Origine et histoire de l'Église Saint-Exupère
L'église Saint-Exupère se situe au centre du bourg de Gahard, rue Jean Morin à l'angle de la rue de la Chapelle, dans le nord-est d'Ille-et-Vilaine. Elle conserve des éléments romans ainsi que des aménagements des XVe et XVIe siècles et est inscrite au titre des monuments historiques en 1968. L'édifice est dédié à saint Exupère, évêque de Toulouse, et s'inscrit dans une ancienne fondation monastique. Selon les archives, un monastère primitif existerait dès le Ve siècle, détruit par les Vikings au IXe siècle, puis intégré au début du XIe siècle au domaine d'un laïc, Guiddenoch, qui le remit à l'abbaye de Marmoutier pour créer un prieuré bénédictin. Cet acte a fixé la paroisse et fait naître une agglomération autour du sanctuaire ; Gahard relevait directement du pape (nullus diocesis). Vers la fin du XIVe siècle, le prieuré fut ravagé après que les moines eurent pris parti contre le duc de Bretagne ; les collatéraux nord et sud furent reconstruits en 1405, date portée sur la porte septentrionale. La porte nord porte l'inscription "Lan mil quatre cens cinq" et son arc de décharge est surmonté d'une tête d'évêque, probablement saint Exupère. La croisée du transept semble relever de la même campagne de travaux ; un porche gothique est accolé à la façade au XVe siècle et le chœur à chevet plat date du XVIe siècle. L'édifice a connu des remaniements jusqu'au XVIIIe siècle ; pendant la Révolution l'église devint paroissiale et l'ancien prieuré fut vendu comme bien national à Mathurin Perrussel, seules les parties réservées au tribunal et à la prison étant conservées aujourd'hui. En 1793 les bâtiments furent provisoirement fortifiés par des ouvrages en terre, et des travaux de restauration sont entrepris au XIXe siècle par l'architecte Béziers-Lafosse. L'église présente un plan en croix latine à chevet plat et un clocheton octogonal en charpente à la croisée. La nef romane, composée de quatre travées et de trois vaisseaux couverts en charpente, s'ouvre sur les bas-côtés par des arcs de plein cintre à simple rouleau qui retombent sur des piles rectangulaires sans impost ; la travée proche du mur ouest est percée d'arcs de plus petit diamètre. La nef, autrefois éclairée par une rangée de fenêtres hautes, est aujourd'hui aveugle car ces baies ont été masquées lors du rehaussement des bas-côtés au XVe siècle, et la peinture moderne empêche d'analyser l'appareillage ancien. L'arc diaphragme de plein cintre donne accès à la croisée voûtée du XVe siècle. Le chœur, aveugle et directement accolé à l'ancien logis prieural, est doté d'un baldaquin en marbre à six colonnes ioniques inscrit aux Monuments historiques ; parmi les autres mobiliers protégés figurent une chaire à prêcher de 1754, une statue de sainte Barbe et un Christ en croix du XVIIe siècle. L'église Saint-Exupère reste l'une des églises rurales du département qui mérite une attention particulière.
