La nef, voûtée d'ogives à la fin du XIVe siècle, est accompagnée de collatéraux couverts de voûtes d'arêtes ; elle conserve plusieurs retables des premières chapelles latérales illustrant la transition du gothique à la Renaissance, avec des influences flamandes et ligériennes mêlées au style berrichon. Côté nord se succèdent la chapelle de la Nativité, avec un monument gothique représentant la crèche, la chapelle de saint Joseph (ou de saint Louis), dite aussi de Lammerville depuis 1855 et abritant un tableau de la Sainte Famille et une piéta du XVIe siècle restaurée en 2004, puis la chapelle du Saint-Sépulcre, qui présente un groupe sculpté du Christ étendu et une fresque du Christ en gloire. Côté sud, la chapelle des fonts baptismaux — aussi appelée des Trois Roys ou des tailleurs de pierre — conserve un retable en pierre du XVe siècle, l'Adoration des Mages, partiellement martelé pendant les guerres de Religion, et un vitrail en partie composé de fragments provenant de la chapelle Saint-Vincent du château ; la chapelle de Notre-Dame-de-Lorette, dite de Bengy et construite en 1529, a conservé la statue de la Vierge de Lorette, tandis que ses vitraux et son retable ont souffert des incendies de 1562 et 1569 ; la verrière actuelle date de 1952 et les clés de voûte représentent prophètes et évangélistes. La chapelle du Sacré-Cœur possède une fenêtre à meneaux dont le vitrail a été refait en 1952, avec des vestiges de verrières antérieures détruites pendant les guerres de Religion.
Un premier orgue fut installé en 1630 ; l'instrument actuel a été acquis en 1858, restauré en 1974, remonté en 1998 avec l'adjonction d'un grand orgue et la tribune a reçu un escalier en 2001. Sous les grandes orgues se trouve un tableau de pierre représentant la fuite en Égypte.