Origine et histoire de l'Église Saint-Felix
L'église Saint-Félix de Portiragnes (Hérault, Occitanie) est un édifice gothique en basalte classé aux monuments historiques le 3 juin 1932. Ses origines restent incertaines : l'édifice est mentionné en 1305 comme prieuré dépendant du chapitre cathédral Saint-Nazaire de Béziers, et des documents de 1323 la citent sous d'autres appellations. En 1305, l'évêque Bérenger III attribua le prieuré aux chanoinesses de l'abbaye du Saint-Esprit. L'interprétation des éléments architecturaux varie : certains signes évoquent un style de transition de la fin du XIIe siècle, tandis que d'autres indices plaident pour une construction ou une reconstruction au milieu du XIVe siècle. La visite pastorale de 1690 indique que l'église comprenait alors deux chapelles, dont l'une dédiée à saint Antoine, et des réparations du pavé et du portail occidental sont signalées en 1750. Après le classement, le plâtre des murs intérieurs fut retiré en 1934, entraînant la disparition d'ornements et de mobilier tels qu'une dizaine de statues, les stations du chemin de croix, la chaire et un grand lustre. La flèche du clocher a été refaite en 1934 ; la charpente et la couverture de la nef ont été entièrement reprises en 1974 et la couverture du chœur refaite en 1982. L'édifice, construit en basalte avec des éléments en calcaire, présente une architecture gothique sobre rappelant d'autres églises locales. Le clocher, accolé au nord, a un plan carré percé de baies campanaires ogivales et de trous de boulin, et il est muni de gargouilles aux angles ; il porte deux pierres gravées du millésime 1723 attestant une campagne de réparation et est surmonté d'une flèche dont l'aspect a été documenté différemment selon les sources. La face nord présente un portail postérieur à l'édifice, orné d'un pinacle surmonté d'une croix et d'un œil-de-bœuf trilobé au-dessus d'une porte ogivale entre colonnettes, et une grande croix en basalte datée 1698 se dresse à proximité. La façade occidentale, en basalte gris-brun et calcaire, est percée d'un petit portail ogival encadré par de puissants contreforts et surmonté d'une baie cintrée. Le portail occidental présente un encadrement mouluré en calcaire blanc fin, des impostes sculptées de têtes humaines, des chapiteaux feuillagés et un animal fantastique très érodés ; des croix pattées sont gravées sur les contreforts et des documents anciens montrent que ce portail a parfois été muré. À l'intérieur, la nef dévoile une charpente apparente portée par des arcs de maçonnerie ; la réception des voûtes s'appuie sur des culots sculptés de têtes humaines dont le rendu est affecté par la nature du basalte. Le transept est nettement marqué et forme deux chapelles, tandis que le chœur, composé d'une travée droite et d'une abside à sept pans, est éclairé par de hautes fenêtres géminées et voûté d'ogives. La clé de voûte de l'abside représente l'Agnus Dei et a été sculptée dans un calcaire blanc plus adapté à la taille que le basalte. Le retrait du plâtre et des ornements a donné à l'église un aspect épuré et austère, laissant apparaître la pierre nue.