Origine et histoire
L'église Saint-Georges de Limans, bourg situé à 10 km au nord-est de Forcalquier, est attestée en 1155 lorsque ses revenus sont attribués aux chanoines de la concathédrale Saint-Mari de Forcalquier. Du XIIe au XIIIe siècle, deux églises sont mentionnées à Limans, Saint-Pierre et Saint-Georges, chacune étant associée dans les textes à un site distinct : un château inférieur et un château supérieur, dont dépendait Saint-Georges. Ce jumelage d'églises et de châteaux fait l'objet d'interprétations variées : il peut résulter d'un maillage ecclésiastique préexistant, d'une coseigneurie, ou d'une bipolarité interne à un même château distinguant un espace seigneurial « superiore » (éventuellement avec une chapelle castrale) et un espace « inferiore » composé d'un habitat et d'une église paroissiale relevant d'une institution indépendante. Cette dernière hypothèse correspondrait à la topographie actuelle du village et expliquerait la situation excentrée de l'église paroissiale. À la fin du XIIIe siècle, l'église Saint-Pierre est détachée et Saint-Georges devient la seule titulaire de la paroisse ; elle bénéficie d'un vicaire et sa prébende demeure au profit du chapitre de la concathédrale de Forcalquier jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. L'édifice actuel révèle plusieurs phases de construction : la présence d'un portail en plein cintre sur la façade nord, d'une petite baie cintrée dans la façade occidentale et d'une voûte en berceau sur la nef renvoie à une construction de la fin du XIIe ou du début du XIIIe siècle. Une seconde campagne, marquée par un vocabulaire décoratif de gothique tardif — colonnes engagées profilées avec listel, ogives en amande, bases prismatiques et corbeilles de chapiteaux s'affinant — a concerné l'agrandissement de la nef ainsi que la construction du chevet et de la chapelle sud. La chapelle nord a été ouverte en 1735 et le portail ouest reconstruit en 1888. L'église conserve également des éléments d'un chancel, et peut‑être d'un ambon, du Haut Moyen Âge appartenant au même ensemble mais dont la provenance n'est pas établie ; découverts en 1955, ces éléments ont été partiellement classés comme objets mobiliers en 1956 et 1957 et ont été réutilisés comme table d'autel, antependium et tympan. Mis en réemploi, ces éléments liturgiques constituent aujourd'hui l'un des témoignages les plus anciens des débuts du christianisme en Haute-Provence.