Origine et histoire de l'Église Saint-Étienne
L'église des Dignitaires, ou Saint-Étienne, est une église catholique située à Saint-Étienne-de-Tinée, dans les Alpes-Maritimes. Une charte de 1066 mentionne le don du prieuré de « Sancti Stephani Tiniensi » à la cathédrale de Nice, et la seigneurie appartint à la famille de Thorame-Glandevès. Le chœur, vestige de l'ancienne église, est de style gothique du XIVe siècle et présente une voûte en étoile avec nervures, liernes, tiercerons et formerets engagés, dont Luc Thévenon souligne la rareté dans le Comté de Nice. Thévenon rapproche cette voûte de celle du porche de l'église Saint-Véran d'Utelle, datée du début du XVIe siècle. Le clocher, de style roman lombard, porte la date de 1492 et sa flèche octogonale a été refaite en 1669. En 1594, lors des troubles des guerres de religion, des troupes se réfugièrent dans l'église et le baron de Bueil y mit le feu, provoquant l'incendie du village ; seul le clocher résista et le culte dut être transféré dans les chapelles environnantes. Par un acte du 20 mai 1613, les maîtres d'œuvre Georges Emeric et Antoine Isoard s'engagèrent à reconstruire trois arcades effondrées, leurs piliers et à consolider les murs pour permettre la couverture de l'édifice. En 1783, l'évêque de Nice Valperga de Maglione, consterné par l'état de l'église, ordonna sa démolition et sa reconstruction, décision qui entraîna des tensions et nécessita le logement d'une troupe pour en assurer l'exécution. La communauté se conforma et, après le départ de la troupe le 6 juin 1784, l'architecte suisse Antoine Spinelli se rendit sur place le 29 juin 1784 ; son projet, contrôlé par Antonio Maria Lampo, fut approuvé et mis aux enchères le 24 septembre 1784. Les travaux furent confiés à l'entrepreneur Joseph Ballestre par un acte du 30 juin 1785 pour un montant de 16 490 lires et devaient s'achever en 1787, mais des matériaux de mauvaise qualité entraînèrent une interruption du chantier ; Ballestre abandonna le 1er mars 1788 et Spinelli dut reprendre les travaux. L'église fut consacrée le 4 décembre 1789 et le dernier paiement à Spinelli date de 1793. Le clocher a été classé au titre des monuments historiques le 14 janvier 1908, tandis que le reste de l'église, à l'exception de la partie classée, a été inscrit le 9 septembre 1935. La façade, de composition baroque, s'organise sur deux étages de pilastres à chapiteaux doriques au rez-de-chaussée et ioniques à l'étage, et se termine par un fronton triangulaire saillant encadré d'ailerons à volutes ; l'importance du fronton traduit une tendance néoclassique et fait de la façade une transition entre le baroque piémontais et le style néoclassique. Le plan est centré sur une vaste travée couverte par une calotte décorée d'une représentation de l'Assomption que Luc Thévenon attribue à Emmanuel Costa (1833-1921). L'édifice conserve une tour du XVe siècle de style roman lombard, un chœur gothique avec un maître-autel daté de 1669, une calotte au-dessus de la croisée du transept, ainsi que la nef et le bras nord du transept. L'église abrite un musée d'art religieux et plusieurs objets y sont recensés dans la base Palissy. Le maître-autel est en bois sculpté et doré à la feuille, de style baroque et daté de 1669 ; dans la première chapelle latérale, côté est, se trouve une toile de l'Annonciation datée de 1700 et attribuée au peintre niçois Jacques Bottéro. L'orgue, construit en 1829 par les facteurs toscans Josué, Joannes et Nicomède Agati, connut une longue période d'abandon et de dégradation avant d'être restauré en 1997 par Barthélemy Formentelli, qui l'a remis dans son état d'origine ; il est classé au titre d'objet depuis 1991.