Origine et histoire de l'Église Saint-Étienne
L'église Saint‑Étienne est l'église catholique paroissiale de Marly‑la‑Ville, dans le Val‑d'Oise. Sa construction débute à la fin du XIIe siècle et la majeure partie de l'édifice remonte au XIIIe siècle, offrant une belle illustration du gothique rayonnant. L'élévation intérieure sur trois niveaux, avec un faux triforium et des baies hautes dans la nef, ainsi que la superposition de fenêtres dans l'abside, témoigne d'une ambition architecturale peu courante pour une paroisse rurale. L'architecte a cherché à élancer la nef ; l'intérieur est élégant et relativement lumineux. Une particularité remarquable est la chapelle au chevet du bas‑côté sud, au plan outrepassé dont les murs extérieurs dessinent un hémicycle, type rare en Île‑de‑France. À la fin du XVe siècle, le vaisseau central est revoûté par des voûtes flamboyantes aux nervures complexes, et des arcs‑boutants sont repris, le nord recevant des renforcements tandis que ceux du sud conservent des déformations. En 1774 un lambris de demi‑revêtement habille presque toute l'église et les chapiteaux des grandes arcades sont mutilés ; ces boiseries, d'abord esthétiques, ont ensuite favorisé l'humidité et ont été partiellement retirées. L'édifice est classé au titre des monuments historiques depuis 1933.
Implantée rue Gabriel‑Péri, au cœur de l'ancien village, l'église ouvre sa façade occidentale sur la rue ; la face nord, dotée du clocher, donne sur le parking de la mairie et le chevet sur le jardin du presbytère. La paroisse paraît avoir été érigée à la fin du XIIe siècle lorsque Maurice de Sully donna la chapelle de Marly à l'abbaye d'Hérivaux, dont elle dépendra jusqu'à la Révolution ; Marly accueille aussi un petit prieuré dont le prieur fut le curé. Après la Révolution la paroisse est rattachée au diocèse de Versailles puis, à la création du diocèse de Pontoise en 1966, intègre ce nouveau diocèse ; la desserte relève aujourd'hui du curé de Louvres.
La campagne de construction comprend d'abord le chœur droit avec ses bas‑côtés et la base du clocher, l'abside polygonale étant achevée au début du XIIIe siècle ; la nef est achevée durant le troisième quart du XIIIe siècle. Au XVe siècle des désordres liés à la poussée des voûtes conduisent au revoûtement du vaisseau central par six nouvelles voûtes et à l'installation de tirants métalliques. Des travaux postérieurs ajoutent une chapelle baptismale devant le bas‑côté nord au XVIIIe siècle et rebâtissent les murs des premières travées du bas‑côté nord au XIXe siècle.
Le plan associe une nef de quatre travées barlongues entourée de bas‑côtés, un chœur de deux travées droites et une abside à cinq pans, sans transept ; le clocher en bâtière s'élève au droit de la première travée du bas‑côté nord. Les façades nord et sud conservent la pureté des lignes du XIIIe siècle, rythmées par contreforts, arcs‑boutants et oculi servant de baies hautes, tandis que la façade occidentale réunit des éléments de plusieurs époques, notamment une grande fenêtre du XVIe siècle et un portail du XIIIe siècle dissimulé sous un porche de la Renaissance. Le chevet se distingue par la superposition de deux rangées de fenêtres et par des contreforts ajourés munis d'une galerie de service ; il est couronné d'une double corniche de corbeaux. Le clocher, intégré au bas‑côté nord, conserve une tourelle d'escalier octogonale et des baies abat‑son traitées avec finesse, encadrées de colonnettes et d'archivoltes décorés.
Intérieurement, la nef est un bel exemple du gothique rayonnant : arcades en tiers‑point reposant sur piliers monocylindriques, faux triforium, oculi et faisceaux de colonnettes illustrent l'inspiration des grandes églises franciliennes. Les voûtes en liernes et tiercerons, élevées à la fin du XVe siècle, présentent des clés richement sculptées ; l'adaptation des supports du XIIIe siècle à ce revoûtement révèle une habileté technique malgré quelques supports laissés inemployés dans le chœur. Les bas‑côtés conservent des voûtes anciennes des XIIe‑XIIIe siècles, des profils variés d'ogives et des clés de voûte en forme de petites rosaces ; la dernière travée sud, traitée comme une chapelle indépendante, présente une voûte rayonnante à six branches et trois baies sous lunettes, et conserve une piscine liturgique. La chapelle nord, reconstruite au XVIIIe siècle et voûtée d'arêtes, abrite un retable classique et la statue de la Vierge à l'Enfant, en pierre calcaire, datée des environs de 1720 et classée monument historique.
Le mobilier compte plusieurs pièces protégées : de nombreuses dalles funéraires en liais de Senlis sont intégrées au dallage de la nef et du bas‑côté nord, deux d'entre elles, à trois effigies, sont classées depuis décembre 1908 ; la statue de la Vierge est classée depuis 1912 et la cloche Jeanne Thérèse, fondue par Gaudiveau en 1793, est classée depuis 1944. Les interventions successives et la restauration des boiseries ont mis au jour l'état de dégradation des supports et révélé des éléments anciens, notamment une sorte d'autel en pierre au milieu du chevet.