Origine et histoire de l'Église Saint-Eugène-Sainte-Cécile
L'église Saint-Eugène‑Sainte‑Cécile, paroisse catholique du 9e arrondissement de Paris située au 6, rue Sainte‑Cécile, est classée monument historique depuis le 21 mars 1983 et accueille la messe quotidiennement dans les deux formes du rite romain. Construite entre 1854 et 1856 en vingt mois sur l'emplacement de l'hôtel des Menus‑Plaisirs, elle a été réalisée par Louis‑Auguste Boileau et Adrien‑Louis Lusson à la demande de Napoléon III en souvenir d'Eugène de Beauharnais. Le terrain et une partie du financement provenaient de l'abbé Coquant, curé de la paroisse et maître d'ouvrage, dont les idées ont influencé les architectes. L'édifice se distingue par une ossature métallique auto‑porteuse, transposition en fer du système gothique, qui confère à l'intérieur légèreté et luminosité. La façade, pastiche de l'architecture du XIIIe siècle, dissimule cette structure métallique, première de ce type à Paris, qui rend inutiles les arcs‑boutants et réduit le rôle porteur des murs. Eugène Viollet‑le‑Duc, malgré ses théories constructives rationalistes, s'est opposé à Boileau et a qualifié l'ouvrage de « mensonge architectural ». L'usage d'une ossature en métal associée à une enveloppe de maçonnerie s'inscrit dans une pratique déjà expérimentée par Henri Labrouste à la bibliothèque Sainte‑Geneviève. L'église occupe environ 1 300 mètres carrés; sa longueur hors œuvre est de 50 mètres, sa largeur de 27 mètres et sa hauteur de 25 mètres, la grande nef culminant à 23 mètres. Les colonnes, arcs et galeries des tribunes sont en fonte, les nervures des voûtes en fer forgé et les remplissages en maçonnerie à doubles parois laissant une couche d'air isolante. L'absence de transept confie aux chapelles latérales la fonction de contrebutement des voûtes d'ogive, et les colonnettes élancées, inspirées du réfectoire de Saint‑Martin‑des‑Champs, tirent parti de la finesse de la fonte. Les murs, colonnes et voûtes sont entièrement polychromes; le décor intérieur a été restauré au début des années 1980. L'éclairage provient de 48 verrières réalisées notamment par Laurent et Gaspard Gsell, Antoine Lusson, Eugène Oudinot et Pierre Petit‑Gérard, comprenant une rosace de façade et un vitrail central de l'abside représentant la Transfiguration. Le grand orgue de tribune, conçu par Joseph Merklin et Friedrich Schütze pour l'Exposition universelle de 1855, possède un buffet en chêne sculpté de douze mètres de hauteur et a été restauré en 1995 et 2005 par Olaf Dalsbaek; l'orgue du chœur se trouve également sur la tribune. Le mobilier comprend une chaire aux lignes élégantes, des stalles et confessionnaux en bois sculpté, quatre escaliers d'accès aux tribunes, un banc d'œuvre, un baptistère et une statue de Jeanne d'Arc. Initialement dédiée à saint Eugène, compagnon de saint Denis, évangélisateur de l'Espagne et martyr près de Paris, l'église a reçu en 1952, à la demande du chanoine Bony, un second vocable en l'honneur de sainte Cécile, patronne des musiciens, en raison de la proximité du conservatoire. La paroisse est biritualiste: la messe est célébrée selon le rite romain de Paul VI et selon la forme de 1962; la messe traditionnelle est réapparue le 17 novembre 1985, des messes latines grégoriennes existant déjà depuis 1980. La Schola Sainte Cécile anime les messes tridentines dominicales et participe notamment à une messe solennelle de requiem tridentin célébrée chaque 21 janvier en mémoire de Louis XVI. Pendant la pandémie de Covid‑19, une messe de Pâques du 3 avril 2021, célébrée sans respect des règles sanitaires, a provoqué une enquête judiciaire et une prise de distance de l'archidiocèse; la non‑reconduction du curé Guelfucci à l'issue de son mandat a été interprétée comme liée à la polémique, et les deux prêtres impliqués, condamnés en première instance pour réunion interdite, ont finalement été relaxés en appel.