Origine et histoire de l'Église Saint-Genès
L'église Saint-Genès, anciennement prieurale Saint-Étienne, est située à Châteaumeillant (Cher) et classée au titre des monuments historiques en 1862. Elle est attestée en 1115 comme dépendance de l'abbaye de Déols sous le vocable de Saint-Étienne. Implantée dans la partie orientale de la ville, elle borde l'ancienne route de Montluçon à La Châtre (D943E, rue Saint-Genest) au nord et se trouve en retrait du centre bâti établi sur la butte du château ; autrefois elle se dressait dans le faubourg Saint-Genès et l'on y accédait depuis la ville close par la porte Saint-Sylvain. Le chœur et le transept datent du quatrième quart du XIe siècle, tandis que la nef, la façade occidentale et le mur ouest du transept appartiennent à la première moitié du XIIe siècle. Le clocher primitif, placé à la croisée du transept, s'est écroulé au quatrième quart du XIIe siècle ; la croisée fut reconstruite entre 1195 et 1210. Le bras sud du transept a été reconstruit à la fin du XIIIe siècle ou au début du XIVe siècle, avec déplacement du portail sud dans le mur du bas-côté méridional. Le plan de l'édifice s'inscrit dans le modèle bénédictin inspiré des grands ensembles clunisiens (Cluny II et Cluny III), avec une nef de cinq travées flanquée de collatéraux, un transept saillant, un chœur semi-circulaire et six absidioles en retrait. Eugène Lefèvre-Pontalis a rapproché ce plan d'exemples comme l'abbaye de Saint-Sever, la priorale de La Charité-sur-Loire, l'abbaye Sainte-Marie d'York et la cathédrale de St Albans. La construction présente une grande homogénéité ; les colonnes de l'abside et des absidioles portent des chapiteaux sculptés de motifs variés (feuillages, animaux fantastiques, masques, personnages). L'édifice fut endommagé par un incendie en 1152 lors des combats entre Louis VII et Ebbes (ou Abbo II) de Déols, incident qui peut avoir provoqué l'effondrement du clocher et la ruine d'une partie du bras sud du transept, remplacée alors par des voûtes d'ogives. La cinquième travée, voisine de la croisée, montre des modifications de l'élévation et des chapiteaux datés du début du XIIIe siècle ; l'abandon du berceau de pierre au profit d'un berceau en charpente et le rehaussement des ouvertures sont attribués à ces campagnes. Les bas-côtés avaient été voûtés en pierre par des berceaux en quart de cercle pour reprendre la poussée des voûtes de la nef, solution inspirée de l'Auvergne ; François Deshoulières a toutefois noté que l'appui de ces voûtes sur le mur central était trop bas pour soutenir efficacement la poussée. En 1569, un incendie causé par les Huguenots endommage de nouveau l'église, entraînant de nombreuses restaurations ultérieures. Au XVIIe siècle, l'édifice adopte le vocable de Saint-Genès, dont le martyre est évoqué localement. Pendant la Révolution, en 1793, le clocher est détruit et les cloches sont fondues pour fabriquer des canons ; l'église est transformée en temple de la Raison, puis retrouve son usage cultuel et reçoit un beffroi en bois attesté par un dessin de 1802, la nouvelle cloche étant bénite en 1805. Des campagnes de restauration se succèdent au XIXe siècle : entre 1843 et 1845 l'architecte Hazé répare toitures, rouvre baies bouchées et restaure des sculptures ; en 1857 le clocher est reconstruit sur la façade occidentale et le pignon est abattu pour sa réalisation. L'édifice est classé en 1862 ; des vitraux sont posés en 1866, une seconde cloche est installée en 1874 puis deux autres sont bénites en 1887. De 1885 à 1895, sous la direction de l'architecte Darcy, la façade ouest, le bas-côté sud et le soubassement sont remis en état et les absidioles reconstruites à l'initiative du curé ; en 1892 sont refaits les toitures des bas-côtés, la voûte de la nef et la sacristie. Lors des restaurations de 1889, la voûte de la croisée du transept a été détruite. Les interventions récentes comprennent l'installation d'un autel en laiton repoussé par Pierre Sabbatier en 1989, la refonte en chêne de la voûte de la nef, la pose de vitraux de Jean Mauret en 1993 et la réfection des marches d'entrée en 2002. L'église est bâtie en grès rose de Saulzais-le-Potier ; sa longueur intérieure est de 52 m, la largeur moyenne de la nef et des bas-côtés est de 13,50 m, la nef mesure 5,50 m de large et la hauteur à la clé des grandes arcades est de 8,20 m. Le transept a une longueur intérieure de 28 m et l'arc d'entrée du chœur atteint 9,30 m de hauteur. Parmi les éléments remarquables figurent le portail sud de la nef, le vaisseau central, l'élévation de la nef et du bas-côté méridional, l'arcature entre le chœur et une absidiole méridionale ainsi que les chapiteaux sculptés.