Origine et histoire de l'Église Saint-Étienne-Saint-Vigor
L'église royale Saint-Vigor-Saint-Étienne de Marly-le-Roi, construite de 1688 à 1691 à la demande de Louis XIV par Jules Hardouin-Mansart, se situe au 17 bis rue de Saint-Cyr, dans les Yvelines. Elle a été offerte par le roi aux habitants de Marly-Chastel et Marly-Bourg après la fusion des deux paroisses en 1681. Louis XIV, qui avait acquis la baronnie de Marly-le-Chastel en 1676 et fait édifier une résidence royale dans les années 1679-1685, chargea Mansart de bâtir la nouvelle église sur l'emplacement d'un sanctuaire du XIe siècle. La première pierre fut posée le 24 avril 1688 par le contrôleur du château de Marly, Louis de Rusé, et l'édifice fut consacré le 1er avril 1689. En 1710, le maître-autel de l'ancienne chapelle du château de Versailles y fut installé. Pendant la Révolution, l'église fut vidée de ses meubles et des chasses de reliques en bronze furent fondues pour la fabrication de canons ; trois des quatre cloches d'origine furent fondues en 1794. La grosse cloche restante, pesant 3 500 livres, fut descendue en 1824 puis fondue pour donner naissance aux deux cloches actuelles, Antoinette et Éléonore. L'église et certains de ses éléments, comme les anges de Jean-Baptiste Jouvenet, ont été inscrits à l'Inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1977.
Seule église rurale conçue par Mansart, l'édifice mêle des éléments architecturaux traditionnels et modernes et s'inspire notamment de l'église Notre-Dame de Versailles. Sa façade, trapue et surmontée d'une croix à fleur de lys, est orientée vers le midi et se signale par un clocher haut de 42 mètres. L'oculus au‑dessus de la porte et le clocher latéral élancé témoignent d'un héritage gothique, tandis que l'ordonnancement des façades révèle le chaînage vertical inspiré de la place des Vosges. L'intérieur, d'abord sobre, a ensuite reçu des éléments venus de la chapelle de Versailles, dont un maître-autel en marbre orné de statues d'anges classées monuments historiques en 1905. Sous une marche du chœur reposent les entrailles d'Alexandre Bontemps, premier valet de chambre du roi et gouverneur de Marly et de Versailles. À droite de l'autel, la chapelle du Calvaire présente un Christ en croix installé sur le dossier du siège qu'occupait Louis XIV à l'église. Au‑dessus de la porte de la sacristie se trouve la cloche Ave Maria, datée de 1473, venue du prieuré Saint-Étienne et donnée à l'église à la fin du XIXe siècle par les propriétaires du Chenil ; elle porte la gravure d'un saint Michel terrassant un dragon. Le transept gauche abrite un autel dédié à saint Thibaut de Marly, flanqué de vitraux dont l'un, réalisé en 1903 par le maître-verrier Hirsch, montre le saint offrant à Louis IX et à Marguerite de Provence une corbeille de onze lys. La tribune d'orgue et la chaire sont en chêne sculpté. Le mobilier liturgique actuel — autel, ambon et siège de présidence en onyx et bois — a été réalisé par l'artiste Jean‑François Ferraton en 2018.