Origine et histoire de l'Église Saint-Étienne
L’église Saint-Étienne de Nevers est un édifice roman de la seconde moitié du XIe siècle situé dans la Nièvre. Le site accueille une communauté religieuse dès le début du VIIe siècle, fondée sous la règle de saint Colomban et dédiée à plusieurs saints, dont saint Étienne et la Vierge. Après des dégradations et une période d’oubli, des chanoines de Saint‑Sylvestre s’y installent brièvement en 1063 avant d’être remplacés par des moines bénédictins. Le prieuré, fondé par le comte Guillaume Ier de Nevers et placé sous l’autorité de Cluny, fait l’objet d’une reconstruction importante de 1063 à 1097, époque à laquelle l’abbé de Cluny Hugues de Semur lance des projets qui influencent l’architecture clunisienne. La charte de 1097 accorde au prieuré d’importantes donations et crée le bourg franc de Saint‑Étienne ; le comte abandonne ses droits aux Clunisiens, qui deviennent seigneurs du bourg jouissant de privilèges et d’un droit d’asile. Le bourg est ceint de remparts élevés par Pierre de Courtenay au XIIe siècle, et ces privilèges ne sont réunis à la ville de Nevers qu’en 1585. Un incendie détruit les bâtiments monastiques en 1420 ; ils sont partiellement reconstruits au XVIIIe siècle. Lors de la Révolution, l’église est désaffectée et transformée en grange, ses trois clochers romans et le narthex sont détruits en 1792 ; elle redevient église paroissiale en 1798 et est classée monument historique en 1840. Des campagnes de restauration ont lieu aux XIXe et XXe siècles, notamment de 1846 à 1851, de 1892 à 1902 pour la façade, en 1905 pour la voûte de la nef et en 1910 pour le croisillon nord et la chapelle rayonnante, tandis que des travaux municipaux démarrés en 1846 dégagent et assainissent l’édifice. Les fouilles de 1974 ont mis au jour la substruction de l’église antérieure avec une abside profonde, au moins une absidiole au nord, quelques sarcophages et une mosaïque représentant saint Colomban. Extérieurement, l’église présente un aspect massif en pierres de taille soigneusement équarries, agrémenté de corniches à modillons, de cordons de billettes et de petites arcatures aveugles. Le plan en croix latine conserve sa composition romane : une nef de six travées à trois niveaux avec tribunes, des collatéraux voûtés d’arêtes surmontés de tribunes, un transept saillant avec absidioles et un chœur en hémicycle entouré d’un déambulatoire ouvrant sur trois chapelles rayonnantes. L’élévation à trois niveaux — arcades, tribune, fenêtres hautes — et la présence de tribunes voûtées en demi‑berceau témoignent de l’influence clunisienne et de l’audace technique de la fin du XIe siècle ; le voûtement en berceau de la nef, soutenu par de puissants doubleaux, représente une réalisation remarquable. La nef, haute de 18 mètres sous la voûte, s’appuie sur de grandes arcades en plein cintre retombant sur des piliers carrés flanqués de colonnes engagées ; la plupart des chapiteaux sont nus, à l’exception de deux à palmes et à feuilles d’acanthe. Le transept demeure saillant, voûté en berceau et couvert à la croisée par une coupole octogonale sur trompes ; ses écrans intérieurs composés de cinq arcatures sur colonnettes sont singuliers en Bourgogne. Le chœur, d’élévation également tripartite, présente un triforium aveugle et cinq baies hautes ; le déambulatoire voûté d’arêtes et les chapelles rayonnantes conservent quelques chapiteaux décorés et plusieurs sarcophages mérovingiens. Parmi les éléments sculptés, les modillons du chevet offrent une riche diversité de motifs — rosaces, chevrons, animaux et figures fantastiques — tandis que le portail, en grande partie restauré, conserve colonnes, voussures et chapiteaux d’origine et témoignait autrefois d’un tympan et d’un linteau sculptés. La façade ouest actuelle diffère de la composition romane originelle : le narthex roman et les étages supérieurs des clochers ont été détruits en 1792, ne laissant que des souches massives ; néanmoins subsistent trois baies trilobées et le grand portail. La toiture est couverte de tuiles romaines et les murs sont en moyen appareil à joints fins. Le cloître conserve une galerie de quatre travées voûtées sur croisées d’ogives retombant sur des masques et des motifs végétaux, et les vestiges du cloître s’accrochent au bas‑côté sud de l’église. Parmi les objets d’art classés figurent une statue en marbre de saint Jean‑Baptiste et une statue polychrome de saint Fiacre, toutes deux datées du XVe siècle et classées monuments historiques. Les vestiges conventuels au sud de l’église rappellent l’incendie de 1420 et les reprises ultérieures. Enfin, les dimensions connues de l’édifice sont une longueur totale de 50,70 mètres, une longueur de transept de 33,45 mètres, une largeur de nef de 7,80 mètres et une largeur des collatéraux de 3,10 mètres.