Origine et histoire de l'Église Saint-Étienne
L’église Saint‑Étienne de Strasbourg se situe place Saint‑Étienne, dans l’enceinte du collège épiscopal du même nom, au cœur du centre historique, et elle est classée au titre des monuments historiques depuis 1862. Le site a d’abord accueilli un sanctuaire romain dédié à Mercure, réutilisé par les chrétiens dès le IVe siècle, puis une basilique y fut édifiée au Ve siècle dont la crypte conserve des vestiges. Au VIIe siècle, l’évêque Arbogast y fit construire la première cathédrale de la ville. L’abbaye de bénédictines Saint‑Étienne a été fondée par le duc Adalbert d’Alsace ; Sainte Attale, sa fille, en fut la première abbesse. Une charte de Lothaire de 845 mentionne une fondation en 722 mais Jean‑Jacques Hatt signale que cette charte paraît falsifiée, la situant près d’un bras de la Bruche. Selon la tradition rapportée dans la Strassburgische Cronica de Königshofen, l’église aurait été élevée sur les ruines du palais fortifié du comes romain, et une abside mérovingienne a été découverte sous les fondations de l’ancienne tour en 1956. L’église abbatiale fut reconstruite en 1220 dans un style romano‑gothique, et le monastère se transforma au XIe siècle en chapitre de chanoinesses séculières. En 1541 les chanoinesses se révoltèrent contre l’évêque et adoptèrent la Réforme protestante. Lors du siège de Strasbourg par les armées de Louis XIV en septembre 1681, la ville capitula le 30 septembre ; l’abbaye fut rendue au culte catholique en 1687, occupée d’abord par des Antonins puis, à partir de 1702, par des Visitandines qui ouvrirent en 1718 un pensionnat pour les jeunes filles de la noblesse. Les religieuses furent expulsées en 1792. Au XIXe siècle, l’église perdit son clocher en 1802, fut transformée en théâtre municipal en 1805 et accueillit un petit séminaire entre 1821 et 1874. Durant la Seconde Guerre mondiale, Adolf Hitler interdit tout culte à la cathédrale de Strasbourg et les paroissiens durent se rendre à la chapelle du collège Saint‑Étienne, où l’archiprêtre Eugène Fischer fut installé en 1942. Les bombardements alliés du 25 septembre 1944 détruisirent une grande partie de l’édifice : la toiture s’effondra en détruisant la chaire, l’autel, l’orgue, des tableaux, des statues et des bancs ; seuls le chœur et la nef restèrent debout. De l’édifice d’origine, il ne subsiste aujourd’hui que le large transept voûté avec sa triple abside ; en 1961 une nouvelle nef aux piliers élancés et à charpente apparente fut reconstruite et un mur en bossage assure la fonction de façade. En 2018 ont été célébrés les 1 300 ans de la fondation de l’abbaye Saint‑Étienne. L’église conserve le reliquaire de la main de sainte Attale, morte en 741, fille du duc d’Alsace Adalbert et nièce de sainte Odile. En 2016, l’ancien orgue du conservatoire de Strasbourg, construit en 1963 par Curt Schwenkedel et inutilisé depuis le déménagement du conservatoire en 1995, a été installé dans la nef.