Origine et histoire de l'Église Saint-Georges
L'église de Quarré-les-Tombes se dresse au centre de la grande place du village, dans le département de l'Yonne. Autrefois on accédait à l'édifice en traversant le cimetière ; en 1871 le maire Blaise Guyard fit dégager les tombes pour agrandir la place destinée aux foires et marchés, ce dont le curé obtint l'arrêt des travaux auprès de l'autorité supérieure, avant une reprise ultérieure. La partie la plus ancienne est le chœur, reconstruit au XVIe siècle par les moines de l'abbaye de Moutiers-Saint-Jean pour remplacer une chapelle en bois dédiée à saint Georges, lequel, selon la légende, aurait sauvé Quarré-les-Tombes des Sarrasins. En 1782 le curé Blaise Bégon fit élever la nef, le transept, le dôme et le clocher ; ce dernier fut exhaussé de quatre mètres en 1832 pour remplacer une flèche qui se trouvait entre le chœur et la nef, laquelle fut plafonnée à la même époque. Le surhaussement du clocher a été financé par la vente des bois d'un hameau pour la somme de trois mille francs. On accède au clocher par la tourelle sud. Plusieurs campagnes de restauration se sont succédé, dont une importante en 1846 qui a percé de grandes fenêtres cintrées à vitres carrées. En 1848 le curé Vaast Henry ouvrit deux chapelles de style gothique dans le chœur ; la chapelle nord coûta 3 500 francs et la chapelle sud, achevée en 1849, 2 500 francs. La tourelle nord date de 1850 ; elle a été entièrement restaurée en 2011 et abrite à sa base les fonts baptismaux dont la cuve est en pierre. Plusieurs paroissiens contribuèrent financièrement aux travaux, notamment Robert de Chevannes et son épouse Élisabeth de Morot (1 500 francs), Nicolas Guyard (1 000 francs), le comte de Chastellux (300 francs) et le curé pour la sépulture de ses parents (800 francs), le solde étant porté au compte de la fabrique. Le portail, daté de 1851, présente une grande porte surmontée d'une fenêtre semi-circulaire servant de tympan, un cintre reposant sur des jambages renforcés par deux colonnettes monolithiques et un cordon à corbeaux séparant le rez-de-chaussée du premier étage. Au premier étage, une fenêtre cintrée remplace la porte et est flanquée de niches contenant les statues de saint Marc et saint Luc, tandis que saint Matthieu et saint Jean sont sculptés sur les pilastres du portail, au pied d'un pignon triangulaire couronnant la façade. Le tympan, taillé en pierre tendre de Coutarnoux, est sculpté en relief et représente la Sainte-Trinité entourée d'anges ; au même niveau le portail comporte une tribune qui diffuse la lumière dans la nef. L'édifice a été inscrit au titre des monuments historiques en 1931. La particularité de l'église tient aussi à son entour, où se trouvent 112 sarcophages mérovingiens — 46 cuves et 66 couvercles — dont deux sarcophages et un couvercle ont été déposés à l'intérieur à la demande des Monuments historiques. La provenance de ces sarcophages reste obscure ; leur pierre provient d'une carrière située à plus de 25 km de Quarré, Mailly-le-Château ou Saint-Moré selon les archéologues Stéphane Büttner et Fabrice Henrion, qui ont étudié le site en 2009. Le mobilier recèle un autel en marbre gris de belles dimensions, placé d'abord sous le dôme puis déplacé en 1859 entre les piliers du dôme ; il comporte des pilastres en marbre blanc, des consoles sculptées et dorées, un médaillon sur la face antérieure et un tabernacle en marbre rouge, pour un coût de deux mille francs ; le grand autel en bois a été transféré dans la chapelle dite de Sainte-Anne. Le retable, daté du XVIIe siècle, est en bois peint d'angelots, de fleurs et d'un pélican symbolique. Au centre du retable se trouve un tableau du XVIe siècle représentant l'exposition du Saint-Sacrement sur une estrade, avec des scènes bibliques et le donateur Olivier de Chastellux à genoux ; ce tableau était destiné à l'évêque d'Autun et on ignore si l'œuvre présente est l'original ou la copie réalisée pour l'évêque. À gauche du retable une statue polychrome en pierre du XVIe siècle représente saint Georges terrassant le dragon ; la Vierge et sainte Catherine sont également représentées, cette dernière dans la chapelle de la Vierge. Un monument funéraire en marbre rappelle la mémoire du curé Blaise Bégon dans le collatéral droit. Les peintures du dôme ont été réalisées par un peintre italien en 1841, pour une somme de huit cents francs payée par le curé. Plusieurs tableaux d'origine espagnole exposés dans les bras du transept proviennent d'achats faits aux héritiers d'un maréchal d'empire, qui les avait dérobés pendant la guerre. La chaire en bois, datant de l'époque de Louis XIV, provient d'une église de Saint-Jean-d'Angély ; on rapporte que Fénelon y aurait prêché et que le père Jean-Baptiste Muard y fit l'une de ses dernières prédications. Dans la chapelle gothique a été placé en 1864 un autel en marbre d'ordre corinthien, dédié à la Vierge et réalisé par un artiste de Dijon ; il présente un retable avec une Vierge en marbre blanc de 155 cm entourée d'anges, un devant en marbre vert avec un bas-relief de l'Immaculée-Conception, et son coût fut de 2 000 francs tandis que la statue de la Vierge coûta 1 000 francs. La sépulture d'Olivier de Chastellux, ornée de son buste, se trouve dans l'église. La liste des curés est documentée, de Blaise Bégon (1761–1790) à Jean-Paul Descolas (depuis septembre 2014).