Origine et histoire de l'Église Saint-Étienne
L'église paroissiale Saint-Étienne de Jargeau, ancienne collégiale située dans le Loiret, en région Centre-Val de Loire, se dresse au centre de la commune, entre les places du grand-cloître au sud et du petit-cloître au nord, sur la rive sud de la Loire, à 19 km à l'est d'Orléans. L'édifice, inscrit au titre des monuments historiques le 3 juin 1932, a porté successivement les vocables de Sainte-Croix, Saint-Vrain puis Saint-Étienne. Les traces des piles de la nef renvoient au IXe siècle, tandis que la nef, le portail sud et la tour-clocher datent de la seconde moitié du XIIe siècle; le portail ouest de la tour est attribué au XIIIe siècle et le chœur au XIVe siècle. Des vestiges de piles du chœur médiéval subsistent; l'ensemble fut dévasté pendant les guerres de religion dans les années 1560 puis reconstruit, la voûte de la nef ayant été réalisée en 1578; les voûtes des collatéraux datent de 1868. La première église aurait été fondée au IVe siècle par sainte Hélène sous le vocable de la Très Sainte Croix et aurait pu être consacrée par Martin de Tours, puis l'édifice primitif fut presque entièrement détruit par les Vikings au milieu du IXe siècle, la nef seule subsistant. Dès le Xe siècle, la communauté entreprend des démarches pour la reconstruction et reçoit des reliques de saint Vrain, déposées provisoirement près d'une fontaine à l'est de Jargeau. Au XIIe siècle, l'évêque Manassès de Garlande, nommé en 1146, rattache la communauté à Orléans et soutient la reconstruction qui s'appuie sur la nef; les travaux, comprenant portails et chœur, s'achèvent en 1154 et permettent la fondation du chapitre de Saint-Vrain. Le chapitre reçoit la responsabilité spirituelle de plusieurs paroisses environnantes et voit confirmés, aux XIIIe et XIVe siècles, des droits d'exploitation de bois dans la forêt d'Orléans. Le transept et le porche de la tour-porche ont été remaniés au XIVe siècle; l'actuel presbytère a été construit en 1818 sur l'emplacement d'une ancienne chapelle de l'hospice de l'Hôtel-Dieu. À l'époque contemporaine, l'église a été associée aux pèlerinages de Saint-Vrain et de Saint-Marcoult; une souscription publique lancée le 29 novembre 2008 a préparé d'importants travaux de restauration engagés en novembre 2010 portant notamment sur le traitement des eaux pluviales, les charpentes et les toitures du chœur, de la nef et de la tour-porche. La première tranche de ces travaux a représenté un investissement de 222 685,81 €, financé par le Conseil général du Loiret, la ville de Jargeau, la DRAC Centre, la Fondation du patrimoine et une souscription privée. Le mobilier et les œuvres de l'église sont nombreux: le chœur accueille 64 stalles en chêne datées du XIVe ou XVe siècle et probablement issues de l'abbaye Notre-Dame de la Cour-Dieu, classées le 27 octobre 1999. La chaire à prêcher hexagonale en fer forgé de style rocaille, signée du ferronnier Perdoux et datée de 1755, est classée depuis le 16 mai 1911 et a été restaurée entre 1951 et 1972. Plusieurs œuvres célèbrent Jeanne d'Arc, dont une fresque d'Octave Guillonnet de 1952, une céramique de Jeanne Champillou de 1962 et une estampe de 1917 d'après la statue d'Alfred-Désiré Lanson; Guillonnet a aussi peint le chemin de croix au cours de la première moitié du XXe siècle. Parmi les autres éléments figurent une peinture de la Sainte Famille par De Basprée au XIXe siècle, une plaque commémorative de Jacques Dumonde datée de 1643, quatre statuettes fin XVIIIe-début XIXe et plusieurs peintures à l'huile du XIXe siècle représentant notamment saint Étienne et diverses scènes religieuses; la Mise au tombeau est protégée depuis le 4 mars 1976. La cloche de la tour-porche datée de 1733, portant une longue inscription, est classée objet aux monuments historiques depuis le 19 mars 1943, et une clochette en bronze datée de 1675 est protégée depuis le 9 février 1976. Les vitraux, réalisés à la fin du XIXe siècle à Tours et Chartres par Dano, Lobin et Charles Lorin, représentent notamment le Jugement dernier, saint Étienne, sainte Hélène et la Croix, saint Véran combattant le dragon, des épisodes du Nouveau Testament ainsi que l'Assomption et saint Louis. Les fonts baptismaux, attribués au début du XVIIe siècle, forment un massif rectangulaire à deux cuves et portent les armoiries de Jargeau; ils sont classés depuis le 25 octobre 1932. Le buffet d'orgues à cinq tourelles date du XIXe siècle et a été restauré en 1930 par Henri Firmin; les orgues ne sont plus en état de fonctionner.
