Origine et histoire de l'Église Saint-Étienne
L'église Saint-Étienne de Saint-Mihiel, située dans le noyau ancien du Bourg en Meuse, est une église-halle liée à une fondation bénédictine attestée dès 961 et dont l'origine est parfois rapportée à la création d'une abbaye par le comte Wulfoad sur le site de Godonécourt en 709. Initialement placée sous le double vocable de Saint-Cyr et Sainte-Julitte, elle prend le nom de Saint-Étienne au XIIe siècle lorsque l'abbé de l'abbaye rapporte de Rome des reliques du martyr ; les accords de 1145, 1152 et 1194 la désignent déjà sous ce vocable. Au début du XIIIe siècle l'église est largement reconstruite : il en subsiste notamment quatre chapelles et la tribune centrale. Les sources signalent un agrandissement vers l'est au cours du XVIe siècle, daté selon les auteurs entre 1500 et 1543, avec des travaux attribués en partie au charpentier Jacques de He et une dédicace célébrée en 1545. En 1707 l'église devient collégiale et accueille onze chanoines ; en 1711 des autels encombrants sont supprimés et, en 1752, une nouvelle sacristie est édifiée par le charpentier Nicolas Richerd sur des plans de l'architecte Letixerant. La Révolution voit la confiscation des revenus de la paroisse, le refus du serment par le curé Gabriel Tocquot, la nomination de son vicaire François Forquignon comme curé et, en 1791, la division de la ville en deux paroisses, Saint-Étienne restant celle du Bourg. En 1793 l'église est interdite au culte et menacée de destruction, puis utilisée comme hôpital ; le culte est rétabli en 1802 mais des projets de démolition partielle aboutissent à une ordonnance royale en 1817 et à des travaux engagés dans les années 1820 qui entraînent la disparition d'une grande partie des structures du XIIe siècle et définissent l'aspect général actuel. Entre 1821 et 1825 la basse nef est démolie pour améliorer la circulation et la tour-clocher ainsi que la façade occidentale sont reconstruites sur des plans d'Augustin-Simon Viller par les entrepreneurs Sébastien Vivenot, Toussaint et Jean-Pierre Vierre ; les remplages de dix fenêtres sont remplacés de 1840 à 1842 par Joseph Notrel, puis la charpente est entièrement refaite en 1854 sur des plans de l'architecte Bazoche. La sacristie endommagée pendant la guerre 1914-1918 est reconstruite en 1927 et, pendant la même guerre, l'occupation allemande a affecté l'usage du lieu, qui fut attribué pour un temps au culte protestant. Une rénovation romane de 1076 est évoquée par certaines sources sans traces conservées ; l'essentiel des élévations visibles aujourd'hui date des campagnes du XVIe siècle et des interventions du XIXe siècle qui ont repris l'avant de l'édifice. L'église abrite un sépulcre remarquable de Ligier Richier, réalisé entre 1554 et 1564, installé dans le bas-côté droit par son fils et taillé dans une pierre de type Euville ; le commanditaire demeure inconnu. Cette mise au tombeau comprend treize personnages : au centre le Christ porté par Joseph d'Arimathie et Nicodème, à gauche Marie-Madeleine et Véronique tenant la couronne d'épines, et en arrière-plan Salomé, un ange portant la croix, Marie-Cléophas, la Vierge, saint Jean, deux soldats et un centurion. L'église Saint-Étienne et son sépulcre sont classés au titre des monuments historiques depuis le 27 août 1907.